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Nigeria : Des élections sous haute tension

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et première puissance économique du continent grâce au pétrole, s’est rendu aux urnes le 28 mars dernier pour les élections présidentielle et législatives, alors que le Nord-Est est touché de plein fouet par l’insurrection islamiste de Boko Haram. Quelque 68,8 millions, sur les 173 millions d’habitants, sont enregistrés sur les listes électorales. Les préparatifs de la commission électorale se sont déroulés sous haute pression. Le Parti démocratique populaire (Pdp), au pouvoir, a ainsi critiqué le trop faible nombre de cartes d’électeur distribuées et le recours à une nouvelle technique biométrique pour le vote.

De son côté, le congrès progressiste (Apc) de Muhammadu Buhari accuse le Gouvernement de manœuvrer pour revenir au traditionnel vote papier qui, selon lui, facilitait le bourrage des urnes. L’opposition a prévenu que les résultats seraient peu crédibles si les millions de déplacés du Nord ne peuvent pas voter.
Ces élections se sont déroulées autour de 4 acteurs-clés. Il s’agit de Goodluck Jonathan, Muhammadu Buhari, Abubakar Shekau et Attahiru Jega.
Zoom sur les acteurs.

Goodluck Jonathan
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Le président sortant, 57 ans, est candidat à sa réélection après un premier mandat très critiqué, qui a vu Boko Haram monter en puissance dans le Nord-Est. M. Goodluck est accusé de n’avoir pas su lutter efficacement contre la corruption endémique et d’avoir trop peu investi dans de nouvelles infrastructures dans un pays privé d’électricité plusieurs heures par jour.
Malgré son bilan, ce chrétien originaire du sud pétrolier du delta du Niger y compte toujours de nombreux supporters, un atout dans un pays aux nombreuses fractures ethniques et religieuses.

 

 

 

 

Muhammadu Buhari 

Muhammadu-BuhariL’ancien général de 72 ans, qui a dirigé le Nigeria d’une main de fer à la tête d’une junte militaire au milieu des années 80, est le principal rival du président Jonathan.
A cours de la campagne, M. Buhari, qui se présente à la présidentielle pour la quatrième fois depuis le retour de la démocratie en 1999, a fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille.
Celui qui a déjà contesté devant les tribunaux les résultats des élections de par le passé refuse d’envisager une nouvelle défaite.
Si M. Goodluck est déclaré vainqueur, la réaction de M. Buhari sera cruciale dans un pays souvent secoué par des violences post-électorales.
Selon des experts, des violences risquent notamment d’éclater dans le Nord majoritairement musulman si l’ex-général, l’enfant du pays, perd et, surtout, si des doutes existent sur la transparence du scrutin.

 

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau

Boko-Haram-Abubakar-Shekau

 

Accusé d’avoir commandité des crimes contre l’humanité, il a promis de perturber le bon déroulement de ces élections considérées par le groupe extrémiste comme non conformes à l’islam.Ces menaces pourraient rester sans suite. Boko Haram a cependant déjà prouvé sa capacité à semer le chaos, dans le Nord du pays en particulier. Il est donc possible que le groupe multiplie les attentats le jour du vote.

 

 

 

 

 

 

 

Attahiru Jega, le chef de la commission électorale indépendante (Inec)
INEC-Attahiru-JegaIl a été très critiqué par l’opposition pour le report du scrutin initialement prévu en février et par le parti au pouvoir pour les retards dans la distribution des cartes d’électeur.
Mais les observateurs indépendants continuent à le considérer comme un homme déterminé, indépendant et dévoué à l’organisation d’un vote juste et crédible.
Cet ancien professeur d’université s’est fait une réputation dans le monde politique en s’opposant publiquement au dictateur Sani Abacha à la fin des années 1990. Au vu de son parcours et de son expérience, les experts estiment que M. Jega devrait publier des résultats corrects aussi vite que possible, malgré les pressions politiques dont il risque d’être victime.
NK


Nouvelle tactique de Boko Haram

Le 24 mars dernier, le groupe Boko Haram a enlevé près de 500 personnes, femmes et enfants, dans la ville de Damasak. Pour la représentante spéciale de l’Onu pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui, «les enlèvements de masse de femmes et d’enfants sont en passe de devenir une tactique de guerre utilisée de façon systématique pour terroriser, soumettre et humilier des communautés entières». Les enfants enlevés sont ensuite utilisés comme soldats, boucliers humains, esclaves sexuels ou pour commettre des attentats-suicides, a-t-elle ajouté. «Ces enlèvements de masse se sont multipliés et j’invite le Conseil à accorder toute son attention à ce phénomène inquiétant».
Le groupe nigérian Bako Haram avait notamment enlevé, en avril 2014, 276 lycéennes à Chibok (Borno, Nord-Est du Nigeria). Cinquante-sept jeunes filles ont réussi à s’enfuir, mais 219 sont toujours portées disparues.
Mme Zerrougui a suggéré que les pays du Conseil «activent les moyens de pression» dont ils disposent sur les groupes armés. «En plus de la pression militaire […] il ne faut pas négliger l’importance de la pression judiciaire et des sanctions», a-t-elle rappelé. L’ambassadeur français, François Delattre, qui préside le Conseil en mars, a estimé à ce propos qu’il fallait «ajouter l’enlèvement comme une des graves violations déclenchant l’inscription des parties sur la liste d’infamie», une liste noire dressée chaque année par l’Onu et qui recense les responsables d’exactions contre des enfants. Selon le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, près de 230 millions d’enfants vivent dans des pays et des zones de conflit et 15 millions d’entre eux «sont directement affectés par la violence».

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