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« Le sport est aujourd’hui une industrie », dixit Abou Traoré, Directeur de la promotion de l’économie du sport et des loisirs

Créée en 2023, au sein du ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, la Direction de la promotion de l’économie du sport et des loisirs a pour objectif de créer les conditions propices à l’entrepreneuriat dans le secteur. Cette Direction a organisé du 1er au 5 juillet 2024, un atelier à Koudougou, pour réfléchir sur les différents métiers qui se pratiquent dans le secteur du sport et des loisirs. L’Economiste du Faso y était et a tendu son micro au Directeur de la promotion de l’économie du sport et des loisirs. Abou Traoré, chargé de cette Direction, revient sur les missions et les difficultés de son département.

L’Economiste du Faso : Pouvez-vous nous présenter votre Direction ?

Abou Traoré, Directeur de la promotion de l’économie du sport et des loisirs : La Direction de la promotion de l’économie du sport et des loisirs est née de la fusion des deux anciennes Directions qui étaient la Direction de la promotion des industries du sport et la Direction de la promotion des industries de loisirs.  Les plus hautes autorités ont pensé qu’il fallait faire la fusion de ces deux Directions pour en faire une seule Direction, afin de mieux cerner les questions du sport et des loisirs à la fois. Ces Directions ont vu le jour en juin 2021. Plus tard, en juillet 2023, elles ont été fusionnées pour en faire la Direction de la promotion de l’économie du sport et des loisirs, avec pour mission principale la promotion des filières économiques du sport et des loisirs.

La Direction est composée de six services. Le service de la promotion de l’entrepreneuriat dans le domaine du sport et des loisirs, le service de la promotion des métiers et emplois du sport et des loisirs, le service de la prospective et de la règlementation en matière d’économie du sport et des loisirs, le service administratif et financier et le service de la promotion de l’événementiel du sport et des loisirs. Ces 6 services ont des missions intégrées et ces missions vont permettre d’atteindre la mission globale qui est la promotion des filières économiques du sport et des loisirs.

Quelles sont les missions assignées à votre Direction ?

La Direction de la promotion de l’économie du sport et de loisirs est une Direction centrale du ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi chargée de la promotion des filières économiques du sport et des loisirs. Le sport est aujourd’hui une industrie. Il est une activité à partir de laquelle beaucoup de personnes se font vraiment de l’argent. C’est aussi un secteur où les jeunes peuvent s’autonomiser. Pour cela, les plus hautes autorités ont décidé de la création de cette Direction, afin de booster les filières économiques du sport, c’est-à-dire, promouvoir l’entrepreneuriat dans le domaine du sport. L’entrepreneuriat existe de façon générale. Mais le sport de façon particulière est considéré à tort ou à raison, depuis très longtemps, comme un secteur social budgétivore. L’idée est de pouvoir travailler à faire en sorte que les jeunes aussi puissent avoir des idées de création d’entreprises dans le domaine du sport. Ça existe déjà mais ce n’est pas contrôlé. Ailleurs, les gens amassent beaucoup d’argent et arrivent à s’occuper de leurs familles correctement. Pourquoi pas chez nous ? La Direction est également chargée de la promotion des différents métiers du sport. Notre présence à Koudougou rentre dans ce cadre, parce qu’il va s’agir de définir les métiers et de voir les perspectives de leur valorisation.

La Direction est également chargée de la promotion de l’événementiel dans le domaine du sport. Les gens organisent les activités, les évènements sportifs comme ils le veulent, alors que nous savons que l’organisation de ces évènements sportifs engage parfois un certain nombre de responsabilités. Des gens mêmes sont obligés de payer souvent certains prestataires pour faire un certain nombre de travail. C’est donc un secteur qu’il faut sécuriser. Dans ce sens même, il y a déjà des avancées, parce que des textes ont été pris et qui interdisent, depuis la loi 050 portant loi d’orientation du sport et des loisirs, qu’on organise des activités ou des évènements sportifs sans l’autorisation du ministère. Aussi, le 14 mars 2024, un arrêté a été pris dans ce sens pour donner les conditions d’organisation des activités ou des évènements sportifs, et tout cela passe par l’autorisation préalable. Cette disposition nous permet de sécuriser la pratique.

Avez-vous déjà pris des mécanismes, afin d’accompagner ceux qui veulent se lancer dans ce secteur d’activités ?

Il faut dire que les mécanismes d’accompagnement des futurs entrepreneurs existent déjà. Nous ne sommes pas en train de réinventer la roue. Nous nous appuyons sur les mécanismes qui existent déjà au sein du ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, surtout pour ce qui se rapporte à la jeunesse. Vous savez que l’ancien secteur de la jeunesse était bien en avance par rapport aux questions d’entrepreneuriat. Maintenant que nous voulons booster cet entrepreneuriat axé sur le sport, nous nous basons sur tous les mécanismes déjà définis. Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’aller vers tous les dispositifs qui existent et plaider, s’il le faut, à ce qu’on puisse avoir des facilités pour ceux qui veulent entreprendre dans le domaine du sport. Ou s’il nous faut aussi laisser le plaidoyer et sensibiliser pour que les uns et les autres essaient de s’engager selon l’ancien dispositif, on doit pouvoir le faire. En parlant de stratégie, il existe une stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat du sport qui est en cours d’élaboration. Elle a commencé l’année passée et nous pensons pouvoir, si tout va bien, finir cette étape cette année. Cette stratégie va permettre de définir l’ensemble de tous les mécanismes qu’on pense pouvoir mettre en branle pour arriver à la promotion de cet entrepreneuriat. Mais déjà, il faut dire que c’est la sensibilisation pour faire comprendre à la jeunesse qu’on peut entreprendre aujourd’hui et réussir même dans le domaine du sport et des loisirs. Il faut déjà faire comprendre ce message.

