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Impact économique du retrait de la CEDEAO: les hommes d’affaires soutiennent mais…

• Souhaitent leur forte implication dans les négociations bilatérales

• Le Burkina Faso commerce plus avec les pays de la zone UEMOA

• L’AES possède la plus grande superficie de l’ex-CEDEAO

Le Burkina Faso est un pays enclavé sans limite maritime. Conséquence, il a besoin d’accès aux ports maritimes des pays tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et subsidiairement, le Nigeria, pour faciliter ses échanges économiques. Lesquelles transactions économiques vont être désormais impactées avec le retrait acté sans délai par le Niger, le Mali et le Burkina Faso de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour des raisons de souveraineté, le 28 janvier 2024. Une décision politique affirmée des autorités de la Transition qui a reçu un acquis et un engagement sans équivoque des opérateurs économiques burkinabè, assortis cependant de recommandations.

Au nom des hommes d’affaires fortement mobilisés le 12 février, à Ouagadougou, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), Mahamadi Savadogo, a souligné que leur souhait était de saisir ce tournant décisif de l’histoire pour bâtir ensemble de nouvelles perspectives économiques pour le pays. Le président du patronat burkinabè, Idrissa Nassa, a souhaité que les défis liés au retrait soient transformés en opportunités pour raffermir davantage les perspectives de croissance économique, créer plus d’emplois et de richesse nationale. Il s’est réjoui du fait que le Burkina Faso continue d’entretenir de bonnes relations avec l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA), avec lequel le pays partage plus de proximité et d’échanges commerciaux. 

Le gouvernement rassure

Ces inquiétudes du monde économique n’ont pas laissé de marbre le locataire de la Primature, Me Apollinaire Kyelem de Tambèla. Celui-ci, sur un ton ferme et rassurant, a relevé que le retrait de la CEDEAO était beaucoup plus une opportunité qu’un handicap et a invité les acteurs économiques à l’action et à se saisir des opportunités qu’offre ce divorce. Sur les opportunités, elles sont multiples et diverses. Foi du Premier ministre, le Burkina Faso a la possibilité de mener désormais des négociations et signer des accords commerciaux avec des partenaires de choix, sans que le pays soit obligé de s’aligner sur la position de la CEDEAO. Il martèle que le pays aura l’avantage de renégocier des accords multilatéraux et bilatéraux en phase avec les aspirations profondes du peuple burkinabè, en termes de souveraineté reconquise.

Aussi, a-t-il dit, le retrait va induire l’élargissement de taxes à l’importation aux produits originaires de la CEDEAO avec lesquels il n’y aurait pas d’accords spécifiques, toute chose qui améliorerait substantiellement l’assiette fiscale. Ce retrait offre également des avantages en termes d’accélération de la dynamique de développement endogène amorcée par notre pays et qui est soutenue par des politiques internes d’accroissement de la production, de la transformation nationale et du consommons burkinabè.

Le retrait va davantage dynamiser les échanges intracommunautaires au sein de l’AES, par la création du commerce intégré. En tant que pays membre de l’UEMOA, le Burkina Faso continuera de bénéficier des avantages d’accès au marché commun de cet espace.

« Investissez dans la transformation et dans l’agro-industrie »

Le secteur privé a été invité au renforcement de la compétitivité de leurs entreprises et l’amélioration de leur capacité d’innovation. Pour faciliter cette nouvelle vision, l’Exécutif souligne que des réajustements dans divers domaines seront nécessaires, tels que les règlementations commerciales, les nouveaux accords de partenariat et les pratiques commerciales. Ces nouveaux mécanismes ont pour finalité que les entrepreneurs investissent dans la transformation et dans l’agro-industrie. « Le Burkina Faso commerce très peu avec les pays de la CEDEAO, hors zone UEMOA. L’essentiel de notre commerce se fait avec des pays extra-africains, et l’essentiel de notre commerce africain se passe avec des pays de la zone UEMOA, à savoir la Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali, le Bénin, subsidiairement, avec le Ghana », fait savoir le chef de l’Exécutif. Il a rappelé que l’espace AES était un large espace qui couvre pratiquement tout le Sahara, la plus grande superficie de l’ex-CEDEAO, trois pays réunis et déterminés. Rien qu’à l’intérieur de ces trois pays, les hommes d’affaires peuvent construire une économie solidaire et prospère, sans même avoir besoin de qui que ce soit. o

Ambéternifa Crépin SOMDA

 

Encadré 1

Les propositions du patronat burkinabè

-Mise en place de dispositifs pour faciliter la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux avec les pays de la CEDEAO non membres de l’UEMOA ;

-Mise en place d’un mécanisme pour accompagner les opérateurs économiques burkinabè, à travers la CCI-BF et le patronat, dans leur quête de préservation de leurs activités dans ces pays qui contribuent à renforcer la résilience de l’économie ;

-Le gouvernement associe les représentants des faîtières du secteur privé burkinabè dans la conduite des nécessaires négociations à portée économique qui seront engagées avec des pays de la CEDEAO non membres de l’UEMOA, notamment, ceux voisins du Burkina Faso disposant d’infrastructures portuaires ;

La mise en place de cadre de concertation et de collaboration secteur privé et le gouvernement ;

-Exhorte à la promotion et à un soutien exceptionnel des opérateurs économiques nationaux pour en faire des socles de résilience de l’économie nationale et les vecteurs de sa transformation structurelle.

 

Encadré 2

Recommandations de la CCI-BF

– Mise en place d’une stratégie nationale de promotion des investissements privés dans les secteurs stratégiques ;

– Associer les acteurs du secteur privé dans la reconfiguration du cadre de coopération avec les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel ;

-Que les branches d’activités économiques qui pourront enregistrer des effets indésirables du retrait puissent bénéficier de plan de résilience et de redéfinition de leur mode économique ;

– Le gouvernement invité à avoir un égard sur les PME/PMI transfrontalières et surtout des commerçantes qui tirent leur pitance quotidienne des échanges commerciaux. o

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