• Une baisse de 35% en une année
• Pour un montant total de 8,4 milliards de dollars
• Des flux en hausse pour le Burkina Faso
Chaque année, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) produit un rapport sur les tendances mondiales et régionales de l’investissement. Dans ce document, elle fait le point sur les investissements dans les objectifs de développement durable, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ces changements.
La nouvelle publication de la CNUCED, le 5 juillet dernier, montre que les crises mondiales qui se chevauchent – la guerre en Ukraine, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et les tensions exercées par la dette – ont réduit les flux d’investissements directs étrangers en 2022.
Le rapport se concentre sur l’investissement dans l’énergie durable pour tous, révélant qu’une grande partie de la croissance de l’investissement international dans les énergies renouvelables est concentrée dans les pays développés. Le rapport montre également que le déficit d’investissement dans tous les secteurs des Objectifs de développement durable a presque doublé depuis 2015. Il fournit des données, des prévisions et des analyses sur les flux d’investissements directs étrangers à l’échelle mondiale, régionale et nationale.
Le rapport sur l’investissement dans le monde 2023 montre que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont chuté. La première question qui se pose, c’est de savoir ce qu’est un IDE. Il s’agit de mouvements internationaux de capitaux réalisés, en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle sur la gestion d’une entreprise étrangère.
Élément moteur de la multinationalisation des entreprises, les IDE recouvrent aussi bien les créations de filiales à l’étranger que les fusions-acquisitions transfrontalières ou les autres relations financières (notamment, les prêts et emprunts intra-groupes).
Deux motivations principales sont à l’origine des IDE, la réduction des coûts (exploitation de ressources naturelles coûteuses, voire impossibles à transporter ; utilisation d’une main d’œuvre moins onéreuse, d’où la crainte que les IDE puissent participer au mouvement de délocalisation ; optimisation fiscale) et la conquête de nouveaux marchés, difficiles à pénétrer par les seules exportations.
Si l’effet des IDE est généralement considéré comme positif sur la croissance des pays d’accueil (notamment, grâce aux transferts de technologie induits), il est plus discuté et ambigu sur le commerce international, sur l’emploi dans les pays investisseurs, sur les conditions de travail et sur l’environnement.
Mesurés par les statistiques issues de la balance des paiements, les IDE ont connu une très forte progression depuis le milieu des années 80, et contribuent de façon déterminante à la mondialisation des économies. Les IDE constituent également l’un des principaux indicateurs de l’attractivité économique des pays.
Le Burkina Faso enregistre une hausse
Ainsi, du côté du continent, cette attractivité est en baisse. Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont chuté à 45 milliards de dollars, en 2022, par rapport au record de 80 milliards de dollars atteint en 2021. Ils ont représenté 3,5 % des IDE mondiaux.
En Afrique de l’Ouest, la baisse des IDE est de 35% en une année. Après avoir enregistré 12, 9 milliards de dollars en 2021, les flux d’IDE ont baissé pour s’afficher à 8,4 milliards de dollars en 2022. Les pays à avoir enregistré des flux d’IDE négatifs sont le Togo (-227 millions de dollars), suivi du Nigeria qui affiche avec -187 millions de dollars, à la suite de cessions d’actions.
Les autres pays à avoir subi aussi des baisses sont, entre autres, la Gambie, le Mali et le Niger.
Les flux vers le Sénégal sont restés stables à 2,6 milliards de dollars. Les flux d’IDE vers le Ghana ont chuté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars.
Le Burkina Faso enregistre une hausse de ces flux d’investissement pour 2022, avec 121.000 dollars, contre une perte de 80.000 dollars en 2021.
NK
Encadré 1
Forum mondial de l’investissement
Les principales conclusions du rapport sur l’investissement dans le monde 2023 informeront les discussions, lors du 8e Forum mondial de l’investissement de la CNUCED, qui se tiendra à Abu Dhabi du 16 au 20 octobre 2023, sur le thème «Investir dans le développement durable».
Le forum réunira des chefs de gouvernement, des PDG d’entreprises multinationales, des décideurs et d’autres parties prenantes, pour trouver des solutions et parvenir à un consensus sur les questions prioritaires. Ses résultats alimenteront les négociations du Sommet annuel sur le climat COP28, qui se tiendra également aux Émirats arabes unis.
Encadré 2
Zoom sur les différentes régions du continent
En comparant les différentes régions du continent, on remarque que l’Afrique du Nord a attiré le plus gros flux d’IDE avec 15 milliards $ (2022), contre 10 milliards en 2021, soit une croissance de 58%. En revanche, l’Afrique australe a connu une chute drastique de 84% de ses entrées d’IDE, passant de 42 milliards de dollars en 2021 à 7 milliards de dollars. De même, l’Afrique centrale a connu une diminution de 7% (passant de 7 à 6 milliards de dollars). L’Afrique de l’Est, quant à elle, a capté 9 milliards $ d’IDE en 2022, en augmentation de 3% par rapport aux 8 milliards $ de 2021.
L’Égypte, leader nord-africain en matière d’investissements étrangers, a attiré 11 milliards $, l’année dernière, en raison de l’augmentation des fusions et acquisitions transfrontalières, a signifié le rapport. Les investissements étrangers en Afrique du Sud sont revenus à la normale, après le pic anormal de 2021, causé par une grande reconfiguration des entreprises dans le pays. Ils se sont établis à 9 milliards $, bien en dessous du niveau de 2021, selon la CNUCED.