L’insurrection populaire du 30 octobre dernier a laissé un goût amer à de nombreuses personnes. La ville de Ouagadougou fut le théâtre de plusieurs actes de vandalisme. Magasins, maisons, commerces, rien a été épargné. Incompréhension, stupéfaction, tels sont les ressentis des victimes qui ont pour la plupart perdu gros. L’entreprise Ebomaf évalue ses pertes à plus de 2 milliards de F CFA.
Son usine située à Kossodo a reçu la visite des malfaiteurs qui l’ont mise à sac. A l’aide de charrettes, tricycles et autres, les manifestants ont ramassé des pneus, des pots de peinture, de l’électroménager, des ordinateurs, mais aussi du matériel et des engins. «Tout le contenu des conteneurs, des entrepôts et des magasins a été littéralement pillé. Ce qui ne pouvait pas l’être, comme les carreaux en marbre, les engins à quatre et deux roues, le bitume dans les fûts, a été détruit sur place. Les dégâts sont considérables et pèsent lourdement sur les investissements de la société, notamment ses nouvelles acquisitions en pièces de rechange pour l’ensemble des travaux routiers et en matériaux de construction destinés aux chantiers de Dédougou, dans le cadre de la fête nationale du 11-Décembre prochain», affirme un des responsables de la société. La même scène s’est produite à l’usine de montage des motocyclettes de Kaizer à Kossodo. Selon les témoins, c’est au environ de 18h qu’une foule immense à forcer les portes de l’entreprise pour se ravitailler en motos de tout genre. Informé, le directeur de la société s’est tout de suite rendu à la gendarmerie pour signaler le forfait. Sur les lieux, vers 22h30, c’est impuissant qu’il constate le pillage de son usine.
Selon un bilan provisoire, plus de 2.000 motos et tricycles de toutes marques auraient été emportés, sans compter les pièces détachées et autres. Des personnes ont été interpellées puis relaxées par la gendarmerie. Le seul recours actuel pour la société est la négociation. Avec l’aide des chefs coutumiers du quartier, ses responsables en appellent au bon sens de la population pour qu’elle ramène les motos.
A ce jour, seule une centaine de motos a été récupérée. Le désarroi est total pour le directeur général, Omar Ouédraogo, qui ne comprend pas pourquoi sa société a été la cible de ces vandales. «Je suis dans l’incompréhension face à cet acte. L’insurrection populaire avait un but précis. Nous ne pensions pas que Kossodo était dans la ligne de mire des manifestants. Nous ne sommes en aucun cas concernés, alors pourquoi s’attaquer à nos investissements et risquer de mettre à mal les entreprises ? Nous avons été sérieusement affectés par cette situation», déplore-t-il. Tous les regards sont à présent tournés vers l’Etat de transition. Comment va-t-il réagir ? La question est sur toutes les lèvres, d’autant plus que la plupart des entreprises vandalisées ne recevront pas de dédommagements de la part des assurances (Voir P.19). Elles comptent beaucoup sur un possible dédommagement. Déjà, les négociations vont bon train. Le Lieutenant-Colonel Yacouba Zida a reçu la semaine dernière les représentants des opérateurs économiques comme le Scimpex, le Patronat, les représentants de la Chambre du commerce. Un comité d’indemnisation sera mis en place pour soulager des victimes qui attendent la suite des concertations.
Pas d’assurance pillage
Les entreprises vandalisées ne sont pas encore sorties de l’auberge. D’après les recherches de L’Economiste du Faso, aucune assurance ne couvre le pillage de leurs sociétés. Que ce soit celle dénommée Multirisques ou risques divers ou même l’Iard, aucune formule de nos sociétés d’assurances ne couvre pas le remboursement de casses dues à une émeute.
Il est vrai que dans l’assurance Multirisques, il ressort, par exemple au niveau de la Générale des Assurance, que l’assuré bénéficie du remboursement des objets volés par effraction dans les locaux assurés, mais il ne prend pas en compte le fait qu’il s’agisse d’un mouvement de foule.
Ces sociétés n’ont plus qu’à espérer que le comité d’indemnisation mis en place par les autorités de la transition les dédommage au plus tôt.Germaine BIRBA