La saison 2014-2015 de la chasse est ouverte depuis le 1er décembre. Contrairement aux rumeurs qui faisaient cas d’une possible fermeture de la chasse à cause de la maladie à virus Ebola qui sévit actuellement dans la sous-région, il n’en est rien. Les chasseurs pourront sans crainte reprendre leur passion jusqu’au 30 avril prochain. Néanmoins, des mesures de précaution ont été prises par le ministère de l’Environnement et des ressources halieutiques dans le cadre de la lutte contre Ebola. La chasse aux espèces incriminées (roussettes, rongeurs et primates) reste suspendue. Un plan de communication pour informer et sensibiliser le public sur la faune et le respect de la réglementation et des mesures de suspension de la chasse des espèces incriminées est en cours. Il s’agit principalement de l’interdiction d’importation de viande à partir des pays voisins, le suivi des marchands restaurateurs en viande, la conduite d’études et de recherches sur le portage de bactéries et de virus chez les roussettes, les rongeurs et les primates, et la formation des agents aux collectes des données biologiques.
Tout est en train d’être mis en place pour que cette saison se passe bien, explique Pierre Kafando, directeur de la faune et des chasses. «La chasse ne sera pas fermée comme le prétendent certains. Cependant, dans le cadre du plan de riposte contre la maladie à virus Ebola, nous avons suspendu la chasse aux roussettes depuis la saison précédente. Cette mesure reste en vigueur. En plus, nous allons mener un certain nombre d’activités de sensibilisation et de formation. Les premières images diffusées par les médias ont créé une grande peur chez la population. Cependant, ce ne sont pas toutes les espèces qui sont incriminées. Nous allons donc mener une campagne d’information pour rétablir les choses», a-t-il expliqué.
Le secteur de la chasse emploie des milliers de personnes et est source de revenus pour le pays. La dernière campagne a été bonne malgré les nombreuses difficultés, la crise économique et financière internationale persistante, l’insécurité dans la région ouest-africaine qui se traduit par des risques de prises d’otages (Aqmi au Sahel), l’avènement de la maladie à virus Ebola dans un pays frontalier du Burkina Faso.
Selon le bilan du ministère, les recettes de la chasse sont chiffrées à 1,45 milliard de FCFA. Cet argent se répartit comme suit, plus de 450 millions pour le Trésor public, soit 31,05% des recettes, 927 millions pour les concessionnaires (63%) et 3,70% pour les communautés riveraines et les collectivités. Ce sont au total 2.149 permis de chasse qui ont été délivrés. 1.854 mammifères abattus dont 720 grands mammifères et 17.882 oiseaux. La production de viande est estimée à plus de 139 tonnes. Celle-ci a été redistribuée dans les villages riverains des concessions.
La destination Burkina Faso commençait à être appréciée par les touristes-chasseurs, avec un total de 1.676 chasseurs sportifs, 576 sont des chasseurs touristes. Cette saison aurait été encore meilleure après la participation du Burkina Faso en tant qu’invité d’honneur au salon de la 33e édition du Game fair de Chambord ou grand salon de la faune et de la nature, l’un des plus grands rendez-vous annuels des professionnels de la faune et du tourisme, du 13 au 15 juin 2014 en France. De nombreux contacts ont été pris durant ce salon où toutes les réservations affichaient complet. Cependant, avec l’épidémie de la maladie à virus Ebola, beaucoup ont annulé leurs réservations. Néanmoins, Pierre Kafando reste optimiste: «Au niveau national, nous avons une tradition de chasse. La chasse n’est donc pas que pour les étrangers. Bien qu’il y ait Ebola, ce qui fait que beaucoup ont peur de venir en Afrique, cela ne va cependant pas empêcher les nationaux de s’adonner à leur plaisir».
Germaine BIRBA
Les zones de chasse
La plupart des zones de chasse sont situées à l’Est du pays, qui en compte au total 11. Le pays met également l’accent sur la protection de la faune et de la flore. Le domaine classé à vocation faunique de l’Etat est estimé à plus de 3,5 millions d’hectares, soit 13% du territoire national. Ces aires sont les 2 parcs nationaux W et Kaboré Tambi qui sont exclusivement réservés au tourisme de vision, 4 réserves totales de faune, 7 réserves partielles de faune, un ranch au gibier, 2 forêts classées à vocation faunique, 4 zones cynégétiques, 1 refuge local et plusieurs dizaines de zones villageoises d’intérêt cynégétique. En ce qui concerne les aires à statut international, le Burkina compte 2 réserves de biosphère que sont le parc W et la mare aux hippopotames de Bala, et quinze zones humides pour la conservation des oiseaux.o