Dans une interview accordée le 16 mars 2015 à un magazine panafricain sur les Telecom, Apollinaire Compaoré, patron du Groupe Planor Afrique, attributaire de la 3e licence de téléphonie au Mali, faisait le point sur l’évolution du processus. «D’ici la fin de ce mois, nous ferons une réunion avec tous les bailleurs de fonds afin de réunir les financements pour pouvoir débuter l’exploitation de la licence. Je peux vous dire que c’est pour très bientôt», déclarait-il. Cette réunion avec les banques a effectivement eu lieu les 23 et 24 mars 2015 dans un hôtel malien. Il ne reste que la concrétisation des promesses financières faites lors de cette rencontre pour que Atel, 3e opérateur du Mali, puisse passer en ligne.
Cette éventualité sera l’aboutissement d’un long et difficile processus. Le projet du 3e opérateur de téléphonie malien est en quelque sorte une arlésienne.
Le processus lancé en septembre 2011 a connu de nombreuses difficultés. D’abord sur la phase de désignation de l’attributaire de la licence et aujourd’hui en ce qui concerne la mise en service du réseau.
Après plusieurs péripéties, c’est la société Planor Afrique, propriété de l’homme d’affaires burkinabè Apollinaire Compaoré, qui est définitivement attributaire de la concession.
Cette attribution a été officiellement matérialisée, d’abord par les Décrets pris par le gouvernement malien le 6 février 2013, et ensuite par un Arrêté du ministre malien de la Poste et des nouvelles technologies (Mpnt), du 12 février 2013. La durée de la licence est de 15 ans renouvelables suivant les conditions du cahier des charges.
Planor bénéficie du partenariat technique de Monaco telecom international, mais reste le seul détenteur du capital social de Atel-SA. Cette situation est complètement différente de la première attribution du 5 décembre 2011 dans laquelle le Burkinabè était dans un partenariat financier avec l’homme d’affaires malien, Cessé Komé. Face aux tergiversations de Cessé Komé et au retard que cela occasionnait au processus, le gouvernement malien a décidé de retenir Planor Afrique comme seul attributaire de la licence.
Cette décision a ouvert la voie à des contestations du Malien soutenu par une partie de l’opinion de son pays. Ils soupçonnent une corruption autour de l’attribution de la licence à Apollinaire Compaoré, accusé d’avoir trahi son ancien partenaire. L’affaire a été envoyée sur le bureau du Vérificateur général du Mali (Autorité publique chargée de lutter contre la corruption) et est également allée devant la justice. La tournure médiatique, qu’elle a aussi prise, a sérieusement impacté le processus notamment, la mise en œuvre de la phase d’exploitation. Face à un dossier qui semblait incertain, les banques ont jusque-là manifesté une certaine réticence à s’engager avec Apollinaire Compaoré.
«Après l’acquisition de la licence, nous étions en train d’achever le financement du déploiement avec les banques quand, soudain, les banquiers ont eu peur de nous suivre à cause de tout ce qui se raconte dans la presse. Les gens leur disaient que nous risquions de perdre notre licence du jour au lendemain», expliquait Apollinaire Compaoré dans le magazine Réseau Telecom. «Le contexte géopolitique délicat du Mali et la mauvaise publicité engendrée par des compagnes médiatiques mensongères récurrentes ont retardé les discussions entreprises entre nos partenaires financiers», ajoutait-il.
Le principal objectif de la réunion tenue les 23 et 24 mars derniers avec les banques était justement de rassurer ces derniers sur le caractère définitif et transparent de la licence de Planor Afrique. L’opérationnalisation du 3e réseau de téléphonie mobile du Mali par le Groupe de Apollinaire Compaoré dépend étroitement des partenaires financiers. Documents à l’appui, le Burkinabè clame partout que l’attribution de sa licence n’est entachée d’aucune irrégularité. Tout ce qui s’est passé est, selon lui, la manifestation du pragmatisme du gouvernement malien et de l’application stricte des règles établies en la matière.
Karim GADIAGA
Y a-t-il eu corruption ?
Apollinaire Compaoré répond dans Réseau Telecom : «J’ai voulu travailler avec M. Komé, mais, malheureusement, il a voulu acquérir 40% de la société Alpha Telecom sans rien payer. Je ne connais personne sur cette planète qui injecterait 55 milliards pour une licence et donnerait 40% à quelqu’un sans qu’il ne dépense un sou. L’État malien nous a convoqués le 15 octobre 2012, pour nous demander de nous acquitter de 60% du prix de la licence, soit 33 milliards. Je devais contribuer à hauteur de 19,8 milliards de F CFA et Komé devait apporter 13,2 milliards.
Ce même jour, il y a des documents qui le prouvent, ne pouvant s’acquitter de sa quote-part, il demande que je paie les 33 milliards en affirmant qu’il paierait les 22 milliards dans 90 jours au plus tard. Avant d’accéder à cette requête de mon ex-associé, le Gouvernement a pris soin de garantir à chaque partie la possibilité de créer une nouvelle société, pour continuer l’exploitation de la licence en cas de défaillance de l’autre. Jusqu’au 15 février 2013, Komé n’avait toujours rien versé, tandis que mes 33 milliards dormaient à la Bceao sur un compte indiqué par le gouvernement malien.
J’ai eu une entente directe avec le gouvernement malien. M. Komé a été incapable de libérer ses 22 milliards. Alors, l’État m’a permis de créer une nouvelle société, que j’ai baptisée Alpha Télécommunications, qui porte désormais la troisième licence mobile du pays».