• La bataille de la graine de coton relancée
• Sofitex tacle SN Citec
• La répartition de la graine de coton en cause
Le lancement de la campagne de commercialisation et d’égrenage a eu lieu le 21 novembre 2023, à Houndé, dans l’Ouest du pays. C’est la zone de production de la Sofitex. Cette étape est essentielle dans la chaîne de valeurs de cette filière. Les producteurs ayant livré leur récolte en attendent désormais le paiement. La Sofitex projette entre 350 et 430 mille tonnes de coton à égrener. D’autres acteurs et non des moindres attendent également la fin de l’égrenage pour s’approvisionner en graine de coton. Une matière première essentielle pour les unités de production d’huiles et d’aliments pour bétail. Sa répartition fait cependant l’objet de polémique ces dernières années, au point où un groupe de travail avait été mis en place par le ministère du Commerce pour trouver des solutions à la spéculation dans la gestion de la graine de coton qui plombe la compétitivité du secteur. Une clé de répartition avait été mise en place, afin de permettre aux triturateurs de fonctionner selon leurs besoins. Malgré cet outil de gestion de la graine de coton, suscitent des critiques, voire la suspicion entre les professionnels du secteur. C’est ainsi que le Directeur général de la Sofitex a mis les pieds dans le plat, le 21 novembre dernier, en donnant sa part de vérité, estimant que sa société a trop longtemps toléré la désinformation sur le sujet. Que dit-il ?
« Il y a quelques années, la graine de coton pourrissait dans les usines de Sofitex. C’est l’ancien Directeur général, Célestin Tiendrébéogo, qui, à travers le plan de relance du secteur coton, a permis de susciter la création d’unités industrielles, en vue de la trituration de la graine. Aujourd’hui, des gens veulent que toute la graine, sous, je ne sais quel prétexte, leur soit vendue au détriment de ces unités-là. Alors que ces unités qui sont une soixantaine et emploient 520 permanents et 3 425 saisonniers, qui paient les impôts, étaient là, hier, pour consommer le trop plein de graines que SN Citec ne pouvait pas consommer, car elle n’a pris d’initiative en son temps pour moderniser ses installations pour consommer les 200 à 250 mille tonnes de graines dans les années où la Sofitex produisait autour de 600 mille tonnes de coton. Ce sont ces opérateurs économiques qui ont créé leurs unités avec leurs moyens qui se battent pour les faire fonctionner.
Pour la campagne 2022/2023, sur environ 180 000 tonnes de graines, SN Citec a reçu 24%, les autres huileries ont reçu 2%, soit environ 2000 tonnes chacune. Sur les 180.000 tonnes de graines de coton, 25000 tonnes sont destinées à la semence. Sn Citec a reçu 35.569 tonnes, soit 24%. Les 119.430 tonnes ont été réparties aux autres unités. Chacune dispose d’une autorisation de mise à la consommation (AMC), délivrée par le ministère du Commerce. Sofitex est une société industrielle à caractère commercial, et celles qui en sont détentrices, nous leur vendons la graine.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les gorges chaudes actuelles, on ne les avait pas il y a trois ans. Personne n’en parlait, pourquoi ? Parce que Socoma marchait bien dans l’Est du pays. Personne n’y avait accès en dehors de Sn Citec. » L’insécurité à l’Est a donc changé la donne, selon le DG de la Sofitex .
La défense de la Sofitex est inattaquable, lorsqu’elle se présente comme une société industrielle à vocation commerciale et vend ses coproduits sur la base de la présentation des AMC par les huiliers donc la SN Citec, où la Sofitex est actionnaire. Il n’y aurait rien à dire, si le ministère du Commerce lui-même n’avait pas mis le doigt sur la spéculation dans le secteur de la graine. Le dispositif actuel qui doit profiter aux triturateurs nets ne fonctionne pas bien. Que font les unités avec la graine de coton ? Sur la base des chiffres donnés par le Directeur général de la Sofitex, on aurait la production d’huile suivante : 119 000 tonnes de graine de coton produiraient environ 19 040 tonnes d’huile, à raison de 16% d’huile extraite. Soient 20.923.000 litres environ. Cette production est-elle effective sur le marché national ? La réponse est entre les mains de l’Administration qui essaie de réguler ce secteur au profit des consommateurs.
JB
Encadré
Voici ce que disaient les conclusions du groupe de travail
«Le groupe de travail a exploité les données sur trois campagnes, 2018/2019, 2019/2020 et 2020/2021. De ses analyses, le groupe de travail a fait ressortir que seulement deux entreprises ont effectivement trituré la graine de coton sur les 3 campagnes. Il s’agit de Sn Citec et de Yedan (voir extrait du rapport du groupe de travail.
Il ressort que seulement 25% des unités de transformation ont effectivement trituré en 2019/2019, contre 13% des unités enquêtées en 2019/2020 et 32% en 2020/2021. Cela veut dire que deux tiers des unités ne fonctionnent pas normalement, mais ont de la graine de coton qu’elles revendent à ceux qui fonctionnent effectivement et qui sont des acheteurs potentiels, pour compléter leurs stocks et pouvoir fonctionner normalement » ‘(https://www.leconomistedufaso.com/2023/05/22/marche-de-la-graine-de-coton-des-unites-speculent-sur-la-matiere-premiere/).
Sans cet appoint de SOCOMA, SN Citec est effectivement sous pression. Son usine travaille donc en sous-capacité, avec des risques majeurs d’arrêt de travail et de chômage technique. C’est la principale usine qui produit de l’huile, qui a une capacité de 120 000 tonnes et qui ne reçoit désormais qu’un quart de ses besoins.