Le Cadre intégré renforcé (Cir) a lancé le projet d’appui à la commercialisation de la mangue séchée et de la noix de cajou transformée depuis juillet 2014. D’un coût global de 1,58 milliard de F CFA, ce projet est financé par le Cir à 88,2%, ce qui représente la somme de 1,35 milliard et le Gouvernement à 14%, soit 23 millions. La durée du projet est de 3 ans et les bénéficiaires sont les acteurs directs des maillons transformation et commercialisation de la mangue séchée et de la noix de cajou transformée.
«Le projet lancé par la Cir est très important, car il permettra de booster le secteur et de mieux le structurer. La mangue et la noix de cajou sont des fruits très demandés à travers le monde. La production au Burkina Faso est assez importante, mais mal organisée. C’est dans ce cadre que ce projet prend toute sa valeur», affirme Paulin Zambélongo, expert en politique commerciale au Cir.
L’objectif de ce projet est de contribuer à l’accroissement des recettes d’exploitation
de ces produits, mais aussi de renforcer les capacités organisationnelles des acteurs, d’améliorer les capacités techniques et technologiques des unités de transformation, d’ accroître le volume des exportations de la mangue séchée et de la noix de cajou transformée et enfin d’améliorer l’accès des acteurs aux services financiers. Il devrait à terme permettre l’accroissement de 20% des recettes de la mangue séchée et de la noix de cajou transformée. Et permettre également l’accroissement des revenus des acteurs de 10% et la création de plus de 150 emplois au sein des unités de transformation. La mangue est l’un des produits fruitiers les plus dominants au Burkina Faso, avec 58% des vergers et 56% de la production fruitière nationale selon le Cir.
Celle-ci occupe une place importante dans l’économie du pays. Le volume de la production annuelle est estimé entre 160.000 et 200.000 tonnes. Cependant, les quantités à l’exportation restent faibles. Le Recensement général de l’agriculture (Rga) de 2008 évoque un potentiel de production annuelle d’environ 337.000 tonnes, pour un total de 2.274.035 pieds repartis sur une surface de 12.250 ha. Chaque année, c’est plus de 12.500 tonnes de mangue qui sont transformées sur place, soit moins de 5% de la production totale. Le séchage représente 82% de la transformation, et plus de 75% sont destinés à l’exportation. Selon les données collectées auprès des acteurs, le Burkina Faso aurait exporté, en 2011, 426 tonnes de mangue séchée dont la valeur est estimée à plus de 1,7 milliard de F CFA.
En ce qui concerne la noix de cajou, le pays compte environ 9.671.648 pieds d’anacardiers. Sa production est estimée à 30.000 tonnes. Tout comme la mangue, la noix de cajou est transformée par différentes structures dont une organisation des transformateurs: l’Association nationale des transformateurs de l’anacarde du Burkina Faso (Anta-BF). Elle comprend une dizaine d’unités de transformation dont le potentiel est estimé à environ 9.000 tonnes et emploie plus de 3.150 personnes dont la majorité est des femmes (92%). Selon les données de l’Agence pour la promotion des exportations du Burkina (Apex-Burkina), la valeur des exportations de noix de cajou sans coque a fortement évoluée au cours de ces dernières années. Elle est passée de 128 millions de FCFA en 2008, à plus de 3 milliards de FCFA en 2012.
Les informations disponibles ne permettent pas d’apprécier l’évolution des quantités exportées les cinq dernières années, mais entre 2011 et 2012, elles sont passées de 2.757 tonnes à 3.075 tonnes, soit une progression de près de 12%. Les principaux pays exportateurs sont le Viet Nam et l’Inde qui totalisent 75% des exportations de noix de cajou sans coque, soit respectivement 44% et 31%. Les Etats-Unis d’Amérique sont le premier importateur de noix de cajou sans coque, avec 33% des importations totales. Ils sont suivis par les Pays-Bas (11%) et l’Allemagne (9%).o
Germaine BIRBA
Les difficultés de la filière
Malgré cette performance, les exportations burkinabè de mangue séchée restent confrontées à un certain nombre de contraintes qui limitent la compétitivit
é du pays sur le marché international. Il s’agit principalement :
– du coût élevé du transport ;
– de la faible connaissance des opportunités de marché et de la faible maîtrise des conditions d’accès ;
– du coût élevé de la certification ;
– de l’inadaptation des emballages et leur coût élevé ;
– du non-respect des contrats par certains exportateurs ;
– du faible niveau de promotion de la mangue séchée du Burkina Faso sur le marché national, régional et international ;
– de la faible capacité des exportateurs en management, sur les aspects juridiques du commerce international, les techniques de tri et de conditionnement, la participation aux foires et missions commerciales.
Les exportateurs connaissent également leurs lots de difficultés qui ne leur facilitent pas toujours la tâche. Ce sont:
– les faibles capacités organisationnelles des acteurs ;
– l’insuffisance de formation et d’accompagnement des acteurs dans la professionnalisation ;
– le manque de visibilité des acteurs ;
– le manque de professionnalisme dans la conduite des relations contractuelles.o