Dans la filière fruitière, la mangue occupe une place de choix dans la région des Hauts-Bassins. Zone de production par excellence, ce sont plus de 4000 tonnes de mangues qui sont exportées en 2014. Même si la demande dépasse l’offre et que les transformateurs s’en sortent bien, la filière rencontre des difficultés liées aux mouches blanches, et au vieillissement des vergers. Un problème récurrent.
L’or vert du Burkina représente 56% de la production nationale de fruits. Dans la région des Hauts-Bassins, précisément Orodara est considéré comme le verger du Burkina. Le mardi 15 juillet, dans le marché des fruits et légumes de Bobo-Dioulasso, des vendeurs de mangues sont couchés. A cette période, les mangues deviennent plus chères. Mais ce jour, à proximité des vendeurs, il y a des tas de mangues en grande quantité. Des cartons et des sacs sont également remplis de ce fruit. Devant tous ces hangars, il y a également des fruits pourris en quantité, qui dégagent une certaine odeur. Issouf et Daouda Barro, Ousmane Traoré attendent patiemment des clients. Pour ces commençants, la vente de mangues n’est plus aussi rentable. Au début, a fait savoir Daouda Baro, un chargement de deux tonnes coûtait environ 60.000 FCFA.
Mais les acheteurs venus d’autres villes, comme Kaya, Dori ou Ouagadougou, vont leur fixer un prix encore haut. De 60.000 F.CFA les deux tonnes, le prix a grimpé et atteint aujourd’hui 175. 000 FCFA au mois de juillet. Actuellement, sur le marché, le chargement de 7 tonnes de mangues appelées communément « retard » est acheté à 250. 000 FCFA chez les propriétaires de vergers, indique-t-il. Les vendeurs disent revendre ce même chargement entre 375. 000 à 400. 000 FCFA en tenant compte de la location du camion qui, elle, varie entre 110 à 120. 000 FCFA. Ce qui n’est pas une embellie pour les acheteurs qui se disent victimes de la pourriture causée par les mouches blanches. « Souvent, un quart du chargement peut être pourri », fait savoir Daouda Barro. Cependant, ces derniers n’entendent pas commercer avec les transformateurs de mangues. Pour eux, cela demande des moyens, car les sociétés de transformation ne paient pas comptant.
Les transformateurs et exportateurs de mangues sont au contraire satisfaits de leur activité. C’est le cas de la SN Ranch du Koba, une station de conditionnement de fruits et légumes, produits tropicaux et divers. Issaka Bougoum, directeur de cette société, par ailleurs président de l’Association professionnelle des commerçants et exportateurs de la mangue du Burkina (Apemab), explique que la filière se porte bien. Sa société seule a déjà exporté 300 tonnes de mangues fraiches vers l’Europe, le Moyen orient et le Maghreb, dit-il.
Sur le plan national, M. Bougoum a indiqué que c’est plus de 4000 tonnes de mangues fraiches exportées sans compter les mangues séchées. Mieux, renchéri-t-il, la concurrence n’est pas aussi rude dans le secteur, chaque exportateur arrivant à avoir la mangue et même que la demande dépasse l’offre. Seulement, il faut un certificat afin de pouvoir exporter la mangue, dit-il, tout en déplorant la longueur du processus. Cet exportateur dit acheter directement les mangues chez les propriétaires de vergers. Le prix par tonne varie en fonction de la variété. L’Amélie à 150. 000 FCFA, la Kent-bateau à 180. 000 FCFA, la Kent avion entre 225. 000 à 250. 000 FCFA. L’Amélie-bateau est achetée à 130.000 FCFA la tonne. « Au Burkina, il ne peut pas y avoir carence de mangue, seulement il y a des années où la production n’est pas bonne », a fait savoir le DG de la Ranch du Koba, qui pense que les vergers sont vieillissants. Ce qui va nécessiter un renouvellement des manguiers qui s’adaptent au changement climatique. Dans ce sens M. Bougoum s’est réjoui de l’initiative du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao), qui est en train de mettre en place une plate-forme de la filière. «Le Ppaao va, enfin, nous permettre de résoudre nos problèmes à travers la plate-forme qu’elle va mettre en place. Les maladies des mangues, la fixation des prix, pourront avoir des solutions», se réjouit-il.
Le Ppaao en soutien
Le Ppaao est un vaste programme qui couvre l’ensemble des 15 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il a pour objectif d’accroitre la production et productivité agricole dans les pays à travers une intégration scientifique et technique.
A travers une approche participative, il réunit l’ensemble des acteurs du domaine qui sont intéressés à trouver des solutions par rapport à des problématiques qui sont rencontrées dans leur filière.
C’est dans ce cadre que le Ppaao a organisé un atelier de mise en place de la plate-forme d’innovations sur l’amélioration de la production de la mangue dans les provinces du Houet, du Kénédougou et de la Comoé, du 17 au 18 juin 2014 à Bobo-Dioulasso.o
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