Le chef de la mission du Fonds monétaire international et le ministre de l’Economie ont animé une conférence de presse à la l’issue des discussions sur la 2e et 3e revues du programme appuyé par la facilité élargie de crédit du Fmi. Au menu, entre autres, des échanges : l’évolution économique du pays en fin décembre 2014, les prévisions pour 2015. Le ralentissement de l’activité économique est confirmé.
Sur 2014, les mauvais chiffres se confirment. D’après Laure Redifer, chef de la mission du Fmi, l’activité économique du Burkina a ralenti considérablement en 2014, avec une croissance du Pib réel en 2014 estimée à 4%, taux sensiblement inférieur aux moyennes historiques des cinq dernières années qui tournaient autour de 6,5%. L’explication est à rechercher dans les chocs exogènes : chute du cours de l’or, Ebola, baisse du cours des produits pétroliers, chute des cours du coton et appréciation du dollar. En interne, l’incertitude politique liée à la révision de l’article 37 qui a débouché sur l’insurrection populaire du mois d’octobre a créé une sorte d’attentisme chez les investisseurs, « provoquant ainsi un ralentissement prononcé » de l’activité économique. Cette situation a eu pour conséquence une baisse des recettes fiscales. Les régies n’ont couvert que 80% des prévisions, obligeant l’Etat à revoir ses dépenses d’investissement public, toute chose qui a impacté la mise en œuvre de la Scadd. Ces tendances vont persister en 2015 et le Gouvernement à présenter à la mission les réponses qu’il entend apporter pour neutraliser ces chocs.
Pour 2015, les mêmes tendances pas trop optimistes seront de mise. La mission alerte sur une accentuation possible par « l’effet de la dépréciation du taux de change qui accroît les importations. » La production minière et cotonnière seront orientées également à la baisse. Ce qui signifie des pertes de recettes en vue et « des difficultés à financer les dépenses d’investissement public. Le Pib qui est attendu est seulement de 5%. La bonne nouvelle, c’est que le Gouvernement travaille. Le budget d’austérité et le programme social d’urgence de la Transition sont des réponses à la situation difficile.
La qualité du dialogue entre les deux partenaires a été réaffirmée. La mission du Fmi et le Gouvernement se sont accordés sur un certain nombre de mesures pour améliorer la gestion des finances publiques pour faire face à la situation, notamment le recouvrement. Parmi les mesures, l’amélioration des recettes douanières via le tracking des conteneurs afin d’éviter la fraude fiscale. Le ministre des Finances énumérant ces mesures a évoqué la mise en œuvre de la facture normalisée qui concernera dans un premier temps les grandes entreprises. La mission du Fmi a séjourné au Faso entre le 4 et le 19 mars 2015 dans le cadre de la 2e et 3e revues du programme Fec (Facilité élargie de crédit) au Burkina. Ce programme fait suite à celui interrompu au mois d’octobre 2014 du fait des troubles liés à l’insurrection populaire. La Fec est un soutien financier souple aux pays à faibles revenus et ne comporte pas de taux d’intérêt.
FW
Carburant : un coup d’épée dans l’eau ?
Une mauvaise nouvelle pour les syndicats, le rapport de la mission estime qu’une nouvelle baisse du prix du carburant va occasionner des pertes à la Sonabhy. Sur ce sujet, le ministre de l’Economie est prudent. Il déclare que les syndicats sont dans leur rôle de demander plus. Le Gouvernement lui est gardien de l’intérêt général et des grands équilibres, mais que les discussions sur le sujet ne sont pas fermées. Le constat des experts est que les baisses telles qu’effectuées ne profitent pas au plus grand nombre, alors que c’était cela l’objectif. Et il est probable, si les tendances actuelles persistent, que l’argent du contribuable serve à soutenir l’approvisionnement de la Sonabhy.
Parmi les mesures pour optimiser la gestion de la trésorerie, les audits de la Sonabhy et de la Sonabel ont été évoqués. Les réformes qui en ressortiront visent essentiellement la réduction des coûts. Pour la Sonabhy, le ministre a pris l’exemple du Mali qui avait un prix plus bas que le Burkina. o