• Des troubles de santé et un taux de mortalité en hausse
• La mauvaise politique des reboisements
• Le défi de l’entretien reste à relever
A moins d’être un climato-sceptique patenté, personne ne peut nier aujourd’hui la réalité des changements climatiques. Il suffit de voir les catastrophes inhabituelles qui surviennent un peu partout dans le monde comme, par exemple, les sécheresses, les pluies torrentielles, les inondations, la fonte rapide des glaces au niveau des pôles. Au Burkina, les bouleversements au niveau du climat se sont manifestés cette année par la canicule qui s’est installée à partir du mois de mars. Habituellement, les mois de mars, d’avril et de mai sont connus pour être nos périodes les plus chaudes de l’année. Mais cette fois, la chaleur était insupportable, avec le mercure qui est monté régulièrement au-delà de 40°C pour atteindre souvent 45°C à l’ombre.
Les nuits, qui devraient être plus fraîches que les journées, avec l’absence du soleil, étaient aussi invivables et on ne savait pas où donner de la tête. Sur un trimestre, il n’y avait donc aucun répit avec les jours et les nuits qui se suivaient, se ressemblaient et rivalisaient en termes de canicule. Il a fallu avoir une foi inébranlable aux catholiques et aux musulmans pour observer le carême et le jeûne durant cette période où il faut régulièrement boire de l’eau pour éviter la déshydratation.
Cette situation caniculaire a été insupportable pour tout le monde, surtout les personnes âgées. La canicule a même été un motif de fréquentation intense des formations sanitaires par des patients, généralement âgés, suite à des coups de chaleur. Dans une interview accordée au site Lefaso.net et datée du 16 avril 2024, Dr Abdramane Ouattara, médecin anesthésiste-réanimateur au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo, faisait état de 35 patients reçus par jour et de taux de mortalité compris entre 25 et 30%. Au niveau mondial, et selon des travaux de recherche récents, les décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de plus de 70% en deux décennies.
Et un malheur n’arrivant jamais seul, c’est à cette période infernale que les coupures d’électricité se sont intensifiées. Tous ceux qui avaient les moyens d’échapper à la forte chaleur en se rafraîchissant avec des climatiseurs se retrouvent à suffoquer comme tout le monde, faute d’électricité. Il a fallu la pluie bienfaisante du 06 mai dernier pour faire descendre le thermomètre, pour adoucir le climat. Mais il en faudra d’autres de manière rapprochée pour que la canicule soit un mauvais souvenir. La preuve, c’est le retour de la chaleur moins de 48 heures après. Il faisait tellement chaud qu’une seule pluie, aussi abondante soit-elle, ne peut nous faire sentir la fraîcheur en permanence avec la climatisation naturelle. Néanmoins, on pourra souffler quelques jours et espérer que l’hivernage qui s’annonce ne mette du temps à s’installer. Maintenant, que faut-il faire pour ne plus subir pareille canicule ?
Les changements climatiques dont on parle tant sont causés par l’homme lui-même. En effet, de par ses activités, notamment, industrielles, il dégrade la couche d’ozone à travers les gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère. L’altération de cette barrière naturelle a des conséquences directes sur l’environnement et aussi sur la santé de l’homme. Selon des chercheurs, 37% des décès liés à la chaleur sont causés par les changements climatiques. Le salut viendra de la réduction des activités polluantes pour réduire la hausse des températures qui est à l’origine de la fonte des glaces, de la montée du niveau des mers et des océans. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) exhorte à limiter ladite hausse à 1,5°C, afin d’éviter des effets catastrophiques sur la santé et prévenir des millions de décès liés aux changements climatiques.
Toutefois, malgré les alertes de ce groupe qui publie régulièrement des rapports, les sommets mondiaux sur le climat, les pays développés ne sont pas prêts à réduire leurs activités polluantes. Il faut relever que, bien que contribuant beaucoup à la dégradation de la couche d’ozone, ces pays ne subissent pas durement les conséquences de leurs actes. Ils ont su anticiper sur les conséquences de la dégradation de la couche d’ozone et développer des moyens d’adaptation. Ceux qui en souffrent le plus sont les pays moins industrialisés et moins développés qui, pourtant, polluent peu ou pas du tout l’environnement.
Le Burkina fait donc partie des pays qui ne contribuent pas à la dégradation de la couche d’ozone mais subissent les effets induits comme les changements climatiques à l’origine de la canicule de cette année. A défaut d’agir au niveau macro, il peut bien faire quelque chose à celui micro. Ainsi, le pays doit, par exemple, intensifier les activités de reboisement. Il faut donc planter, planter et toujours planter des arbres et les entretenir. Plus il y a de couvert végétal, plus il y a de la pluie et moins on ressent la chaleur. Il y a lieu de faire autrement par rapport à ce qui est fait jusque-là en matière de reboisement. On plante en hivernage en comptant sur la pluie pour faire vivre les plants mis en terre souvent devant les caméras et les flashes des appareils photos. Au prochain hivernage, on reviendra planter encore sur le même espace où beaucoup d’arbres n’ont pas survécu. Le défi de l’entretien reste à relever, après celui de la protection contre les animaux. o
Basibiri BAZONGO (Collaborateur)
Encadré
Quelques précautions à prendre contre la canicule
-Boire régulièrement et suffisamment de l’eau sans alcool, ni caféine ; rester dans un endroit frais et à ventilation appropriée ou à l’ombre ;
– Limiter les activités physiques ;
– Eviter les aliments trop gras ou trop sucrés ;
– Consommer plus de légumes et de fruits pour s’hydrater, éviter les expositions prolongées au soleil ; porter des habits légers et amples en coton et de couleur blanche ;
– Se couvrir la tête lorsqu’on sort ;
– Donner régulièrement de ses nouvelles aux proches ;
– Demander conseil à son médecin en cas de prise de médicaments ; demander de l’aide en cas de besoin ;
– Se rendre le plus tôt possible dans une formation sanitaire en cas de maladie, afin d’éviter les complications.o
Source : Communiqué du gouverneur de la région du Centre