Jusqu’au 23 juillet 2014 à la rotonde de l’Institut français de Ouagadougou, les amoureux de la peinture sont invités à découvrir «Rétrospective». L’utilisation décalée de la couleur par Jean Nana permet de rehausser l’ensemble de sa composition en mettant l’accent sur certaines zones d’importance.
Elle indique aisément à l’œil où se poser et comment circuler dans le tableau. Exubérance, joie, poésie et fête, voilà comment s’exprime ce «poète» de la peinture. Les traits nets, méticuleux et précis, on retrouve beaucoup de douceur, de poésie et de lyrisme dans ses œuvres. Son inspiration ? Il la puise aussi bien dans l’actualité que dans l’admiration de l’art gothique, de peintres de la Renaissance, Tintoret, Titien… tout en regardant du côté de Chagall, Dali et Segall.
Jean Nana est amoureux de cet art dès l’enfance, il dessine, des dessins de chanteurs à la mode, sur des crèches de Noël, etc. Comme beaucoup d’autres gosses de son âge. Mais un désir de capturer la société et ses ambigüités naît en lui. Sur ces gravures appliquées à la main a posteriori, la couleur déborde, s’étale comme pour sortir du réalisme induit par le trait de la gravure, pour insérer du rêve, de la magie, de la légèreté, pour dédramatiser. C’est en se frottant aux expositions présentées dans la capitale, aux peintres du continent et d’ailleurs, qu’il connaît ses premières émotions picturales.
Une plongée au cœur d’ouvrages d’art prolongera cette découverte. Pour Jean Nana, «la peinture est à la fois une arme pour résister au néant, un moyen d’exprimer et l’intimité et l’injustice». Une plume habile pour laquelle invitation est faite à découvrir les œuvres jusqu’au 23 juillet prochain. Une peinture sensible, vivante, où humour et gravité se côtoient allègrement.
Jérôme William Bationo