La tenue d’un éventuel référendum sur la modification de l’article 37, limitant les mandats présidentiels à deux, divise les Burkinabè. Partisans et opposants à ce projet ont exposé tous les arguments juridico-politiques pour étayer les positions. Le fossé est si grand, aujourd’hui entre les deux camps, que tout le monde s’inquiète de la suite des événements au cas où le projet de référendum était maintenu.
Deux chancelleries se sont prononcées sur le sujet. La France et le les Etats-unis. Le 14 juillet, lors de la commémoration de la fête nationale de son pays, l’ambassadeur français tout en appelant au dialogue et au respect de toutes les personnes et des institutions dit compter sur les protagonistes afin qu’ils trouvent ensemble « les bonnes réponses aux questions essentielles ». Le diplomate a soigneusement évité de se prononcer sur la modification de l’article 37. Tel n’a pas été le cas de son homologue américain qui estime qu’il n’y a pas de changement sans risque, faisant allusion à la modification de l’article 37.
Cependant, Blaise Compaoré reste la clé de l’énigme. Il est le premier concerné par les bénéfices éventuels de la modification de la Constitution qui lui ouvrirait une possibilité de se représenter. Très peu disert sur le sujet, l’homme s’est prononcé la dernière fois en décembre. A cette occasion, il signifiait que si cela était nécessaire, il convoquerait le référendum. Se réservant ainsi le droit, le moment venu, de trancher la question. Le suspens était donc total du côté de Kossyam, jusqu’à la dernière sortie médiatique du président chez nos confrère de « Jeune Afrique ». On y apprend qu’il est toujours en réflexion et écoute les uns et les autres. Le président prend son temps. Cependant, pour une fois, il s’est avancé plus que de coutume sur le dossier en déclarant : « Il n’est d’ailleurs pas exclu, même si l’article 37 de notre Constitution venait à être modifié, que je m’arrête en décembre 2015, comme c’est pour l’instant prévu ». A 16 mois du terme de son mandat, Blaise Compaoré ouvre une nouvelle fenêtre dans le débat national sur son avenir et celui du pays.
Ce n’est donc pas son avenir à lui qui l’inquiéterait, mais plutôt celui du pays. C’est une information de taille dans la mesure où certains de ses adversaires le voueraient aux gémonies une fois quitté la présidence. L’équation, posée ainsi, reste toujours insoluble parce qu’il faut trouver les garanties qui permettent à ce pays de rester stable et de continuer à vivre dans la paix et la démocratie, après un pouvoir de 27 ans. Si ces garanties existent, quelles sont-elles et qui doit les fournir ?
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