Depuis le lancement le 17 mai dernier du projet national de traitement et de valorisation des sachets plastiques (Pntvdp), les fonctionnaires du ministère de l’Environnement et du développement durable (Medd) ont pris leur bâton de pèlerin pour parcourir les régions du Burkina en vue de sensibiliser les populations sur l’opportunité de gain d’argent que représente cette initiative.
Les 3 milliards et demi mis à la disposition du projet par le budget national serviront à collecter, à transporter, à stocker et à valoriser les sachets plastiques non biodégradables en objets utilitaires après leur passage dans les centres de traitement et de broyage qui seront installés dans chacune des 13 régions. Les populations, regroupées en associations et agissant chacune à son compte peuvent collecter les sachets plastiques et les vendre auprès des structures du ministère de l’Environnement. Rachetés, entre 125 et 200 F CFA le kilogramme, ces déchets ont pris une valeur marchande considérable et constituent, à l’heure actuelle, une source de revenus pour de nombreuses associations féminines reparties sur le territoire.
La création des emplois verts souhaités par le ministère semble en marche. Selon Arsène Somé de l’équipe de coordination du Pntvdp, les opérations de rachats des matières plastiques organisées dans plusieurs régions du pays ont déjà permis de récolter plus de 115,42 tonnes pour environ 14,3 millions de F CFA payés cash aux collecteurs (190 hommes et 9.958 femmes), répartis entre 56 associations et 4 particuliers.
À Cette allure, d’ici à 3 ans, c’est-à-dire avant la fin du projet, grâce aux comités régionaux chargés d’acheter de façon continue les déchets plastiques, il y a de fortes chances qu’on atteigne en partie les objectifs visés par l’adoption de la loi N° 017-2014/AN du 21 mai 2014, portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables.
D’après Watta Ouédraogo/Koulibaly, la directrice de l’assainissement et de la prévention des risques environnementaux au Medd, c’est en cette loi que le Gouvernement place son espoir de voir éliminer la propagation dans le milieu naturel des déchets plastiques générés par l’utilisation non rationnelle des emballages et sachets plastiques non biodégradables, en vue de l’assainissement du cadre de vie des populations. Si des efforts sont faits pour inciter les populations à débarrasser le territoire des sachets et emballages plastiques indésirables, en récompensant financièrement leur contribution, les autorités se préparent aussi à sanctionner, ceux qui rameront à contre-courant de la volonté affichée.
Le temps du biodégradable
Il fait bien de rappeler qu’une peine d’emprisonnement de trois mois à cinq ans et une amende de cent mille (100.000) à dix millions (10.000.000) de F CFA, ou de l’une de ces deux peines, pourrait être infligée à quiconque produit, importe, commercialise ou distribue des emballages et sachets plastiques non biodégradables en violation des dispositions de la présente loi. En cas de récidive, la peine est portée au double. Tout est donc mis en œuvre pour promouvoir l’utilisation des emballages et sachets plastiques biodégradables. Des entreprises locales et étrangères se positionnent pour profiter du gros marché à venir. L’activité sera suivie de près par le Medd, conformément à la loi qui précise que la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques biodégradables ne sont autorisées qu’après homologation par les services compétents des ministères en charge de l’Environnement et du développement durable, de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat.
Christian KONE