Mutualiser les expériences et les actions pour franchir le cap de la massification des effectifs et améliorer la participation à la production du savoir mondial, tout en assurant la formation de ressources humaines hautement qualifiées pour des économies ouest-africaines. C’est la volonté politique affichée par les ministres en charge de l’Enseignement supérieur de l’espace Uemoa. En conclave à Ouagadougou à la faveur d’une concertation régionale sur l’enseignement supérieur et la recherche, ces premiers décideurs ont produit, le 16 octobre 2014, une déclaration dite de Ouagadougou qu’ils promettent de soutenir de toutes leurs énergies. Le plaidoyer milite en faveur d’une meilleure approche régionale d’intervention dans l’enseignement supérieur pour résoudre les problèmes liés à l’accès au financement, à la qualité, à la pertinence, ainsi qu’à la gouvernance et aux politiques de recherche.
Aider les apprenants dans les grandes écoles à «étudier autrement», les enseignants à «enseigner autrement» et les gestionnaires de l’enseignement supérieur «à gérer et piloter autrement», c’est à cela que tendent les efforts déployés en commun, selon l’hôte de la réunion, Moussa Ouattara, le ministre de l’Enseignement supérieur du Burkina Faso. L’Uemoa, l’initiatrice des concertations nationales couronnées par cette réflexion sous-régionale, pense avoir saisi le moment propice pour faire «des bons en avant», en tirant le maximum profit des avantages des huit Etats en relevant les standards d’accès, de pertinence et de qualité des systèmes d’enseignement supérieur de la région, afin de réussir ce que d’autres pays du monde ont réussi en l’espace d’une cinquantaine d’années.
«Il nous est possible de relever ce défi dans un contexte où tout le monde nous crédite de notre potentiel de croissance, de notre dynamisme démographique avec une population constituée à plus de 45% de jeunes, et de l’attrait de plus en plus grand pour nos ressources», soutient Essowé Barkola, le Commissaire de l’Uemoa, parlant au nom du président de la Commission.
Mais, comme le souligne la Déclaration de Ouagadougou sur l’enseignement supérieur et la recherche dans les pays membres de l’Uemoa, «les potentialités démographiques et économiques ne pourraient être transformées en atout économique sans une masse critique de ressources humaines hautement formées dans les secteurs économiques les plus dynamiques des Etats».
Cap sur le développement du capital humain
L’instance communautaire s’active à réussir la mise en œuvre du Programme d’appui à l’enseignement supérieur (Paes), qui a permis d’importantes réalisations, pour l’accompagnement de la réforme Licence-Master-Doctorat et l’élaboration des curricula de 22 filières porteuses en cours d’’implantation dans les Etats. Dans les perspectives de la phase 2 du Paes, un appel est lancé à tous les partenaires au développement, «pour qu’ils accroissent les ressources dédiées au capital humain et à l’enseignement supérieur, tout en adaptant leurs mécanismes de financement à ce secteur si particulier». La Banque africaine de développement (Bad), principal soutien financier de l’Uemoa dans les programmes dédiés à l’enseignement supérieur, pour qui le développement du capital humain est une priorité, est prête à inscrire son appui dans la durée. Les opérations de la Bad sont basées sur les priorités, identifiées par les pays membres régionaux et matérialisées dans le document de stratégie pays de chacun d’entre eux. Il revient donc aux acteurs «de prendre les initiatives et de faire le plaidoyer interne nécessaire pour que la Banque puisse les appuyer dans leurs efforts de transformation de l’enseignement supérieur», confie Ginette Nzau-Muteta, la représentante résidente de la Bad au Burkina.
Christian KONE