• Sur les 15 enregistrés au ministère de l’Enseignement supérieur
• 3 options sur la table pour éviter le retard de cursus
• Des solutions en vue pour la prise en charge des enseignants-chercheurs
Depuis la prise du pouvoir par le Capitaine Ibrahim Traoré, en septembre 2022, les relations entre le Burkina Faso et la France sont de plus en plus délétères. Le coup d’Etat survenu au Niger, le 28 juillet 2023, soutenu officiellement par Ouagadougou et condamné par Paris, semble être la goutte d’eau qui fait déborder le vase des relations de coopération séculaires entre le pays des Hommes intègres et l’Hexagone. Du côté du Burkina Faso, la Transition au pouvoir a décidé de l’envoi de vivres et d’un contingent militaire aux hommes du Général Tchiani, actuel homme fort du pays du Ténéré, en cas d’intervention de la CEDEAO. Emmanuel Macron, pour sa part, a appelé au rétablissement du pouvoir démocratiquement élu de Mohammed Bazoum.
Des sons de cloche dissonants qui ont eu pour conséquence la fermeture à Ouagadougou du Consulat français, en plus de la suspension de l’appui français au développement. Conséquences, une impossibilité pour tous les Burkinabè sans exception de postuler pour le visa, n’en parlons pas de pouvoir l’obtenir et se rendre en France.
Des étudiants burkinabè, parmi les victimes collatérales de ces mesures, sont allés à l’information auprès du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a appris L’Economiste du Faso. Combien sont-ils à être impactés par ce blocus ? Et quelles sont les mesures prises pour éviter le retard dans leur cursus universitaire ?
Pour répondre à ces questions, le Secrétaire général du ministère, le Directeur de cabinet et la Directrice générale du Conseil à l’orientation universitaire et des bourses (DGCOP) ont reçu le Journal. C’était le 26 septembre 2023, à Ouagadougou.
15 bourses ont été attribuées pour l’année 2023-2024
« Il faut savoir que chaque année, nous offrons des bourses pour les étudiants qui désirent continuer leur formation à l’extérieur, que ce soit dans des pays africains (Maroc, Tunisie), au Canada ou encore en France. Pour ce qui concerne la France, nous ne délivrons que des bourses à partir du niveau Master ou ingénieur ou le niveau Doctorat. Ceux qui étaient bénéficiaires de la bourse pour se rendre en France et qui ne pouvaient plus avoir le visa sont venus vers nous », a expliqué Samuel Paré, Secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MESRSI).
En termes de chiffres, le SG affirme que 15 bourses ont été attribuées pour cette année 2023-2024, pour la France. De ces 15 boursiers, 8 avaient besoin de visa pour la France.
A ce jour, seulement un étudiant a pu s’y rendre. Sa chance, il a obtenu son visa avant la mise en place de la mesure de suspension par la France. Ce qui fait qu’il y a 7 étudiants, résidant au Burkina, détenteurs de bourse d’études, qui sont coincés. Ceux qui ont postulé aux bourses et qui étaient déjà résidents en France (5) n’ont pas de problème. Les deux autres bénéficiaires de la bourse étaient déjà en études au Maroc et en Tunisie et n’ont pas eu de problèmes pour obtenir leur visa et aller en France pour continuer leurs études.
Des solutions sont en train d’être trouvées, selon le Secrétaire général du ministère. « Pour ceux qui sont venus vers nous, il s’agit de ceux qui ont un lien avec le ministère, notamment, à travers des bourses ; il y a la possibilité de réorienter les étudiants dans un autre pays. Une mission du ministère est en cours dans un pays ami pour voir la possibilité d’y inscrire nos étudiants. Si l’accord est trouvé et que les étudiants sont d’accord avec cette possibilité, alors, ils pourront éviter de perdre leur bourse et de passer une année blanche ». La deuxième possibilité, c’est que nous allons conserver la bourse pour l’année prochaine, ce qui veut dire que les étudiants auront une année de flottement. Et s’il y a une inscription, il faut que cela soit dans la même filière, quel que soit le pays. Une troisième option, ces étudiants pourraient décider de faire leur cycle de Master au Burkina. Ils auront toujours la bourse, mais il s’agira cette fois-ci de la bourse nationale.
La Direction générale du Conseil à l’orientation universitaire et des bourses (DGCOP) entend rencontrer les étudiants concernés pour leur détailler ces mesures prises par le ministère, afin de les accompagner », a affirmé Lydie Rouamba. Et de préciser que le montant de la bourse en France est fixé à 362.400 FCFA pour le Master 1 et 375.000 FCFA pour le Master 2 et le Doctorat. Les étudiants bénéficient en plus d’autres indemnités comme l’aide au logement et d’autres avantages pour leur séjour sur le territoire français. Pour les étudiants qui souhaiteraient poursuivre leur cursus au niveau de Ouagadougou, ils bénéficieront de la bourse nationale dont le taux est de 58.790 FCFA.
Le taux est fixé en fonction de beaucoup de facteurs, entre autres, le coût de la vie du pays dans lequel l’étudiant est inscrit.
Qu’en est-il des enseignants-chercheurs ? « Chaque année, aussi bien dans nos universités et nos centres de recherches, les enseignants-chercheurs et les chercheurs ont droit à un voyage d’études. Celui-ci peut être en Afrique ou hors du continent, etc. Cette mesure de suspension de visas pour la France, si elle frappe un enseignant, en particulier, le ministère est obligé de trouver des solutions. Notons que les enseignants et chercheurs ne travaillent pas en vase clos. Que ce soit dans les laboratoires ou universités, il y a plusieurs nationalités qui se côtoient, Italiens, Canadiens, Américains. Donc par ce réseau de relations, nous trouverons des laboratoires d’accueil pour que les voyages d’études se poursuivent sans compromettre la recherche nationale », rassure le Directeur de cabinet du ministère, Pr Frédéric Ouattara.
ESS
Encadré
Plus de 200.000 étudiants burkinabè bénéficiaires d’une bourse
A noter que durant l’année 2021-2022, 203.936 étudiants ont bénéficié d’une bourse au Burkina Faso. Un chiffre en hausse de plus de 7% par rapport à l’année académique 2020-2021, selon les données du Tableau de bord de l’enseignement supérieur. En plus d’eux, 80.668 autres bénéficient de l’aide octroyée par le gouvernement, soit une enveloppe budgétaire d’environ 14,2 milliards FCFA.
En 2021, l’ensemble des instituts d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) totalise 17.480 diplômés, dont 40,6 % de filles. Les diplômés issus du privé représentent 40,5 %. Les titulaires de la Licence/équivalent sont les plus représentés, avec une proportion de 68,2 %. Le domaine « Sciences sociales, Commerce et Droit » enregistre la plus forte proportion de diplômés, soit 47,3 %, suivi du domaine « Lettres et arts » (16,9 %). o