La coexistence entre les sociétés minières, qu’elles soient industrielles, semi-mécanisées ou en exploration, avec les orpailleurs est souvent source de conflits à propos du partage des ressources aurifères. Pourtant, le cadre légal est favorable aux sociétés minières, avec l’octroi par le Gouvernement des permis d’exploitation nécessaires.
L’Etat, quant à lui, éprouve des difficultés à réguler l’activité d’orpaillage dont l’expansion comporte des risques sociaux et environnementaux majeurs qui impactent directement les populations locales, les orpailleurs eux-mêmes, les sociétés minières, etc. La situation n’arrange aucune partie.
Afin de faire le point sur la situation et proposer des solutions, le Forum multipartite pour la responsabilité sociale des entreprises dans le secteur minier au Burkina Faso, abrégé «forum RSE», a organisé le 26 mai 2015 à Ouagadougou un atelier, le quatrième du genre, sur le thème «Développement durable et cohabitation pacifique entre les sociétés minières et les orpailleurs traditionnels». Les acteurs du forum RSE ont la conviction que le dialogue et la concertation permettront de gagner en efficacité et en légitimité pour atteindre des objectifs communs au bénéfice des communautés locales et des acteurs privés.
C’est ce sur quoi insiste Oumar Traoré, président du Forum RSE, pour qui l’atelier va permettre aux différents acteurs de discuter des enjeux d’une cohabitation pacifique entre sociétés minières et orpailleurs et de réfléchir sur les pistes de solution pour répondre aux problèmes environnementaux et sociaux induits par l’exploitation artisanale de l’or sur les populations vulnérables (enfants, femmes). «C’est une thématique de taille dans le contexte actuel du Burkina Faso marqué par le boum minier, avec plusieurs mines en exploitation qui, le plus souvent, ont trouvé sur le terrain ce que nous appelons communément l’orpaillage traditionnel», a-t-il précisé.
L’organisation de l’atelier a reçu le soutien financier de l’Ong Plan Burkina à travers son projet «Développer les Capacités des Jeunes» dont le troisième objectif vise à assurer un engagement pour la responsabilité sociale des entreprises et un partenariat innovateur entre le secteur minier, le gouvernement burkinabè et les Ong, afin de tirer et partager les leçons apprises de l’expérience. Lucile Bationo/Zèba, Directrice des opérations à Plan Burkina, représentante du représentant résident de Plan Burkina, présente à la cérémonie, justifie le soutien de son organisation par le fait que c’est un cadre de réflexion qui doit permettre aux Ong et aux sociétés minières de mieux comprendre les enjeux sociaux, environnementaux et économiques locaux liés au développement du secteur minier.
L’exploitation artisanale de l’or fait vivre de nombreuses familles. Pour ce faire, Oumar Traoré du Forum RSE a invité les participants à ne pas faire le procès d’une activité qui «fait vivre des milliers de familles, mais de faire des propositions sur les mécanismes de prévention et de gestion des conflits entre orpailleurs et sociétés minières».
Le thème de la communication principale a porté sur la «Cohabitation pacifique entre sociétés minières et les orpailleurs traditionnels au Burkina Faso : cadre légal, évolution de la problématique et perspectives». S’en est suivie une table ronde autour de la «Cohabitation pacifique entre sociétés minières et les orpailleurs».
Joël BOUDA
Etat des lieux de l’orpaillage au Burkina
Le Burkina Faso compte 236 autorisations d’exploitation artisanale d’or et environ 600 sites d’exploitation artisanale. En matière de création d’emplois, une étude menée par le Pnud montre qu’en 2012, le secteur de l’extraction aurait créé environ 325.500 emplois directs, avec environ 31.000 emplois directs formels, contre 5.715 emplois directs créés par les sociétés minières. Le secteur minier artisanal représente plus de 90% des emplois directs du secteur minier.
Selon les données du Syndicat national des orpailleurs du Burkina (Synorartrab), plus de 2,5 millions de personnes vivent de l’orpaillage. A en croire les chiffres du comité national de politique économique (juillet 2013), si l’on considère l’accroissement du nombre de sites chaque année, on évalue aisément la production réelle dans le secteur de l’orpaillage à environ 2 tonnes d’or par an. Près de 1,5 tonne d’or est perdue chaque année du fait de la fraude.