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Enseignement supérieur: Le Cames évalue les acteurs

Ce 23 juillet, à l’issue de ses travaux, les Comités consultatifs interafricains en charge de la gestion des carrières des enseignants chercheurs pour les 19 pays membres du Cames rendront leurs décisions sur le millier de dossiers soumis à leur appréciation. Lors de ces sessions, 1.150 enseignants et chercheurs font l’objet d’une évaluation individuelle de leurs compétences scientifiques et aptitudes pédagogiques, en vue de leur inscription sur les listes d’aptitude aux différents grades de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le Burkina présente 111 candidatures issues des Universités de Ouagadougou (Uo), Ouaga 2 (Uo2), de Koudougou (Uk), de Bobo-Dioulasso (Upb), Aube Nouvelle (ex Isig) et de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao), auxquelles s’ajoutent les candidats du Centre national de recherche scientifique et technologique (Cnrst) ainsi que ceux de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE). Ce travail d’évaluation occupe, depuis le 14 juillet à Ouagadougou, les huit Comités techniques spécialisés devant statuer sur les grades de l’enseignement supérieur, à la faveur de la 36e session des Comités consultatifs interafricains.

Les domaines de spécialisation vont des lettres aux sciences humaines en passant par les mathématiques, la physique-chimie, les sciences naturelles, juridiques, l’économie, la gestion, la médecine humaine et vétérinaire, la pharmacie, sans oublier les sciences et techniques des activités sportives. S’agissant des dossiers d’inscription sur les listes d’aptitude, le Cames prévoit pour les carrières de l’enseignement supérieur les grades de maître-assistant, de maître de conférences et celui de professeur titulaire. Quant aux carrières de la recherche scientifique, les intéressés peuvent être promus comme chargés de recherches, maîtres de recherches ou directeurs de recherches.
Depuis 1978, les Comités consultatifs interafricains ont, en 35 sessions annuelles, évalué 13.589 dossiers avec une réussite de 71.86%, équivalant à 9.765 candidats inscrits. Si le cadre commun de gestion peut se réjouir de ces acquis, il n’en demeure pas moins que de nombreux défis assaillent les universitaires et les empêchent de dormir sur leurs lauriers. Le Professeur Ahadzi Nonou Koffi, président du Comité consultatif général, l’instance académique du Cames, n’a pas manqué, dans un long discours, de rappeler aux autorités en charge de l’enseignement supérieur l’impérieuse nécessité de trouver des solutions à même de répondre aux défis «nombreux et redoutables». «Le sentiment, généralement, dans les milieux universitaires est que le pont qui doit être bâti entre l’université et le développement demeure encore à l’état de chantier inachevé. Certes, çà et là quelques milliards sont investis pour favoriser telle ou telle rénovation. Un effort significatif des traitements accordés aux enseignants chercheurs est enregistré. Mais nos universités continuent de plier sous le poids des problèmes basiques pour pouvoir jouer pleinement leur rôle, celui d’apporter le feu sacré du développement dans nos communautés», constate-t-il.
Les facteurs limitants sont bien connus. Aussi a-t-on rappelé le sureffectif d’étudiants auquel répondent, en écho, la faiblesse des effectifs d’enseignants, l’insuffisances des infrastructures pédagogiques, la pénurie de laboratoires de recherches, le déséquilibre flagrant entre les formations en sciences sociales et humaines où se concentre le gros des effectifs d’une part, et les formations en sciences fondamentales et techniques où se localise un petit effectif d’apprenants, d’autre part.


 

Passage obligé

Pour les représentants des universitaires, leur métier baigne dans un climat de «sous financement chronique» avec une répartition fortement inégalitaire entre les ressources consacrées à la pédagogie et celles dédiées à la recherche. Le secrétariat permanent du Cames fait le constat amer qu’en Afrique, à l’heure actuelle, seulement 0,35% du Pib est consacré aux activités de recherche-développement, créatrices de richesses. En termes de comparaison, des pays comme le Japon y consacrent 3,4% de leurs Pib, et l’Autriche, la France, l’Allemagne, l’Islande et la Suisse, de 2 à 3%. Par voie de conséquence, la contribution du continent à l’économie du savoir ne représente que 2% de la production scientifique mondiale. En ce qui concerne le secteur de l’innovation, dont l’évolution se mesure au nombre de brevets, l’Afrique occupe encore la queue du peloton avec 0,1% des demandes de brevets mondiales, précise la source du Cames. Ce n’est donc pas étonnant qu’en matière de classement mondial des universités, la première en Afrique, la sud-africaine de Cap Town, occupe le 113e rang.

Christian KONE

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