Le Conseil supérieur de la communication n’a jamais été aussi seul. Toutes les associations professionnelles ou presque n’ont pas approuvé sa décision de suspendre pendant une période de trois mois les émissions d’expression directe produites par les stations de radiodiffusion sonore et visuelle sur toute l’étendue du territoire et cela à compter du 7 mai dernier. Une mesure «préventive» ou «conservatoire». Toujours est-il que la pilule ne passe pas ni au sein des médias ni au sein du public, malgré les explications du régulateur. Elle est trop lourde et frappe toutes les radios indistinctement, comme si toutes étaient fautives.
3 mois de suspension. Pour les promoteurs, c’est une situation intenable vu que ces types d’émissions génèrent quotidiennement des ressources. Un manque à gagner qui fragilisera les équilibres déjà précaires de certaines radios. Pour les auditeurs, ce sont des espaces d’expression qui sont désormais clos, temporairement. Car, on imagine mal cette suspension aller à son terme vu le ramdam médiatique qu’elle a suscité.
Le Csc reviendra sur cette décision (si ce n’est déjà fait) au risque de mettre à mal la stabilité même du Conseil. Il n’est un secret pour personne que les associations qui ont mandaté des représentants au Conseil ne sont plus en phase avec ces derniers sur cette question brûlante. C’est donc la seule issue pour sortir de cette impasse. Les associations professionnelles de médias sont prêtes à aller au- delà de la simple protestation. Un contentieux dont tout le monde se serait bien passé.
Cela dit. On peut regretter que le Csc se soit refugié derrière cette mesure aveugle au lieu de distinguer les moins mauvais parmi les mauvais. Mais ce faux pas doit être une occasion pour les acteurs d’ouvrir un vrai débat sur la maîtrise technique et éditoriale des émissions d’expression directe, un débat auquel il faudra nécessairement associer les auditeurs et les téléspectateurs. Car en dernier ressort, les émissions leur appartiennent. Sans eux, point d’émissions interactives.
Abdoulaye TAO
Commentaires