Ensuite, il faut passer à la formation à l’esprit d’entreprise axé sur le sport. Nous devons aussi le faire. Si ces formations sont faites, il y a aussi le fait de faire le point de l’ensemble des entreprises qui existe déjà et qui ne sont pas encore enregistrées au niveau du ministère. Il y a nécessité de faire l’état des lieux et voir comment on peut les suivre. L’entreprise a souvent des difficultés et l’Etat a aussi l’obligation d’encadrer tous ceux qui travaillent dans les différents secteurs économiques. Il s’agira de voir quelles sont les difficultés que les uns et les autres vivent et voir sur quel levier actionner pour pouvoir aplanir ces difficultés.  Des formations et de l’accompagnement pourraient être prévus. La vocation n’est pas de distribuer de l’argent aux gens, parce que l’Etat n’en a pas pour pouvoir le faire mais de faire en sorte que le travail puisse se faire de façon correcte et orienter les gens vers les sources de financement qui peuvent en tout cas aider l’entrepreneuriat de façon générale, et particulièrement, le sport.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’accomplissement de vos missions ?

Les difficultés ne manquent pas, parce que comme vous le savez, nous sommes arrivés sur un terrain où rien n’était établi. La Direction a commencé par moi-même et nous n’avons pas bénéficié d’anciennes productions. Pour construire une base de données, il faut réfléchir, il faut chercher l’information avec des pays voisins, il faut chercher l’information ailleurs, avec des pays lointains et il faut chercher l’information avec des personnes de ressources et pouvoir analyser toutes ces informations, afin de produire un certain nombre de documents de base qui vont être des socles sur lesquels on s’appuie pour pouvoir avancer dans le projet. Ce sont déjà des difficultés, parce que ce n’est pas facile. Tout travail de recherche, c’est assez difficile, parce qu’il y a parfois la rétention ou le manque d’informations, il y a aussi le manque de documents fournis. Parfois, vous avez des informations qui ne cadrent pas avec votre réalité, il faut pouvoir les adapter.

L’autre difficulté est aussi de comprendre que les moyens financiers manquent. Comme je venais de le dire, si on commence le travail sur un terrain assez vierge, parfois, ça nécessite de tout débroussailler, de tout faire pour avoir une trajectoire. Mais on peut investir beaucoup de temps sans voir la clairière. Il faut continuer à travailler et cela nécessite parfois beaucoup de moyens et ces moyens ne sont pas toujours au rendez-vous. Ça rend la tâche assez difficile et ce sont des difficultés qu’il faut quand même évoquer. Il faut comprendre que notre action nécessite un changement de comportement, c’est même parfois un changement de paradigme, parce qu’en parlant aujourd’hui d’entrepreneuriat du sport et en voulant même dire qu’on veut faire l’enregistrement des entreprises qui existent dans le domaine du sport, les gens vont trouver que c’est du nouveau, ils se posent des questions.  Ce sont parfois des difficultés et vous êtes obligé de vous répéter, d’aller et de revenir, de traîner, de commettre des erreurs, etc. Donc ce qui fait que c’est assez de difficultés que nous traversons. Au-delà de ça, entre acteurs, vous êtes obligés de prendre assez de temps pour expliquer un certain nombre d’éléments, afin que tout le monde puisse avoir un même niveau de compréhension. Ce sont, entre autres, ces difficultés que nous vivons. A part cela, nous pensons que l’ensemble des thématiques que nous voulons développer est assez maîtrisé maintenant et que les choses devraient pouvoir aller proprement.

Issa SAWADOGO (Collaborateur)

 

Encadré

Quelle sera la suite après l’atelier de Koudougou ?

«Nous sommes en train d’élaborer la nomenclature des métiers. Quand on parle de nomenclature, c’est composé de plusieurs étapes. Il y a déjà le répertoire que nous sommes en train de finaliser avec bien sûr l’ensemble des professionnels des métiers des sports présents. Ce répertoire consiste à définir l’ensemble des métiers que nous pensons existants dans le secteur du sport dans notre pays. Lorsqu’on va faire le listing de ces métiers, nous allons associer une définition sommaire de sorte à ce que tout le monde puisse comprendre ce qui est caché derrière les métiers. Ce répertoire sera d’abord validé.

Après cela, nous passerons à l’étape de l’élaboration des fiches des différents métiers. La fiche sera comme la carte d’identité du métier. Si on retient un métier donné, on va le décrire, donner les conditions d’accès, donner les perspectives d’évolution, on va aussi donner à peu près ce que quelqu’un peut gagner en exerçant ce métier, on va décrire les compétences qu’il faut pour pouvoir exercer ce métier, ainsi que le niveau de recrutement. A terme, on devrait pouvoir développer des initiatives pour assurer la formation de la jeunesse à ces différents métiers qui, du reste, sont exercés mais parfois sans contrôle.

Après l’élaboration des fiches, on va passer maintenant à l’étape de l’élaboration des index et du dictionnaire. Dans le dictionnaire, on va affiner l’ensemble des définitions de sorte qu’au Burkina Faso, on puisse avoir une idée sur les métiers en lien avec le sport. La définition peut ne pas être exhaustive mais ce serait celle qu’on a eu à arrêter ensemble. Les index, c’est pour pouvoir comprendre les codifications qui seront affectées à chaque métier. Nous avons décidé de faire la codification selon les normes du CITP. La codification aussi va affecter un code pays à chaque métier. L’ensemble de ces codifications va permettre de suivre les métiers du début jusqu’à la fin ».

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