• Une prévision en baisse par rapport aux levées du 3e trimestre
• Entre gestion de la dette et hausse des taux d’intérêt
• Zoom sur les performances des pays de l’AES
Après avoir levé 1.870 milliards FCFA au 3e trimestre, les pays de l’UEMOA prévoient de mobiliser un total de 1.382,74 milliards FCFA au 4e trimestre 2024, marquant une relative baisse. Cette réduction peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Après une période intense de financement au 3e trimestre, certains pays ont probablement couvert la majeure partie de leurs besoins budgétaires urgents, réduisant ainsi la nécessité de lever autant de fonds au dernier trimestre. Cette stratégie qui permet de mieux gérer les flux de trésorerie. La gestion de la dette et stratégie de refinancement peut être la deuxième raison. « Les gouvernements de l’UEMOA cherchent à éviter une accumulation de dettes sur le court terme, ce qui pourrait exercer une pression sur leurs finances publiques en termes de remboursement. Lever moins de fonds au 4e trimestre peut être une manière de gérer les échéances à venir de manière plus prudente et de réduire les coûts liés au service de la dette », a expliqué une source consultée par L’Economiste, un spécialiste du marché financier.
La 3e raison de cette baisse découle, elle, d’un constat. Pour certains pays, on constate une hausse des taux d’intérêt au niveau régional, ce qui rend les émissions de titres plus coûteuses pour les gouvernements. Sans oublier que le dernier trimestre de l’année peut présenter des défis économiques spécifiques, notamment, des ajustements budgétaires ou des limitations dues à la fin de l’exercice fiscal.
Burkina Faso : Une dette maîtrisée mais…
Sur les 1.870 milliards FCFA levés au 3e trimestre, les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – Burkina Faso, Mali et Niger – ont mobilisé 521 milliards FCFA. Alors que le Burkina Faso a mobilisé près de 295 milliards FCFA, le Mali et le Niger ont respectivement levé 178 et 48 milliards FCFA. Ces levées visent à répondre à des besoins budgétaires cruciaux, mais elles s’accompagnent aussi d’un accroissement de la dette nationale.
Le Burkina Faso a levé 294,79 milliards FCFA au 3e trimestre 2024, tout en continuant de financer sa dette existante. Les montants levés montrent une diversification des sources de financement, mais la dette reste élevée, avec un besoin de financement constant pour honorer les obligations à court et moyen terme. Les projections pour le 4e trimestre suggèrent que le pays cherche à lever 225 milliards FCFA supplémentaires, accentuant encore la pression sur ses finances publiques.
Le Mali mise sur le court terme
Le Mali, avec une dette majoritairement concentrée sur des titres de court terme, a mobilisé 178,36 milliards FCFA au 3e trimestre 2024. Cette approche, bien que permettant une flexibilité en termes de taux, expose le pays aux risques de refinancement régulier et à la volatilité des taux d’intérêt. Le Mali cherche encore à lever 150 milliards FCFA au 4e trimestre, soulignant une relative dépendance aux emprunts pour ses besoins financiers immédiats.
Niger : Un endettement mesuré
Le Niger a levé 47,92 milliards FCFA au 3e trimestre, principalement à travers des émissions de titres à court terme. Alors que la dette publique est restée relativement stable, le pays prévoit des émissions supplémentaires de 80 milliards FCFA d’ici la fin de l’année, pour financer ses projets en cours. Cette approche prudente montre une gestion attentive des ressources, mais souligne aussi les contraintes budgétaires auxquelles le Niger est confronté.
Les montants levés par ces pays révèlent des stratégies de financement adaptées à leurs contraintes budgétaires. Le Burkina Faso se distingue par un recours plus important aux émissions à moyen terme, tandis que le Mali et le Niger optent pour des instruments plus courts. Ces montants montrent l’ambition des pays de l’AES de sécuriser des fonds pour soutenir leurs budgets, malgré des niveaux d’endettement déjà élevés. Ils continuent de diversifier leurs stratégies entre Bons assimilables du Trésor (BAT) à court terme et Obligations assimilables du Trésor (OAT) à plus long terme pour attirer divers investisseurs.
NK