La 9e édition de la Semaine du débat économique (Sedeco) s’est déroulée à Ouagadougou du 22 au 26 juin dernier. Cette édition a été placée sous le thème: «Quelle économie dans un régime de Transition : enjeux et perspectives». En l’initiant cette semaine, le Centre d’études, de documentation et de recherches économiques sociales (Cedres) favorise un débat économique de qualité.
Au cours de ladite semaine, un des communicateurs, Thiery Barbé (chef de coopération de la délégation de l’Union européenne au Burkina) a entretenu l’assemblée sur l’appui au processus électoral, à la Ceni et à la société civile.
Des débats, on retiendra pour l’essentiel que l’ensemble de l’aide budgétaire des partenaires apportée au Burkina en 2014 se chiffre à 126 milliards de F CFA. Dans cette somme, la delégation de l’Union européenne a injecté 50 milliards de F CFA contre 20 milliards pour les Etats de l’Union européenne.
Le reste est une aide budgétaire qui provient de la Bad et de la Banque mondiale. Pour ces deux dernières, ce sont des prêts alors que pour les premiers (Union européenne et ses Etats membres), ce sont des dons. En 2016, l’Union européenne décaissera des fonds sur des décisions qui auront été prises lors de la Transition. Ainsi, l’Ue fournira 50 millions d’euros d’aide budgétaire: 30 millions d’euros d’aide appelée «la tranche fixe» et 20 millions qui vont dépendre de conditions spécifiques.
Ces conditions spécifiques sont liées à la loi anti-corruption adoptée, l’indépendance de la Cour des comptes, la transparence budgétaire et la réforme de la justice qui doivent être mis en œuvre après les récentes assises sur la justice. L’ensemble de l’aide budgétaire qui s’élève à 500 milliards de F CFA correspond à 35% des dépenses budgétaires du Burkina.
Le partenaire Union européenne suit-il les fonds alloués à un pays comme le Burkina Faso ? Non! , réponds Thierry Barbé. Et d’expliquer : «Nous ne les suivons pas parce que nous les donnons après que les conditions soient réalisées. Nous voyons si la politique a été réalisée, si elle a été mise en œuvre et nous voyons les résultats qu’elle a donnés. C’est après cela que nous décaissons. Si les conditions sur lesquelles nous nous sommes accordés ne sont pas remplies, nous ne décaissons pas». A la lumière des débats, il est à retenir que l’Union inscrit cela en tant que recettes dans la loi de finances. Elle n’inscrit donc pas les dépenses labellisées «Union européenne». C’est ce que l’Union appelle une «aide fongible non ciblée». Dès ce moment, l’Union européenne ne s’intéresse pas à l’utilisation de son argent, mais à la politique de développement et sectorielle du pays qui en bénéficie.
De l’avis du chef de coopération de la délégation de l’Union européenne au Burkina, en dépit des faiblesses de la gouvernance, il y a eu des résultats «spectaculaires» sur l’éducation et sur d’autres secteurs. Thierry Barbé a tenu à rappeler qu’ «aucun système de gestion publique de ressources n’est totalement propre. Tous les systèmes génèrent une certaine quantité de détournements, d’inefficacités». Ce qui semble intéresser l’Union européenne dans l’aide budgétaire, ce n’est point de donner de l’argent dans un système parfait, mais de donner cet argent quand des progrès ont été réalisés.
Des confidences de Thierry Barbé, l’Ue a été très attentive aux progrès dans la gestion des finances publiques du Burkina qui, pour l’essentiel, s’est améliorée avant de se dégrader par la suite.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le dispositif de suivi amélioré
Le dispositif national de suivi s’est aussi amélioré, car la capacité à générer des statistiques nationales s’est améliorée. Les stratégies des partenaires pour aider les pays à être moins dépendants de l’aide sont palpables, selon Thierry Barbé. Et de citer une principale : c’est celle qui favorise les Investissements directs étrangers (Ide) et celle qui favorise les recettes de l’Etat propre. C’est dans ce souci que le modérateur du soir, Newton Ahmed Barry, s’est interrogé : «Ne portons-nous pas des habits qui nous sont trop grands? Les partenaires ne nous vendent-ils pas des marchandises pour nous aider à continuer à les nourrir?». L’Union européenne dit avoir fait des efforts ces dernières années pour inscrire son aide budgétaire dans un dispositif qui augmente les ressources de l’Etat. Au Burkina, confie le chef de coopération de la délégation de l’Ue, ces ressources sont montées fortement entre 2008 et 2013 avant de stagner, pour ensuite régresser récemment.