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Bilan économique post-putsch

Le Conseil des ministres en sa séance du 28 septembre dernier a présenté un rapport relatif aux impacts socio-économiques et financiers de la tentative de coup d’Etat du 16 septembre 2015. Sur l’aspect économique, il est ressorti que la grève générale des travailleurs ayant entrainé la paralysie de l’ensemble des activités pendant une dizaine de jours a eu un impact considérable.

Le rapport fait état d’un ralentissement de la production dont les conséquences directes sont de -0,3% de croissance sur les finances publiques. Les pertes de recouvrement des impôts durant la période sont estimées à environ 11 milliards de F CFA. Du côté des recettes douanières, les pertes se chiffrent à près de 9,713 milliards.
Le Trésor public, quant à lui, a évalué ses pertes à plus de 30,8 milliards. L’estimation totale des pertes est de plus de 50 milliards. Ce rapport, de l’avis de certains économistes, n’a pas été élargi à d’autres aspects tels que les dégâts causés sur le bitume, les pertes en munitions, le déploiement de l’armée et bien d’autres aspects.
Au-delà des pertes recensées par le gouvernement, l’Institut Free Afrik a également produit un rapport sur les impacts économiques post-putsch. Selon Docteur Ra-Sablga Ouédraogo, coordonnateur de l’Institut, le coup d’Etat a eu des répercussions négatives sur l’économie du Burkina Faso, «le pays a connu un choc adverse (un facteur en économie qui affecte la société et l’économie) qui a entrainé des pertes en vies humaines, l’arrêt du travail, le blocage des activités. Les coups sur l’économie et le mauvais message que ce coup de force renvoie à la communauté internationale sont un déterminant négatif de la croissance».
Selon Free Afrik, l’évaluation des pertes économiques peut se faire à plusieurs niveaux. En ce qui concerne le secteur du transport, aérien et terrestre, ce domaine a été très affecté durant la crise. Le Burkina Faso étant un pays enclavé, il dépend en majorité des importations. Le coup d’Etat a occasionné la perturbation du circuit d’approvisionnement en énergie, matières premières et la consommation, ce qui a créé un impact sur les sociétés. L’impact à ce niveau sera asymétrique selon le rapport.
«Les entreprises les plus faibles vont payer le plus lourd tribut. Les gros importateurs sont généralement accompagnés par les banques ou des partenaires stratégiques. Pour les petits transporteurs, importateurs ou sociétés, la résilience sera beaucoup plus faible. Ces acteurs auront plus de mal à se remettre de la crise», affirmait Ra-Sablga Ouédraogo. En ce qui concerne la dette intérieure, elle risque de grossir avec les retards d’exécution des marchés, la perturbation des finances publiques et l’approvisionnement. A la date du 31 décembre 2014, la dette intérieure était de 523,09 milliards selon les données du Trésor public.
Cette dette intérieure est un problème que le gouvernement devra s’atteler à résoudre, car les entreprises auront besoin de liquidité pour se relancer. Les banques et les institutions financières accuseront un contrecoup sur l’ensemble des secteurs affectés. L’effet sera à double niveau dans ce domaine : une baisse des dépôts et le retard dans les remboursements des emprunts.
Le coup d’Etat a créé une situation de fuite vers la liquidité, toute chose qui est mauvaise pour les banques car pouvant conduire à un étranglement du crédit. Cette crise politique est un mauvais message pour les partenaires économiques et les partenaires d’affaires. Elle contribue à entacher la confiance placée en ce pays.
Cependant, la ferveur avec laquelle la communauté internationale a soutenu les autorités de la transition en condamnant le putsch rassure quant à la bonne marche de la coopération. Sur le plan de la coopération, tout ce qui est décaissement est actuellement au ralenti. Tous les plans d’investissements qui ne sont pas urgents sont mis aux arrêts. Cet attentisme pourrait être renforcé à court terme, mais pourrait être bénéfique à long terme. Toutefois, les acteurs économiques du pays doivent être mis en confiance selon le rapport afin que leurs images soient redorées à l’extérieur.o

Germaine BIRBA


Des pistes de solutions

Le coup d’Etat perpétré le 16 septembre dernier a laissé de nombreuses séquelles sur le plan économique. Toutefois, cette situation n’a pas mis à mal les relations avec les partenaires techniques et financiers qui ont été solidaires avec les autorités de la transition.
Pour éviter de telles situations à l’ avenir, qui pourraient mettre à mal l’économie et l’image du pays, l’institut Free Afrik propose des pistes de solution que sont: le renforcement de la sécurité, l’établissement d’une cellule de communication pour distiller les bonnes et vraies informations, car selon Ra-Sablga Ouédraogo, «l’économie, pour fonctionner, a besoin de bonnes informations». Le gouvernement se doit également de redresser et créer les conditions de confiance à l’intérieur comme à l’extérieur et créer les conditions de paix et de sécurité.
A l’image de nombreux pays africains qui ont connu de grandes crises politiques, le Burkina Faso pourrait comme le Rwanda et l’Ethiopie profiter de cette crise pour rebondir, comme l’expliquait Ra-Sablga Ouédraogo. Selon lui, «nous pouvons utiliser l’élan formidable qui a été créé contre le putsch pour construire le pays. Pour ce faire, nous avons besoin d’un homme d’Etat fort et d’une bonne réforme».

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