Le Burkina Faso vient de prendre un décret le 18 mars 2015 pour interdire l’importation, la production, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables. Ce décret fait suite à la loi votée par l’assemblée nationale le 20 mai 2014. Ainsi, le pays des «Hommes intègres» rejoint des pays comme le Rwanda, la Tanzanie ou, plus près de nous, le Togo dans cette lutte en faveur de l’environnement. La loi qui a été votée prévoit des sanctions et des dispositions transitoires.
Ces sachets toxiques qui ont envahi le pays sont en quantité non négligeable dans les magasins et autres commerces, prêts à être utilisés. Pour l’heure, c’est la production, l’importation et la commercialisation qui sont visées en attendant que les stocks existant s’évaporent.
Mais dans combien de temps va-t-on se séparer définitivement de ces emballages nocifs à notre environnement et au cheptel ? Si on est arrivé à voter une telle loi, c’est parce que les dégâts que causent les sachets et emballages plastiques non biodégradables sont énormes. A titre d’exemple, ces emballages mettent entre 100 et 400 ans pour disparaître alors que par leur nombre très élevé, ils recouvrent le sol et empêchent l’infiltration des eaux de pluie.
Pour le cas du Burkina, environ 30% du bétail meurent chaque année après avoir ingurgité des sachets. Quid des caniveaux qui sont remplis de ces résidus qui empêchent l’écoulement normal des eaux ? Tout le monde est appelé à respecter cette loi : commerçants, consommateurs, fabricants d’eau minérale.
Quant aux sachets utilisés dans les structures de santé (sérums, poches pour le sang, les seringues, …), les taxes qui leurs sont imposées seront revues à la hausse. L’Etat percevra environ 6 milliards de FCFA de taxes sur ces produits pour mieux lutter contre l’utilisation des sachets non biodégradables. Si le contrôle est rigoureux, les fautifs pourraient également renflouer les caisses de l’Etat au vu des amendes.
La loi dispose qu’«est puni d’une peine d’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de cent mille (100.000) à dix millions (10 000 000) de francs CFA, ou de l’une de ces deux peines, quiconque produit, importe, commercialise ou distribue des emballages et sachets plastiques non biodégradables en violation des dispositions de la présente loi. En cas de récidive, la peine est portée au double».
Quand on connaît les habitudes des populations, on peut aisément imaginer que la lutte contre ce fléau sera âpre. Ils ne sont pas nombreux à se laisser convaincre que ces sachets «poisons» sont nuisibles à la santé et à l’environnement.
Ce basculement vers de nouvelles habitudes a un coût. Le sachet biodégradable coûtera probablement un peu plus cher, mais le jeu en vaut la chandelle. Il est heureux que certaines sociétés de la place aient abandonné tout de suite la production de ces sachets non biodégradables, bien qu’ils perdent énormément sur le plan financier. La transformation des habitudes prendra certes du temps, mais il faut bien commencer quelque part.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
De l’avenir de Fasoplast
La loi votée concerne tout importateur des emballages et sachets plastiques non biodégradables, tout distributeur des emballages et sachets plastiques non biodégradables et toute personne physique ou morale qui exerce une activité commerciale, industrielle, artisanale ou professionnelle nécessitant l’utilisation des emballages et sachets plastiques. Parmi les producteurs, il y a la société des plastiques du Faso (Fasoplast).
Selon son directeur administratif et financier, Dominique Senghor, tout ce qui est lié à l’impact environnemental est une question qui importe à sa société au plus haut niveau. C’est pourquoi dès que Fasoplast a eu écho du projet, il a décidé d’arrêter la production de tout ce qui est emballage et plastique destinés à la consommation de masse. Cela concerne les sachets servant au conditionnement de l’eau, et ce, pour montrer l’engagement de la société au respect de l’environnement et au bien-être des populations.