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Grève dans les industries: La Brakina touchée en plein cœur

Après la révolution populaire, place à la révolution des employés des industries. On assiste depuis quelque temps à des remue-ménage un peu partout dans les sociétés burkinabè. Après la Filsah, la Sofitex, Sap Olympic, Fasoplast et la Sitaci, c’est au tour des employés de la Sodibo/Brakina de partir en grève. Les 20 et 21 janvier, puis le 27, 28 et 29, les employés de la Sodibo/Brakina ont arrêté le travail afin de réclamer de meilleurs traitements.

Le syndicat revendique une hausse de 100% des salaires. Selon Marc Ollo Kambou, représentant des employés, cette revendication n’est pas fortuite.
Elle est basée sur les bons résultats des chiffres d’affaires de l’entreprise ces dernières années. «Nous avons pu mettre la main sur le rapport du conseil d’administration de la société. Au regard des chiffres, il est possible de revoir à la hausse les salaires des employés. En 2012, la Brakina a eu un chiffre d’affaires de 92 milliards, 106 milliards en 2013 et 126 milliards en 2014».
Face à cet argument, le Directeur de la Brakina, Marc Pozmentier, répond en ces termes: «Les accords signés avec les délégués en mars 2014 concernant les rémunérations de 2015 apportent au minimum 6,5% d’augmentation.
Contrairement à ce qu’on peut lire, les revalorisations salariales de 100 ou 200% ne sont pas faisables. Nous sommes une industrie et nous avons besoin de financer nos investissements et notre développement ».
Même si la situation est calme pour le moment, il n’est pas exclu que le mouvement syndical de la Brakina reparte à nouveau en grève.
A l’heure actuelle, les concertations entre les deux parties sont interrompues. Chacune rejetant le refus de négocier à l’autre. Le mouvement demande la satisfaction de quatre revendications majeures. Ce sont le relèvement généralisé des salaires de l’ensemble du personnel, les dossiers sociaux de 1994 et 2004, la reprise du dialogue sur les accords d’établissement et les conditions générales de sécurité et d’hygiène au sein de l’entreprise (voir L’Economiste du Faso N°95). Selon le directeur général de la Brakina, de nombreux points de la revendication étaient déjà sur la table de discussions et certains avaient déjà été l’objet d’accords signés entre les deux parties. «Il est important pour nous d’indiquer que des accords entre les délégués du personnel et la direction ont été signés en mars 2014 concernant le traitement salarial de 2015. Il nous paraissait un peu compliqué de revenir sur ce dossier qui avait déjà été validé 9 mois plutôt. En ce qui concerne les dossiers sociaux de 1994, les délégués du personnel se prévalent d’un document qu’ils auraient en leur possession dans lequel la Brakina serait condamnée mais malheureusement, nous n’avions pas connaissance de ce document. Il ne nous a été remis que le 23 janvier dernier et nous ne voyons aucune condamnation de la Brakina dans ce dossier». Du côté des syndicalistes, c’est un autre son de cloche.
Selon Marc Kambou, les revendications n’ont croisé une oreille attentive, d’où l’ultime solution qui était la grève: «Les discussions en interne avec notre direction ont démarré en 2008. Nous n’avons pas pu nous accorder sur les différents points. En juillet 2011, nous avons dû saisir la Direction générale du travail autour de ces quatre points. Deux points d’accords ont été trouvés mais par la suite, cela n’a pas été matérialisé. Après avoir attendu une réaction qui ne venait pas, nous avons donc introduit un préavis de grève le 5 janvier». Cette situation inquiète toute la chaîne de consommation. Les gérants des caves affectés par la situation de la Brakina ne décolèrent pas. Surpris par cette grève des employés, ils n’ont pas eu le temps de faire des provisions pour la période et se retrouvent donc avec des stocks épuisés. Résultats, les chiffres d’affaires ont baissé et les clients sont insatisfaits. Sur ce fait, Alexandre Ouédraogo, gérant d’une cave s’exprime: «Nous avons été surpris par la grève. Résultats, nous n’avons pas pu faire des réserves pour la période. Nos stocks se sont épuisés et les clients n’avaient pas accès à la marchandise. Nous sommes très en colère car même si cette situation est un problème entre la Brakina et ses employés, elle nous concerne tous. A cause de la grève, plusieurs éléments de la chaîne ont été paralysés. Il faudra donc nous éviter pareille situation à l’avenir». Selon les statistiques de la Brakina, c’est un chiffre d’affaires de plus de 500 millions de F CFA par jour hors taxe qui sont perdus et 150 millions de taxes et impôts perdus par l’Etat. Loin d’impacter seuls les responsables de la société, la grève des employés a également perturbé toute la chaîne, vendeurs de céréales, transporteurs, cavistes, mais aussi les consommateurs.
«Ce week-end, nous avons eu des difficultés à trouver certaines marques de bières dans les maquis. La raison évoquée était la grève des employés de la Brakina. Déjà que nous avons des soucis dans ce pays, si nous ne pouvons plus boire tranquillement la bière qu’allons-nous devenir ? Ils peuvent tout faire, mais il ne faut pas nous enlever le plaisir de noyer nos soucis dans les maquis», affirme Marius Kologo, un consommateur.

 


 

1,5 million de bouteilles par jour

La Brakina a été créée dans les années 60. Elle compte 540 employés permanents et 400 intérimaires. Son capital est de 2,520 milliards. Cette société reverse plus de 150 millions par jour en taxes et impôts à l’Etat burkinabè. Sa production moyenne est de 1,5 million de bouteilles par jours. La Brakina compte deux sites de production, Ouaga et Bobo, et des centres de distribution à Ouaga, Bobo, Koupéla et Koudougou.

Germaine BIRBA

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