• A propos du mouvement d’humeur des travailleurs de la mine
• Un procès-verbal détaillant les conditions de reprise des activités a été signé
• Les points de consensus portaient sur quatre sujets
L’Economiste du Faso : A la mi-janvier, des travailleurs de la mine de Houndé ont entamé un mouvement d’humeur qui a interrompu les activités de la mine. Que réclamaient-ils ?
Souleyman Boly, Directeur pays de Endeavour Mining : Le 21 janvier dernier, la société d’exploitation minière Houndé Gold Operation (HGO), appartenant au groupe Endeavour Mining, a fait face à un mouvement d’humeur, impliquant une partie de son personnel et des agents de ses sociétés sous-traitantes travaillant sur le site. Ces derniers ont, sans préavis ni autorisation, interrompu les activités de la mine en empêchant les salariés non-grévistes d’accéder à leur lieu de travail.
Quelques jours après le début de l’interruption de travail, la direction de HGO a reçu une plateforme de revendications faisant étant d’un certain nombre de demandes, portant essentiellement sur une modification du cycle de rotation de travail et un changement de personnel au sein de la direction de la mine.
Ce mouvement s’est conclu au terme d’une procédure de conciliation par une reprise des activités qui a été effective 12 jours après la grève, le temps de l’inventaire des dégâts et les inspections.
Vous avez saisi le tribunal du travail de Bobo-Dioulasso qui a rendu une ordonnance de référé prononçant l’action en cessation de troubles au sein de Houndé Gold Opération (HGO). Les activités ont-elles pu reprendre ?
J’aimerais d’abord rappeler les raisons qui ont motivé la saisie du tribunal. En plus de la grève illicite et de l’occupation illégale des lieux, certains actes isolés suffisamment graves présentaient un risque pour la sécurité de notre personnel et de nos installations, notamment des vols, des dégradations volontaires de biens, et des menaces proférées contre certains responsables de la mine. En toute responsabilité, nous avons donc fait appel à la loi en saisissant le tribunal de grande instance le 26 janvier, qui a ordonné la cessation de troubles à l’ordre public et le départ des grévistes du site. Cette décision de justice a constitué une étape importante dans la résolution de cette crise.
En parallèle, la direction de HGO a entamé des discussions avec les représentants du personnel et l’ensemble des parties prenantes pour étudier les revendications énoncées et trouver une issue positive à la situation. Le 1er février, un procès-verbal détaillant les conditions de reprise des activités a été signé par les représentants du personnel, la coordination des corps socio-professionnels et de la jeunesse de Houndé et la direction de HGO.
Nous tenons à exprimer notre gratitude à l’ensemble des acteurs aux niveaux national et local, notre ministère de tutelle, les organisations de la société civile, ainsi que les autorités administratives et coutumières qui se sont impliquées pour faciliter la reprise du travail.
Quels sont les points de consensus ?
Les points de consensus portaient sur quatre sujets.
D’abord, sur le cadre des négociations, le procès-verbal rappelle que l’examen des points de revendications doit se dérouler dans le cadre des instances de dialogue de l’entreprise.
Sur le sujet des rotations, la direction de HGO s’est engagée à examiner un réaménagement des rotations dites ‘7/7’, soit 7 jours travaillés et 7 jours de repos, en respectant les dispositions prévues dans le code du travail Burkinabè.
Le troisième point de consensus prévoit la fourniture d’eau dans des emballages plastiques par des entreprises locales gérées par des femmes de Houndé, en attendant qu’une solution pérenne soit trouvée conformément à notre politique d’entreprise ‘Vers le zéro déchet plastique, effective depuis janvier 2023 sur l’ensemble du groupe Endeavour Mining.
Enfin, la direction de HGO s’est engagée à ne procéder à un licenciement collectif ou ciblé du seul fait des jours d’absence suite à l’arrêt de travail. En effet, conformément au règlement intérieur de la mine, une absence non justifiée de travail pouvait être passible de licenciement pour faute lourde, ce à quoi nous avons renoncé dans le procès-verbal dans un esprit d’apaisement. Cependant, celui-ci n’exclut pas toutes autres sanctions, relativement aux actes individuels non liés à l’arrêt de travail et passibles de sanctions disciplinaires.
Y’a-t-il des revendications soumises qui n’ont pas trouvé consensus ? Si oui lesquelles et quelles sont les difficultés rencontrées dans la recherche de solutions ?
Toutes les revendications exprimées par nos employés ont été examinées et des engagements ont été pris et mentionnés dans le procès-verbal.
Les sociétés sous-traitantes, dont certains employés ont pris part au mouvement d’humeur, ont également initié un dialogue permettant d’aboutir à des accords portant sur leurs revendications principales.
Quelles sont les alternatifs et engagements pris pour une sortie de crise ?
Pendant toute la durée du mouvement d’humeur, Endeavour Mining a appelé au dialogue entre toutes les parties prenantes, en impliquant notamment les autorités administratives, religieuses et coutumières nationales et locales dans les discussions avec les employés grévistes.
Nous entendons respecter nos engagements à la lettre. Nous renouvelons notre attachement fort aux mécanismes de dialogue qui existent dans notre entreprise et le respect des principes en vigueur en matière de dialogue social. Nous attachons beaucoup d’importance au bien-être de nos employés et collègues qui par leurs efforts ont fait de Endeavour Mining un leader de l’industrie minière au niveau mondial. Nous ne ménagerons aucun effort pour maintenir la cohésion de nos équipes et faire face à toute velléité de certains individus de nature à mettre en péril notre outil de travail et l’intérêt de tous nos employés. Je rappelle enfin que la mine de Houndé appartient également à l’Etat et aux communautés de Houndé, nous devons donc tout mettre en œuvre pour la préserver et continuer d’en faire un vecteur de développement économique et social.o
Propos recueillis par ESS
Encadré
Contribution socio-économique de la mine de Houndé au Burkina Faso
«Au cours de l’année 2023, Endeavour Mining a poursuivi ses actions sociales sur ses deux sites d’activité au Burkina Faso, à Houndé et Mana. Notre contribution au développement socio-économique du pays est durable ; elle se décline en trois volets.
Economique d’abord, puisque nous contribuons à plus de 195 milliards FCFA au budget de l’Etat, en termes de taxes, d’impôts, de royalties, de redevances et dividendes versés en 2022. En termes de création d’emplois ensuite, puisque je rappelle que 96% des 2200 personnes (y compris les employés directs de la mine de Houndé et ceux des sous-traitants) sont Burkinabè et que près de 90% de nos achats en biens et services sont effectués auprès de plus de 300 fournisseurs Burkinabè. Mais aussi sociale, notamment à travers notre contribution de plus de 8 milliards de FCFA au titre du fonds minier de développement local (FMDL), qui serviront à financer des projets de développement locaux dans des secteurs aussi stratégiques que l’éducation, la santé, l’aménagement urbain ou le développement des infrastructures routières.
Au-delà du FMDL, la mine de Houndé s’engage activement dans des actions sociales visant la résilience et l’autonomisation des communautés locales, avec une dépense de plus de 200 millions de FCFA en 2023. Ces projets comprennent le soutien à l’intensification agricole, la mise en place de projets avicoles et d’embouche bovine, ovine et caprine et un soutien a été apporté aux activités génératrices de revenus des femmes”, a affirmé M. Boly.o