Des 5 sous-commissions que comporte la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), celle de «vérité-justice et réconciliation» est la principale. Elle a sillonné les 13 régions du Burkina pour échanger avec les populations qui n’ont pas manqué de crier leur ras-le-bol face à toutes ces situations d’injustices, de corruption, de brimades enregistrées au pays des Hommes intègres.
Assaillie par les victimes, la sous-commission a dû repousser à plusieurs reprises ses délais de réception des différentes fiches à déposer à la CRNR. Et le Conseil des ministres, conscient de cela, vient de prolonger, en sa séance du 3 septembre dernier, les délais du dépôt du rapport de cette Commission.
Des témoignages et des confidences reçues, on apprend que des larmes ont coulé, tant les situations décrites relevaient souvent de l’incompréhensible. On comprend alors pourquoi la présidente de ladite sous-commission, Lucienne Ariane Zoma, déclarait à la presse le 12 août dernier à Bobo-Dioulasso que «nous avons découvert un niveau de barbarie inimaginable. On ne pouvait pas imaginer que des Burkinabè aient accepté de faire ça à d’autres Burkinabè». Une déclaration qui montre toute l’ampleur de la mission assignée à la CRNR.
En effet, il nous revient que 201 crimes de sang ont été enregistrés de 1960 à septembre 2015.
Il faut donc apporter des solutions à ces nombreux appels, à ces cris du cœur, à ces cris de détresse de ces milliers de Burkinabè qui se sont ouverts à cette sous-commission. On avance le chiffre de 5.050 dossiers enregistrés, comme pour montrer l’ampleur de la détresse. Des recommandations sont en train d’être peaufinées pour être soumises à l’appréciation des autorités qui sont chargées de leur mise en œuvre.
Pour une vraie paix durable et une réconciliation nationale, la sous-commission propose des réformes aux plans politique, judiciaire, éducatif, sécuritaire, économique, social et culturel. Tout ceci passe, pense-t-elle, par l’amélioration du système éducatif qui devra être en adéquation avec une réelle politique de l’emploi, tout en mettant un accent particulier sur la formation à l’auto-emploi, la création ou la relance des usines afin de résorber le chômage.
Sur le plan de la justice par exemple, il est préconisé «d’allouer un budget conséquent au ministère de la justice» afin qu’il mette en œuvre les diverses mesures pour rapprocher la justice du justiciable.
Il faudrait aussi penser à récompenser, estime-t-elle, l’intégrité, la compétence et le dévouement au travail. Pour ce qui est des crimes et les délits non prescrits, la sous-commission estime qu’il faut urgemment élucider (par des enquêtes) les causes et les circonstances des crimes et autres atteintes à l’intégrité physique et aux biens, identifier les auteurs et situer les responsabilités.
Le cas des victimes de l’insurrection n’a pas été oublié par la sous-commission. Comme recommandation, elle propose la prise en charge immédiate et totale des soins des blessés de l’insurrection. A cela s’ajoute l’indemnisation des victimes de l’insurrection ou leurs ayants -droit pour ceux qui sont morts.
Aussi elle suggère d’indemniser au cas par cas les victimes de pillages, de vols, d’incendies résultant de l’insurrection ou inspirés par un mobile politique.
La situation des militaires et policiers radiés a retenu l’attention de la sous-commission.
A ce sujet, elle propose la création d’une commission ad hoc comprenant la hiérarchie militaire ou de la police, des sages et les agents concernés, pour examiner au cas par cas les dossiers parvenus à la sous-commission, en vue de trouver des solutions idoines. Pour ce qui est des radiés lors de la mutinerie de 2011, on apprend que la sous-commission a soumis à l’appréciation de la grande plénière des propositions tendant à faciliter la réinsertion socio-professionnelle de ces derniers selon leur profil.
Pour ceux qui ont été radiés suite à une procédure disciplinaire, la réhabilitation de ceux qui sont injustement sanctionnés est préconisée, tout comme la reconstitution des carrières brisées injustement. Les recommandations sont nombreuses et urgentes. C’est pourquoi la sous-commission aurait proposé la création d’un Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN), en vue d’assurer la mise en œuvre effective des différentes recommandations.
JB
Situation des crimes économiques
Sur les 5.050 dossiers reçus par la sous-commission «vérité-justice et réconciliation », 972 dossiers relèvent des crimes économiques et des atteintes aux biens publics et privés. De 1960 à septembre 2015, il y a au total 1.247 crimes économiques qui ont été enregistrés. A l’occasion de ses travaux, la sous–commission a également identifié certaines sociétés et banques privatisées. Ce sont : Sitarail, Sn-Citec, CNEA, Faso Fani, CRPA, Lonab, Sap Oplympic, Onatel, Onea, Volbriceram BND, BFCI, CAI/Ureba, CNCA, ONTB. La sous –commission demande à l’administration de purger ces dossiers avant fin 2016 pour ceux qui sont détenteurs d’une décision de justice devenue définitive. Ainsi, elle demande d’enjoindre aux syndics liquidateurs de s’exécuter avant fin 2016 sous peine de poursuites judiciaires.
Candidats à la présidentielle: l’examen des recours ce matin
Les recours contre les candidats sont examinés à partir de ce matin. Deux ont été officiellement annoncés: celui de Ablassé Ouédraogo contre Roch Marc Christian Kaboré et celui de Me Sankara contre les anciens ministres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Des 22 prétendants au départ au palais de Kosyam, il n’en reste plus que 16. Après un premier tri du Conseil constitutionnel, six candidats ont été recalés pour des raisons diverses.
Il s’agit de Ghislain Ki (absence de casier judiciaire et non-paiement de la caution de 25 millions de FCFA), Harouna Dicko, Koritimi Maria Goretti Zon, et de Roland Tondé (non-paiement de la caution). Les deux autres recalés l’ont été pour la raison qu’ils ont déjà été déclarés inéligibles aux législatives, donc décision applicable à la présidentielle. Il s’agit du président de l’ADF/RDA, Me Gilbert Noël Ouédraogo, et le président du CDP, ex-parti au pouvoir, Eddie Komboïgo. Le Conseil constitutionnel devrait (si ce n’est déjà fait) leur restituer à chacun ses 25 millions. Ceux qui ont pu passer la première étape ont pour noms Ram Ouédraogo, Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, Victorien Tougouma, Tahirou Barry, Roch Marc Christian Kaboré, Jean-Baptiste Natama (candidat indépendant), Saran Sérémé/Séré, Françoise Toé (candidate indépendante), Yacouba Ouédraogo, Issaka Zampaligré (candidat indépendant), Djibrill Yipéné Bassolé (candidat indépendant), Adama Kanazoé, Bénéwendé Stanislas Sankara, Boukaré Ouédraogo (candidat indépendant) et Salvador Yaméogo (RDF).
Comme on peut le constater, sur cette liste provisoire figurent 4 candidats indépendants et deux dames. Combien seront-ils finalement sur la ligne de départ ? Difficile d’ y répondre pour l’heure car les candidats avaient jusqu’à hier, 6 septembre à 24h, pour déposer les éventuels recours.