Le malaise consécutif à la suspension des activités sur la mine de Tambao continue de s’étendre. Un mois après la manifestation de colère des fournisseurs de services, c’est maintenant au tour des travailleurs de Pan African Tambao de crier leur mécontentement.
Un sit-in, initialement prévu devant le ministère de l’Energie et des mines, a finalement eu lieu dans les locaux de l’entraide ouvrière de Ouagadougou le 27 août 2015. Réunis au sein d’un collectif, tous ceux qui sont concernés par des emplois directs ou indirects sur la mine de Tambao sont venus exprimer leur lassitude et leurs inquiétudes face à la suspension des activités. Leur nombre est estimé à plus de 2.500 employés.
Après avoir été tous mis en congé administratif d’un mois dès la première mesure de suspension des activités d’exportation du minerai le 15 janvier 2015, les employés sont désormais en chômage technique depuis plus de 5 mois maintenant. Et face l’absence de bonnes perspectives concernant la situation de leur employeur, les inquiétudes s’amplifient. Quel va être leur sort dans les prochains jours, étant donné qu’un chômage technique ne peut excéder une période de 6 mois ? L’employeur ne va-t-il pas finir par liquider le personnel ? Ce sont les questions effrayantes qu’ils se posent.
Au-delà de la suspension des activités d’exportation, le ministre de Mines et de l’énergie a décidé depuis le 22 juin dernier de la suspension même de l’Accord de Partenariat public/privé (Ppp) qui lie Pan African Tambao à l’Etat burkinabè. Autant dire que la situation se complique. On craint même le pire pour Pan African. Certains commentateurs n’excluent pas le retrait de la licence d’exploitation de la mine.
A ce propos, Frank Timis, Pdg du groupe auquel appartient Pan African Tambao, a déjà prévenu qu’il se battrait par tous les recours pour contraindre l’Etat à payer l’ensemble de ses investissements. Une compensation financière énorme, estimée à 120 millions $ (1.000 milliards F CFA, environ 80% du budget de l’Etat). Si cette bataille d’éléphants en perspective venait à commencer après la poursuite du bras de fer, ce sont entre autres les travailleurs qui en pâtiraient. C’est pourquoi ceux-ci exigent la levée de la suspension qui frappe les activités de la société Pan African Tambao et la poursuite des négociations visant à produire un accord additionnel à l’Accord de Ppp.
De l’avis du Collectif des travailleurs de Pan African Tambao, le comportement du Gouvernement dans cette situation est incompréhensible et est de nature à ternir l’image du Burkina Faso. La suspension des activités d’exportation le 15 janvier 2015 par le ministre en charge des Mines a eu lieu au motif de la négociation d’un accord-cadre additionnel à l’accord de Ppp. Mais les travailleurs regrettent le silence du ministre des Mines sur la suite qu’il devait donner au procès-verbal des négociations tenues le 6 février. D’après le Collectif des travailleurs, c’est pendant que Pan African Tambao attendait la validation du protocole additionnel, issu des négociations du 6 février, que la suspension du Ppp en date du 22 juin 2015 est intervenue. D’où l’incompréhension.
Karim GADIAGA
Corriger sans détruire!
«S’il y a des problèmes sur le permis de Tambao, il faut les redresser sans prendre en otage le projet et tout détruire». C’est l’avis d’un travailleur lors du sit-in. Pour lui, les mauvaises dispositions de l’accord de Ppp, s’il y en a, peuvent être corrigées, surtout que Pan African Tambao n’est pas fermé aux négociations, qui devraient aboutir à un accord additionnel.
Pour le collectif des travailleurs, le retrait de la licence de Pan African Tambao au profit d’un autre opérateur sera suicidaire en termes économiques et financières ainsi qu’en termes d’image pour le Burkina.