Plus de 5 millions de kg de gaz sortiront de la Sonabhy, rien que pour ce mois de décembre 2014, selon les estimations de la Nationale des hydrocarbures. Ce chiffre traduit la tendance haussière de la consommation de gaz butane au Burkina. En effet, la vente de gaz butane croît en moyenne de 19% l’an depuis 2010 et doublerait tous les cinq selon les techniciens de la Nationale des hydrocarbures.
Si le pari de la disponibilité du gaz est tenu par les dirigeants de la Sonabhy dont c’est une des missions principales, sa mise à disposition aux consommateurs quant à elle connaît quelques ratés du fait justement de la forte demande. Le seul centre emplisseur est obligé de tourner à plein régime 24/24 pour alimenter les sociétés de distribution en bouteilles pleines.
Afin de tenir le rythme de cette demande sans cesse croissante en gaz butane, la Sonabhy a décidé de construire un second centre emplisseur de bouteilles dans le dépôt de Bingo. Objectif : augmenter et moderniser les capacités d’emplissage de bouteilles du dépôt de 130 à 150%.
Le lancement des travaux de ce nouveau centre a été annoncé par le directeur général, Gambetta Aboubacar Nacro, le 9 décembre dernier à Bingo. Les travaux qui vont durer entre 6 et 8 mois et coûter près de 5 milliards sont dirigés par la société Parmafrique, filiale du groupe Parlym, la même société qui avait construit le premier centre emplisseur de Bingo en 2008.
Ledit centre tourne toujours en plein régime, n’eut été la période de flottement provoquée par l’instauration du couvre-feu consécutive à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers. Les responsables de la Sonabhy expliquent les tensions actuelles par cette situation exceptionnelle.
La direction a donc démenti toute pénurie de gaz : «Avant l’instauration du couvre-feu, nos employés travaillaient déjà 24h sur 24 pour assurer la disponibilité du gaz aux distributeurs. Il est vrai qu’avec l’instauration du couvre-feu, nous avons dû réaménager notre planning et nous avons perdu du temps, c’est ce temps que nous voulons rattraper, mais même en travaillant 24h sur 24, il nous faudra patienter pour pouvoir retrouver notre rythme d’avant, mais cela ne signifie pas que nous n’avons pas de gaz, puisque les bouteilles sont remplies 24h sur 24», a justifié Aboubacar Nacro, le Dg.
Une visite sur le site du dépôt de Bingo confirme en effet que le premier centre emplisseur est en activité, ce qui signifie qu’il y a du gaz et la rotation des camions des distributeurs confirme également que le marché est approvisionné.
En attendant que le marché du gaz retrouve toute sa fluidité avec la mise en service de la nouvelle infrastructure, cette tension fait les beaux jours de certains commerçants qui font de la surenchère au niveau des prix.
Dans certains dépôts dans la ville de Ouagadougou, la bouteille de 12 kg qui se recharge à 5.000 FCFA, l’est actuellement à 6.000. Celle de 6kg, revient à 3.000 F CFA.
Une marge de 1.000 F CFA que certains commerçants n’hésitent pas à ajouter sur le prix plancher du gaz. Prétextant le manque de bouteilles pleines sur le marché, ceux-ci dictent leur loi, souvent à des consommateurs défaitistes. «Cela dure deux jours que je recherche le gaz ; les 12 kg proposés à 6.000 F CFA, je n’ai pas beaucoup hésité», a déclaré Laure Kambiré, une ménagère.
Si cette pénurie artificielle continue, c’est le marché du gaz tout entier qui connaîtra des remous à cette veille des fêtes de fin d’année. o
Sandrine SAWADOGO