• Promouvoir la paix par une bonne gestion des ressources partagées
• Une des actions phares de l’Union fraternelle des croyants (UFC-Dori)
• Le groupement d’Amsia est désigné meilleur maraîcher des JMS
Comment ramener et consolider la paix dans les zones à déficit sécuritaire, dont la région du Sahel ? La réponse à cette interrogation était au menu des échanges des 19es Journées du maraîcher du Sahel qui se sont déroulées du 29 février au 3 mars 2024, à Dori, chef-lieu de la région du Sahel.
A l’initiative de l’Union fraternelle des croyants (UFC), producteurs maraîchers, principalement des personnes déplacées internes et des populations autochtones, des autorités régionales se sont retrouvées à Dori autour du thème : « La bonne gestion des ressources partagées, un défi pour contribuer à la stabilité pour la paix et le développement au Sahel ».
« Notre région a été assaillie par des groupes terroristes et malheureusement, il y a énormément de personnes déplacées forcées. Ces déplacés forcés se retrouvent dans des localités où il y avait déjà des difficultés en termes d’eau et d’espace de production. Ce qui veut dire que le peu de ressources disponibles doit être géré avec des nouveaux arrivants. Nous trouvons donc que si on veut construire et maintenir la paix, il faut prévenir tout de suite en ayant une bonne gestion de ces ressources partagées dont les PDI ou les populations ont besoin pour assurer leur vécu », a expliqué François Paul Ramdé, Coordonnateur de l’UFC-Dori.
Les Journées poursuivent, selon le Coordonnateur de l’UFC-Dori, trois objectifs que sont : stimuler les producteurs pour produire en quantité et en qualité, créer une émulation en termes d’échanges et une formation par les pairs et soutenir la production de contresaison avec les boulis (Ndlr, le bouli est un mode d’irrigation utilisé en maraîchage intensif, originaire du Burkina Faso) et les forages qui sont réalisés sur certains sites. Les JMS, comme à leur habitude, ont eu trois actes : exposition, cadre de concertation des producteurs et la délibération du concours de sélection du meilleur groupement maraîcher du Sahel. A l’issue des travaux du jury de la 19e édition, le groupement maraîcher d’Amsia, un village situé dans la Commune de Bani, province du Séno, a été désigné meilleur Maraîcher du Sahel. Le groupement a reçu des récompenses, dont une brouette et du matériel de la maraîcher culture. La cérémonie d’ouverture des JMS a été présidée, le 1er mars 2024, par le Haut-Commissaire de la province du Séno, représentant le Gouverneur de la région du Sahel. Il a félicité et encouragé l’initiative des JMS et les producteurs qui ont permis de disposer dans la ville de Dori de produits maraîchers de qualité. « Il y a de cela quelques décennies, il était difficile de trouver ces produits ici. Mais voir aujourd’hui tous ces étals avec ces produits de qualité, on ne peut que les encourager et les féliciter pour leur participation à l’autosuffisance alimentaire que le gouvernement est en train de promouvoir », a-t-il relevé.
Les exposants ont fait, durant les journées, des bonnes affaires en écoulant 4, 487 tonnes de produits maraîchers, dont un chiffre d’affaires de 1.952.550 FCFA.
Issa SAWADOGO (Collaborateur)
Encadré
Le dialogue interreligieux, plus que jamais porté par l’UFC-Dori
Le dialogue interreligieux est en marche à Dori. L’expérience s’y vit depuis 1969, mais la visibilité des actions de l’Union fraternelle des croyants (UFC) rend Dori ville pionnière du genre. C’est dans les années de la famine au Burkina (de 1969 à 1974) que le Père rédemptoriste, Lucien Bidau, alors curé à Dori, a fait un appel pour avoir de quoi soulager les populations du Sahel. Son appel a été entendu et il a reçu beaucoup de vivres.
C’est ainsi qu’il a fait appel à 6 chrétiens et à 6 musulmans pour l’aider à distribuer les vivres. Ils ont décidé de ne pas arrêter cette fraternité après la distribution des vivres. C’est ainsi qu’ensemble ils ont créé l’Union fraternelle des croyants (UFC) de Dori, l’association interreligieuse qui a été, par la suite, soutenue par la Caritas allemande, Misereor. Des activités ont été ainsi initiées : création de garage auto, un centre social (géré par des chrétiennes et des musulmanes). Ils se sont battus aussi pour avoir des fonds, afin de créer des retenues d’eau dans les villages.
Toutes les activités étaient orientées vers le social et l’économique. Sous l’impulsion de Mgr Joachim Ouédraogo, deux autres dimensions ont été ajoutées : la dimension spirituelle et l’intégration des jeunes. C’est cette interrogation qui a amené l’UFC à être connue de par le monde. L’aspect spirituel et le rajeunissement ont donc été pris en compte. Quand on parle de l’aspect spirituel, ce n’est pas seulement la prière, mais la réflexion sur le comment vivre ensemble pour déceler les obstacles au meilleur vivre ensemble.