Le Burkina compte à ce jour 14 fonds nationaux, dont 12 financent des initiatives des micros, petites et moyennes entreprises. Parmi ces fonds, on retrouve le Faarf, le Fasi, le Faij, le Fape, l’Afp-Pme ou le Fbdes. Ils ont été initiés pour participer au financement, à des conditions souples, des projets sur les entreprises.
Au moment où la 14e Rencontre Gouvernement/Secteur privé (Rgsp), tenue le 27 avril dernier à Bobo-Dioulasso, s’intéressait à «la problématique du financement des Pme/Pmi au Burkina Faso», la question de l’efficacité des fonds nationaux est revenue dans les échanges. Beaucoup d’acteurs du milieu économique ont souhaité avoir un fonds national pour prendre en compte leurs préoccupations ou activités particulières. Gustave Sanon, ministre de l’Economie et des finances (Mef), n’est pas de cet avis.
Pour lui, les systèmes actuels de financement des Pme à travers les différents fonds nationaux et en particulier à travers le mécanisme de garantie ont montré leurs limites. «Si aujourd’hui on fait le bilan de ces fonds existants, les résultats sont probants en termes de masse de revenus distribués mais en termes d’impacts, il n’est pas sûr qu’ils aient pu apporter une amélioration dans la promotion des entreprises», a déclaré le Mef lors de la Rgsp. Une étude a montré que les objectifs de ces fonds nationaux sont essentiellement d’ordre social parce qu’ils s’intéressent beaucoup plus à la réduction du chômage, à la réduction de la pauvreté qu’à la rentabilité économique des projets financés. «La tendance est de demander un fonds national pour chaque préoccupation particulière. Je pense que ce n’est pas la bonne orientation. Il faudrait qu’on puisse travailler d’abord à rationaliser le nombre de fonds qui existent actuellement et ensuite revoir leur efficacité. On devrait véritablement réfléchir pour leur permettre d’avoir une grande efficacité en termes d’impact réel», estime le ministre des Finances.
La pérennité de ces fonds est mise en doute. «Si on regarde le taux de recouvrement de ces fonds, il y a un problème. C’est le remboursement qui devait permettre à ces fonds de continuer à fonctionner mais aujourd’hui, ces fonds sont plutôt perçus comme des gratifications ou comme des dons. En venant déjà souscrire à ces fonds, les gens ont l’intention de ne pas rembourser parce qu’ils pensent que c’est de l’argent public qu’on leur donne. Ce qui n’est pas juste. Ce sont des prêts à des taux concessionnels et sans frais administratifs, mais il faudrait que les gens comprennent que ces fonds doivent être remboursés pour que d’autres personnes puissent en bénéficier», explique le ministre des Finances.
Par ailleurs, Gustave Sanon tient à ce que l’octroi de ces fonds repose nécessairement sur des critères de qualité. «Ce n’est pas parce que c’est un fonds national que tout le monde y a droit, pour peu qu’on soit immatriculé au registre du commerce et qu’on exerce en tant que Pme/Pmi. C’est vrai qu’il y a l’égalité et l’équité au plan national, mais il doit avoir une sélectivité sur la base de la qualité du dossier. Le dossier doit être bancable, sinon les fonds ne vont pas servir comme levier du développement des entreprises», a-t-il prévenu.
Tout comme sur les fonds nationaux, le ministre des Finances a indiqué que le mécanisme de garantie actuel a également des limites. Et l’Etat doit apporter des correctifs nécessaires de manière à satisfaire l’attente du secteur privé.
«Le mécanisme de garantie, qui est en vigueur, est très pertinent. Toutefois, il est au stade de balbutiements parce qu’il vient d’être créé. Il n’a pas suffisamment de ressources. Son champ d’activités doit également être élargi pour lui permettre de produire des garanties sur le moyen et le long termes. A ce niveau, nous allons travailler à accompagner ce mécanisme pour qu’il puisse atteindre son niveau de maturité et contribuer efficacement à lever un goulot d’étranglement qui se pose dans l’activité des Pme/Pmi, notamment en ce qui concerne la fourniture de garantie aux établissements bancaires classiques», a-t-il conclu.
Karim GADIAGA
L’Etat ne doit pas se substituer aux banques
En matière de finances, le travail revient aux banques professionnelles. Le ministre des Finances veut que cette réalité ne soit pas contournée. «Il ne faut pas qu’on se trompe d’objectifs. L’Etat ne peut pas se substituer aux établissements de crédit et établissements financiers qui existent. L’Etat n’est pas obligé de faire des activités bancaires, parce que ce n’est pas dans son rôle», rappelle-t-il.
«Aujourd’hui, on n’a pas besoin de beaucoup de fonds. Pour les activités de financement des Pme, l’Etat doit peut-être donner une source au système de financement existant pour que celui-ci la mette à la disposition des cibles visées sur la base d’une convention avec l’Etat en s’accordant sur des taux accessibles», propose le Mef. «Si vous prenez les fonds nationaux, les directeurs ne sont pas des gens qui sont formés à la finance. Les agents qui y travaillent n’ont pas de formation pour étudier rationnellement les dossiers et s’assurer qu’ils sont bancables. Et lorsque certains acteurs du secteur privé demandent à ce qu’on associe le secteur privé aux comités chargés d’étudier et de valider les dossiers, c’est une bonne idée, mais ces associations des Pme/Pmi ont-elles les compétences pour étudier véritablement un dossier pour dire lequel est bancable ? L’Etat ne doit pas se substituer au système financier existant. L’Etat devrait peut-être les utiliser comme partenaires et opter pour des fonds dont la spécificité n’est pas prise en charge par ses différents acteurs».
Journée de l’Europe – La délégation présente son programme d’activités
Ouagadougou n’a pas été en reste de la commémoration de la Journée de l’Europe célébrée le 9 mai dernier. A cette occasion, à travers le monde, les représentations diplomatiques de l’Union européenne ont organisé des activités pour commémorer l’acte fondateur de l’Union, la déclaration de Schuman de mai 1950.
Le programme des activités avait été livré lors d’une conférence de presse le 7 mai dernier à Ouagadougou. Cette célébration sera marquée par une réception, mais aussi par une conférence à l’université de Ouaga 2 le 12 mai et la Semaine européenne du cinéma se tiendra du 16 au 23 mai prochain à l’Institut français. Pour Alain Holleville, l’ambassadeur de l’Union européenne, ces différentes activités permettront aux Burkinabè de mieux connaître le rôle de l’Union européenne, ses activités et ses projets pour le pays et l’Afrique. La conférence de presse a été l’occasion de rappeler le partenariat existant entre l’Ue et le Burkina Faso et l’enclenchement très prochain du 11e Fonds européen pour le développement (Fed) avec un montant de plus de 400 milliards de F CFA. Alain Holleville a également mis l’accent sur les actions menées sur le terrain par l’Ue telles que sa présence aux côtés des journalistes lors de la journée de la liberté de la presse, les différentes résolutions prises par l’Union contre le flux migratoire …
Les actions menées dans le cadre du maintien de la paix en Afrique et au Burkina Faso en particulier n’ont pas été oubliées. Pour des élections transparentes et apaisées, l’Ue apportera une contribution de 3,7 milliards au Burkina Faso, sans oublier le déploiement d’une mission d’observation. En attendant cette période, l’Ue a rappelé son soutien au gouvernement de transition à travers son aide financière de près de 120 millions d’euros.
GB