Une conférence de presse en urgence le 3 mars. L’information à porter à l’opinion le commandait. Le Gouvernement n’a pas attendu le Conseil des ministres du lendemain pour donner la nouvelle de la baisse des prix de 25 FCFA sur le litre de carburant. Si l’information a été délivrée au pas de charge, le Gouvernement n’a pas moins pris les précautions d’usage en la matière. Rapport du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (Cidph), signature de l’arrêté interministériel, information des marketeurs et de toutes les directions concernées, sans oublier les responsables de la Ccvc et de l’Union d’action syndicale. Ces deux partenaires sociaux exigeaient une baisse comprise entre 100 et 150 francs CFA. Ils estimaient peu conséquente la réduction de 25 francs du 19 janvier dernier et en souhaitaient plus. En son temps, les explications de cette baisse de 25 FCFA seulement tenaient compte du cours du baril de Brent alors en baisse constante, du cours du dollar et de la nécessité de garder un mécanisme qui permette de garantir au pays la disponibilité des produits de qualité et la situation de tension de trésorerie de la Sonabhy.
Face à la pression de la rue, le Gouvernement lâche du lest à nouveau, un mois et demi après.
Il estime avoir fait un effort «qui amène la baisse du prix des produits pétroliers à un total de 33,33 % de la revendication de janvier 2015».
Mais présumant la réaction négative des partenaires sociaux, le ministre du Commerce, Hyppolite Dah, relativise: «La baisse n’est pas négligeable. Elle tient compte de la situation financière du pays».
Le 5 mars, la Coalition contre la vie chère (Ccvc) a jugé cette nouvelle baisse en deça des ses attentes. Elle soutient que l’Etat peut baisser certaines taxes sur le carburant et a rejeté le fait que le consommateur paie pour la mauvaise gestion des entreprises comme la Sonabel et la Sonabhy pour lesquelles elle demande un audit. Sur les futurs centres emplisseurs, il y a du nouveau. Sonabhy estime que son projet de second centre emplisseur sera conduit à terme et que les délais seront tenus. En décembre 2014, le directeur général de la société annonçait la disponibilité du centre dans les huit prochains mois pour un marché de 5 milliards environ. La construction est assurée par Parm-Afrique.
Par contre, il n’est plus sûr que le centre emplisseur de Sodigaz soit prêt pour le mois d’avril 2015. Le ministre du Commerce a déclaré qu’un comité a été mis sur pied afin de déterminer un cahier des charges pour les exploitants privés.
Lors de sa précédente rencontre avec la presse, le 5 février dernier, le ministre du commerce avait annoncé l’ouverture de l’emplissage au privé afin d’aider à juguler les pénuries récurrentes sur le marché du fait des capacités insuffisantes, pour faire face à la demande.
Dans ce cadre, le Gouvernement avait donné jusqu’en avril à la Sodigaz qui était partante pour se doter de son mini-centre emplisseur.
FW
«La Sonabhy n’a pas de problème de gestion ni de rentabilité»
Le Dg de la Sonabhy, Gametta Nacro, présent lors de l’annonce, a confirmé que pendant le statu quo, sa structure a pu engranger près de 10 milliards FCFA, toute chose qui lui a permis de souffler un peu. Tant que la baisse du prix baril se poursuivait, Sonabhy respirait. Mais il prévient, le baril et le dollar sont en train de repartir à la hausse, ce qui n’est pas un bon signe. Sur la santé financière de la Sonabhy, Mr Nacro a été clair. Sa société n’a pas de problème de gestion ni de rentabilité. Elle a un problème de liquidité. Elle est dans l’attente de 39 milliards de FCFA de la Sonabel et de 41 milliards de l’Etat au titre de la subvention. C’est de l’argent «dehors» qui l’oblige à emprunter auprès des banques, avec des frais financiers de l’ordre de 6 milliards.
Les prix dans les pays voisins
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les prix dans la région se tiennent, même si les systèmes de gestion sont très différents. Le Ghana reste le moins cher, tandis que le Mali devient le plus cher de la zone (source Sonabhy).