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Journées nationales de la logistique : Halte sur l’épineuse question de la conteneurisation

S’il y a bien une question qui préoccupe les acteurs de la chaîne du commerce et du transport au Burkina Faso, c’est inéluctablement celle de la conteneurisation. Personne ne sait où donner de la tête. C’est donc ce qui a contribué au choix du thème des deuxièmes Journées nationales de la logistique (Jnl) du 6 au 8 juillet 2015. Ainsi, «la contribution des acteurs à la promotion de la conteneurisation pour l’optimisation de la chaîne de transport» a été retenue pour être au cœur des ateliers et des communications. En outre, selon les normes internationales, l’usage du conteneur dans le transport des marchandises est recommandé. Au Burkina, il est recommandé que des produits comme le coton, le sésame, le beurre de karité soient conteneurisés; une preuve que la conteneurisation doit dorénavant occuper une place de choix dans les options de transport.

Il y a un trésor «caché» dans le conteneur, dit la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso à travers sa représentante, Dr Victoire Bénao. Le vent de la conteneurisation souffle et personne ne devrait être en marge, y compris les transporteurs du Burkina et aussi de la sous-région. Pour les pays sans littoral surtout, la conteneurisation est devenue un véritable défi à relever.

Des opérateurs économiques faibles face à des coûts élevés
L’effet immédiat d’une conteneurisation est la baisse des prix des produits, explique Dr Victoire Bénao. Mais, aller à la conteneurisation pose le problème des capacités des opérateurs économiques. Selon Emmanuel Yoda, président du comité d’organisation, les rencontres de préparation ont permis de mettre en évidence tout ce qui empêche les opérateurs économiques d’aller à la conteneurisation ou ce qui rend difficile leur adhésion. L’on note essentiellement les coûts élevés de la conteneurisation pour des opérateurs qui ne disposent pas de grosses fortunes pour s’y conformer et les délais lourds.
Les difficultés ayant été identifiées, il importe que chaque acteur fasse des concessions de son côté, explique Emmanuel Yoda. A propos des concessions, les armateurs devront faire en sorte que la mise à disposition des conteneurs soit plus facile qu’elle ne l’est actuellement, que les tarifs des cautions soient rabaissés.
Les gestionnaires des terminaux à conteneurs doivent baisser à leur tour les coûts des manutentions et alléger les délais. Quant aux opérateurs économiques, ils ont aussi une grande responsabilité dans la marche vers la conteneurisation. Il s’agira pour eux d’être plus professionnels en quittant les méthodes traditionnelles.
Pour ce faire, ils n’ont d’autre choix que de regrouper les trafics, d’acheminer les documents relatifs au dédouanement des marchandises en temps réel. Tout cela lèvera les lourdeurs et permettra de gagner en temps en argent. Pour réunir toutes ces conditions, cela pourra prendre du temps, mais les techniciens rassurent qu’il convient de prendre le temps et les dispositions nécessaires. Un opérateur économique qui voudrait faire à lui seul la conteneurisation de sa marchandise pourrait débourser jusqu’à 1.500.000 ou 1.900.000 FCFA selon le corridor et selon qu’il faille repartir avec un conteneur plein ou repartir à vide. Autant d’aspects à régler, sinon à uniformiser pour tous.

25% de conteneurisation au Burkina
L’avantage des Journées nationales 2015 tient aussi fait que les participants sont de toute la chaîne. Il s’agit des armateurs, des consignataires, des autorités portuaires, des gestionnaires de terminaux à conteneurs, des transporteurs routiers et ferroviaires, des manutentionnaires, des transitaires, des commissionnaires en douane agréés, des opérateurs économiques, ainsi que les administrations publiques. Ils sont venus des pays comme l’Allemagne, le Bénin, la Côte d’Ivoire, les Etats-unis d’Amérique, le Ghana, le Sénégal, le Togo et aussi du Burkina Faso. La conviction des participants aux 2es Jnl est que la conteneurisation est devenue l’épine dorsale de la mondialisation dans le secteur des transports. Ils ont eu droit à 25 communications et 8 panels d’échanges afin d’élaborer un cahier d’actions à venir, ainsi que des engagements.
Le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, qui a été représenté par celui des Sports et des loisirs, David Kabré, s’est réjoui de ce que le débat ait été ouvert. Les attentes sont nombreuses et elles s’inscrivent dans la vision du Gouvernement. Pour lui, la conteneurisation conduit à la sécurisation des approvisionnements via les ports. En sus de l’acheminement en toute quiétude, elle minimise les risques d’avaries et de pertes. Le taux de pratique de la conteneurisation est faible au Burkina et le ministère en charge du Commerce souhaite voir cette situation changer.
En effet, la part conteneurisée des produits de commerce international du Burkina est estimée à seulement 25% pendant qu’à l’échelle africaine, elle est de 50%, et 80% à l’échelle internationale. Ces journées ont eu pour marraine la représentante résidente de la Banque mondiale, Mercy Tembon, pour qui «le Burkina est en retard» avec ce taux de conteneurisation. Mais, elle précise que le fait de vouloir l’optimiser est pas.

JBO


Les actions de la conteneurisation au Burkina

La première action entrant dans le cadre de la conteneurisation au Burkina est intervenue en 1999 avec la réalisation de la première infrastructure de réception de marchandises conteneurisées. S’en est suivi la réalisation d’autres parcs à conteneurs comme celui de Ouaga-inter et de Bobo-inter en 2010.
Mais le pays ne s’arrête pas à ces deux infrastructures. Il y a eu l’organisation et la sensibilisation des acteurs et des professionnels du transport et de la logistique avec un premier séminaire national sur la question en mars 2013, suivi des 1res Journées nationales de la conteneurisation en juin 2014. Des projets sont aussi inscrits dans ce cadre. Il s’agit du port sec multimodal de Ouagadougou qui ambitionne mettre ensemble Ouaga-inter et la gare ferroviaire sur un site composé d’un terminal à conteneurs plus moderne et plus ambitieux. Un projet inscrit dans la Politique sectorielle de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Posica), un programme essentiellement dirigé vers le secteur privé d’un coût de 242 milliards de F CFA.

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