Le Comité technique de suivi du projet de renforcement des capacités productives et commerciales de la filière sésame a tenu sa réunion trimestrielle en décembre dernier à Koudougou.
Cette dernière concertation de l’année 2014 a réuni les différents points focaux, les partenaires techniques et financiers, le Cadre intégré renforcé (Cir) et le Pda/Giz. L’ordre du jour était de faire le bilan à mi-parcours du projet et d’évaluer ses forces et ses faiblesses. Les acteurs de la filière sésame ont reproché une lenteur dans l’exécution du projet due aux procédures assez complexes de la Giz. Toutefois, le Cir s’est voulu rassurant en dissociant les responsabilités.
Désormais, la Coopération allemande aura la charge de l’aspect financier du projet, tandis que les aspects techniques seront à la charge des structures techniques et des acteurs. Cette situation qui dure depuis le lancement du projet en mai 2013 a occasionné un sérieux retard dans l’exécution des travaux du projet, toute chose qui inquiète des acteurs de la filière sésame comme Cyprien Vélegda, directeur commercial du groupe Vélegda, exportateur de sésame.
«Nous attendons de ce projet la mise en place des activités prévues. Cependant, avec le grand retard accusé, nous ne savons pas si toutes les activités le seront avant la fin du projet. Dès le départ, les partenaires n’ont pas compris la procédure de la Coopération allemande, car celle-ci diffère des procédures habituelles. Tous les dossiers ont été rejetés parce que non conformes, ce qui a retardé longuement la mise en place de certaines activités».
Du côté du Cir, on se veut rassurant: «Il est vrai que nous avons été face à certaines difficultés au début du projet, car les acteurs et les sous-traitants ne comprenaient pas les procédures de la Giz. Cependant, tout est rentré dans l’ordre, car nous avons tenu une rencontre du comité technique de suivi qui a examiné, sur recommandation du Cir, le format de la coopération. L’idée de départ était que la Giz soustraite avec les structures les aspects techniques et financiers».
Pour M. Vélegda, c’est au niveau de l’aspect financier que se trouve le problème. «En juillet dernier, nous avons donc procédé à une redistribution des rôles. Ainsi, les structures techniques et les acteurs s’occuperont de l’aspect technique et la Giz de l’aspect financier», affirme pour sa part Sériba Ouattara, coordonnateur du Cir.
A mi-parcours du projet
Depuis le lancement du projet en mai 2013, des actions ont été posées au niveau des différentes composantes. En ce qui concerne la structuration des acteurs, 7 Unions régionales des producteurs ont été mises en place. Il en reste encore 6. Au niveau des exportateurs et commerçants de sésame, une association nationale des commerçants et exportateurs a vu le jour.
Selon Sériba Ouattara, il ne reste plus qu’à mettre en place le dernier maillon de la chaîne qui est l’interprofession de la filière. En ce qui concerne l’aspect technique du projet, de nombreuses formations ont été distillées aux producteurs et des semences de base ont été distribuées.
Des voyages d’études ont également permis aux producteurs et exportateurs de s’imprégner des modèles d’autres pays et de nouer des contacts. L’aspect financement n’a pas été omis. Un plaidoyer a été initié et adressé aux institutions financières afin qu’elles facilitent l’accès au crédit.
L’action du Gouvernement
Le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (Mica) a signé une convention avec la Giz (Coopération allemande) le 20 mai 2013. Cette convention fait suite au projet de renforcement des capacités productives et commerciales de la filière sésame. Ce projet géré par le Mica sera exécuté sur la base d’un contrat par le Programme de développement de l’agriculture de la Giz (Pda/Giz), sous la supervision de l’Unité nationale de mise en œuvre du Cir (Unmo/Cir).
Financé à hauteur de 1,390 milliard de FCFA dont 86% par le fonds d’affectation spécial du Cadre intégré renforcé (Cir), soit 1,20 milliard de FCFA, et 14% par l’Etat burkinabè (190 millions), ce projet a pour but, entre autres, de soutenir l’organisation interprofessionnelle des acteurs de la filière sésame, de renforcer les capacités techniques et technologiques en matière de production et d’amélioration de la qualité du sésame, d’accroître le volume de la collecte et des exportations, de renforcer les capacités opérationnelles des unités de transformation existantes et d’améliorer l’accès aux financements par les acteurs de la filière. Il est prévu pour s’étendre sur une période de 3 ans, avec une couverture nationale. Les acteurs de la filière sont plus ou moins satisfaits du processus du projet.
«Il nous permettra de mieux nous organiser et d’engager la filière sésame dans la dynamique d’un produit d’exportation, avec le label burkinabè», a expliqué Cyprien Vélegda, exportateur de sésame. Celui-ci déplore dans le même temps la lenteur dans les décaissements qui affecte parfois certains de leurs projets.
«Dans le cadre de la pratique, nous avons eu quelques petites difficultés avec l’organe d’exécution. Un voyage d’études en Ethiopie était prévu avant la fin de l’année 2014, dans la perspective de nous inspirer du modèle éthiopien pour la campagne agricole 2014/2015.
Malheureusement, le projet a échoué car à la dernière minute, la Giz nous a fait savoir qu’elle n’avait pas d’argent pour financier ce voyage. Il a donc été reporté. Cependant, la campagne agricole a déjà commencé et nous n’avons toujours pas de date précise pour ce voyage». L’aspect financier est également un volet que regrettent les responsables du Cir qui l’imputent à un problème de décaissement et de disponibilité des fonds.Germaine BIRBA