Dans le premier article de la série d’analyses du vapotage consacré aux générations, nous avons appris que l’invention chinoise en 2003 s’est exportée vers l’Occident où elle a reçu un accueil favorable de la part des fumeurs adultes depuis 2007 jusqu’à nos jours. Des études estiment que le nombre de vapoteurs adultes atteint 86 millions dans le monde, en 2023.
Mais à qui bénéficieraient de telles études ? Pour répondre selon le narratif du mouvement pour la diminution des risques du tabagisme auquel je souscris, il faut d’abord porter un regard sur la nicotine, car elle est l’enjeu primaire d’un débat de santé publique.
La nicotine figure parmi les stimulants les plus populaires sur la planète, au même titre que la caféine et l’alcool. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 1,3 milliard de personnes en consomment régulièrement à l’aide de son vecteur à plus haut risque, la cigarette combustible, responsable chaque année de 8 millions de décès prématurés liés à la fumée toxique.
Le schéma 2 montre la corrélation entre les différents dispositifs d’apport de nicotine et leur niveau de risque connu pour la santé. Sur la partie droite, où le risque sanitaire est le plus élevé, se trouvent les dispositifs combustibles (pipes, cigares et cigarettes). En bleu, sur la partie gauche, sont placés les dispositifs ne faisant pas intervenir une combustion dans leur processus d’apport de nicotine tels que les thérapies de substitution vendues en pharmacie (gomme à mâcher, patch cutané, spray buccal), le sachet buccal, l’e-cigarette, le tabac chauffé. Le risque posé par les produits de cette catégorie n’est pas équivalent à zéro, ils forment toutefois une panoplie d’alternatives à risque réduit par comparaison aux produits combustibles (95% de réduction avec l’e-cigarette, par exemple).
A souligner qu’en matière de lutte antitabac, l’approche traditionnelle « Quit or Die » (Cesse ou meure) repose sur une vision étroite et irréaliste du contexte psychologique des fumeurs. A savoir que 7 fumeurs de longue durée sur 10 déclarent vouloir se défaire du tabagisme mais, seulement 2 sur 10 parviendront au sevrage complet sans une aide extérieure et sans rechuter dans les 6 mois suivants. Pour les autres, il s’avère plus commode d’abandonner la perspective du sevrage que combattre la dépendance. La dépendance aux effets psychoactifs de la nicotine est réelle mais, les maladies chroniques et le décès d’un fumeur sur deux incombent aux émanations de goudron et produits cancérigènes présents dans la fumée.
Ce qui ressort des schémas 1 et 2 est l’avènement d’une innovation transformatrice, donc « dérangeante » : en deux décennies, la cigarette électronique est devenue l’outil principal auquel ont recours des millions de fumeurs pour se distancer vis-à-vis des risques liés à la combustion en substituant l’apport de nicotine par un biais substantiellement moins nocif pour l’usager et son entourage.
Pour le cas des pays africains, les autorités en charge de la santé publique peuvent déceler, à travers les données sur le vapotage, des indices d’une transformation de la demande mondiale de nicotine. En définitive, que l’on condamne ou que l’on tolère leur usage, nicotine, caféine et alcool sont des substances indissociables de l’histoire de l’humanité depuis leur découverte il y a plusieurs siècles.
Bon succès à tous les fumeurs dans l’aboutissement d’un projet de sevrage tabagique !o
Lionel ZEBA
Plaideur pour la diminution des risques du tabagisme
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