Les pays de l’Uemoa font des efforts pour replacer leurs économies sur les rails de la convergence. C’est ce qu’indique le rapport de la surveillance multilatérale de fin décembre 2014. Le document portant sur une évaluation des performances de l’année 2014 à la lumière des réalisations du premier semestre a examiné les programmes pluriannuels de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité sur la période 2015-2019, des huit Etats membres de l’Union. L’analyse de la situation économique et financière de l’Union en 2014 relève que l’activité économique de la zone enregistrerait un taux de croissance de 6,8%, contre 5,8% en 2013.
L’accélération concernerait tous les Etats membres. Cette activité, précise-t-on, se déroulerait dans un contexte marqué par une absence de hausse des prix. Le taux d’inflation annuel moyen ressortirait à -0,2%, contre 1,5% en 2013. Une accélération de la croissance est également attendue en 2015, avec un taux de 7,2% dans un contexte d’évolution modérée des prix.
Tous les Etats membres enregistreraient de bonnes performances. Toutefois, des inquiétudes subsistent en raison des risques qui pèsent sur ces perspectives, notamment la baisse de la demande en provenance de la Zone euro, principal partenaire économique de l’Union, la crise sécuritaire dans la zone du Sahel, l’épidémie à virus Ebola et les éventuelles contestations post-électorales, car plusieurs élections sont prévues en 2015 dans la sous-région.
S’agissant de la situation des finances publiques, elle serait caractérisée en 2014 par une aggravation des déficits budgétaires, expliquée par une plus forte progression des dépenses. Le déficit global représenterait 2,9% du Pib, contre 3,1% en 2013. Il augmenterait en 2015 pour représenter 3,3% du Pib.
Analysant l’état de la convergence, le rapport souligne que la plupart des Etats membres devraient réaliser les conditions suffisantes de convergence à l’horizon 2019. Toutefois, nuance-t-il, cela pourrait s’opérer dans bien des cas par un ajustement des dépenses et non par un effort sensible de recouvrement de recettes fiscales, ce qui paraît plus difficile dans un contexte de lutte contre la pauvreté et de mise en place de l’assurance maladie dans la plupart des Etats membres.
Ainsi, outre la stabilité sociopolitique et la diversification de la base productive, l’amélioration de la pression fiscale demeure l’un des défis à relever au cours des cinq prochaines années afin de maintenir le rythme actuel de croissance économique et d’assurer une convergence durable des économies de l’Union.
Etat de la convergence
Le point fait à la date du 10 décembre 2014 donnait la situation suivante, en ce qui concerne les 3 critères de premier rang.
Le Ratio solde budgétaire global, dons compris, sur le Pib nominal supérieur ou égal à -3%, est respecté par quatre pays, à savoir le Bénin (-1,3%), le Burkina Faso (-1,5%), la Côte d’Ivoire (-2,2%) et le Mali (-1,3%). En 2015, seuls le Bénin, le Burkina et le Mali respecteraient ce critère. En 2015, le taux d’inflation annuel moyen de 3% maximum par an serait respecté par tous les États membres, contre trois en 2014. Il est de même pour le ratio de l’encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au Pib nominal, qui doit être inférieur ou égal à 70%, respecté par tous les huit pays en 2014 et le sera en 2015.
Dans l’ordre des critères de second rang, trois pays respecteraient le ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales (inférieur ou égal à 35%). Il s’agit du Niger, du Sénégal et du Togo auxquels viendra s’ajouter le Mali en 2015. La norme relative au taux de pression fiscale (supérieur ou égal à 20%) semble difficile à satisfaire par les pays. Aucun des Etats membres n’y est parvenu en 2014.
Aucune amélioration sensible n’est attendue à cet effet en 2015. Les données du rapport de la surveillance multilatérale indiquent que le taux de pression fiscale se présente par pays comme suit : 16,9% pour Bénin, 16,0% pour le Burkina Faso, 15,6% pour la Côte d’Ivoire. La Guinée-Bissau présente un taux de 6,0%, le Mali 15,9%, le Niger a 16,7%, Sénégal tient 18,9% et Togo indique 18,7%.Christian KONE