Economie

Prêt Foner Faible taux de recouvrement

Dans sa volonté de soutenir l’éducation et la recherche, l’Etat burkinabè, à travers le Fonds national pour l’éducation et la recherche (Foner), accompagne les étudiants non boursiers des universités publiques durant leurs cursus. Ce Fonds comprend 2 composantes que sont l’aide et le prêt. L’aide Foner n’est pas remboursable, mais le prêt l’est.

Qu’ils lèvent leurs mains les bénéficiaires du prêt Foner qui ont soldé leurs dettes vis-à-vis du Fonds.
Ils sont rares, très peu nombreux et ne se signalent pas sauf s’il faut aller les dénicher soit dans l’administration publique ou dans le privé. Le Fonds est devenu au fil des ans un tuyau percé. Le recouvrement est insignifiant. Sa viabilité est en jeu, si le recouvrement ne s’améliore pas.
Il est à moins de 10%. La faute au mécanisme même de recouvrement, à l’incivisme de certains et à la situation économique qui ne permet pas d’absorber tous les nouveaux diplômés.
«Normalement, et de façon civique, les anciens bénéficiaires devraient s’adresser au Foner pour le remboursement. L’avantage de venir soi-même est que dans ces conditions, il y a possibilité de négocier les conditions de remboursement», avise le directeur du Foner qui signale que jusqu’au 31 décembre 2014, le taux de remboursement était à moins de 10%.
Une bonne partie des débiteurs sont sans emploi et là on y peut rien. «Si l’intéressé est au chômage, cela complique le remboursement du Foner. Parce que c’est sur la base du revenu de l’ancien bénéficiaire que nous procédons à la retenue», explique Abdoul Karim Ouédraogo, directeur du Fonds depuis janvier 2015.
Dans les clauses, il est dit qu’une fois que le bénéficiaire commence à travailler, les services du Foner coupent à la source. Encore faut-il que l’intéressé se signale. Chose qui est parfois rare. C’est pourquoi, le Foner fait recours au Trésor public, au patronat et à la Caisse nationale de sécurité sociale à la recherche d’éventuels créanciers. «Pour ce qui concerne les salariés du public, nous collaborons avec le Trésor public. Nous prenons le soin d’aviser les intéressés à travers des préavis pour qu’ils puissent se préparer», informe Abdoul Karim Ouédraogo. «Maintenant, si tu n’as pas d’emploi, que faire ?», interroge Antoinette Pouya, juriste en quête d’emploi et gérante de cybercafé en attendant.
Cependant, la plupart des bénéficiaires du prêt témoignent de son importance. Car, il contribue à soulager de nombreux étudiants, surtout ceux issus des milieux défavorisés. C’est le cas de Sidiki Konaté, ancien étudiant en Lettres Modernes pour qui le prêt a été d’un apport considérable. Sans celui-ci, a-t-il convenu, il lui aurait été difficile d’affronter les péripéties de la vie de la capitale burkinabè.
Ce point de vue est partagé par Fulgence Kaboré qui, dès son arrivée sur le campus, a contracté le prêt Foner jusqu’à sa quatrième année en Sciences de la vie et de la terre. Cela, parce qu’il ne répondait pas aux critères d’âge. Lui comptabilise donc 4 ans de prêt, tandis que certains de ces camarades ne sont qu’à une année de prêt. C’est-à-dire qu’ils ont adhéré à ce Fonds à partir de leur quatrième année.
Malgré ce soutien de la part de l’Etat, de nombreux bénéficiaires soulignent l’insuffisance des enveloppes allouées. Surtout, au regard des dépenses à effectuer (photocopie, impression, restauration, santé, loyer, déplacement, etc.).Tout en plaidant pour l’augmentation du «sésame», les étudiants rencontrés exhortent les autorités à travailler pour une normalisation des années académiques. Car, cette situation fait que de nombreux étudiants peuvent passer une année sans bénéficier du prêt au regard du chevauchement du calendrier universitaire.
Le prêt Foner, d’une valeur de 225.000 F CFA l’an, est remboursé par les bénéficiaires dès que ceux-ci entrent en activité. D’autres prêts sont octroyés aux étudiants désireux de faire de la recherche. Ce montant alloué est fonction des besoins de formation des intéressés. L’aide est estimée à 175.000 F CFA par an et octroyée à des étudiants qui remplissent les conditions d’âge (moins de 23 ans).
Solution
La direction du Foner entend s’appuyer sur les organisations estudiantines pour sensibiliser les bénéficiaires. Mais, elle est confrontée à la réticence de celles-ci. Car, elles estiment que ce n’est pas leur rôle de l’accompagner à la recherche de son argent. Pourtant, regrette Abdoul Karim Ouédraogo, directeur du Fonds depuis janvier 2015, ces dernières, de par leurs moyens de pression, engrangent des victoires qui contribuent à l’augmentation de l’enveloppe du prêt Foner. «C’est l’occasion pour nous d’inviter l’ensemble de nos anciens bénéficiaires à s’exécuter. Parce que c’est un système qui consiste à recouvrer et à reconduire au bénéfice des jeunes générations. Donc, si les anciens ne remboursent pas, cela peut impacter négativement la pérennité du Fonds», prévient-il.
Christophe BANGRE


Des ressources du Foner

Les ressources du Foner proviennent des subventions de l’État et des collectivités locales; des contributions des institutions financières et des organismes nationaux et internationaux; des contributions des entreprises (Lonab ndlr) et des opérateurs économiques; des contributions de toute personne physique ou morale; des revenus de ses placements; des dons, legs et libéralités et toutes autres ressources qui pourraient lui être affectées.

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