• La contribution du secteur des assurances à l’économie reste très faible à 1,14%
• En trois mois, le secteur a enregistré une perte de plus de 600 millions du fait de la suspension des contrôles documentés
• Les professionnels souhaitent un engagement de l’autorité pour faire respecter les obligations d’assurances
Les professionnels du secteur des assurances au Burkina Faso se sont réunis, du 13 au 15 juin 2023, à Ouagadougou, pour faire les Etats généraux de l’assurance au Burkina Faso. Placées sous le thème « Quelle assurance pour accompagner le développement économique et social du Burkina Faso ? », ces assises ont été voulues par le ministère en charge de l’économie, autorité de tutelle, en concert avec les professionnels du secteur des assurances et leur faîtière, en vue de trouver des solutions durables aux problèmes qui entravent le décollage du secteur des assurances au Burkina Faso. L’ouverture de cette première édition a été présidée par le ministre de l’Economie, Dr Aboubakar Nacanabo, représentant le Premier ministre. Il a déclaré que le secteur des assurances au Burkina Faso était classé 4e parmi les 14 pays de la zone CIMA (Conférence interafricaine des marchés d’assurance, ndlr). Le secteur a également un taux de rentabilité annuel d’environ 12,8% sur les sept dernières années, ce qui est pour le ministre Nacanabo, signe de bonne performance et de potentialités énormes pour le secteur. Monhamed Compaoré, président de l’Association professionnelle des sociétés d’assurance du Burkina (APSAB), embouche la même trompette en soutenant que le secteur est en pleine croissance depuis plus d’une décennie. Cependant, nuance-t-il, le constat est que la contribution du secteur des assurances à l’économie est très faible. « Nous avons un taux de pénétration de 1,14%, alors qu’il existe un fort potentiel dans différents domaines et nous pouvons dire que le secteur des assurances ne couvre pas suffisamment tout le potentiel économique offert par le Burkina Faso. En le disant, je pense, notamment, au secteur de l’artisanat, au secteur agricole, et aussi aux mines, où il y a des choses qui peuvent s’améliorer par rapport au contenu actuel », a-t-il indiqué.
A l’en croire, plusieurs structures professionnelles interviennent pourtant dans le secteur des assurances au Burkina Faso. Elles sont 17 sociétés d’assurance, 47 sociétés d’assurance vie, 08 sociétés d’assurance non vie, une société de réassurances et une société de micro-assurance. En matière d’intermédiation, les sociétés d’assurance sont accompagnées par 67 sociétés et cabinets de courtage, 135 agences générales, 42 sous-agences et plus d’un millier de mandataires provinciaux.
Le ministre Aboubakar Nacanabo ajoute que les actions coordonnées de l’ensemble de ces entités ont permis de réaliser, en 2021, un chiffre d’affaires de près de 125 milliards FCFA. Une progression de 14,27% par rapport à l’exercice précédent dont le montant était de 108 milliards FCFA. Sur l’ensemble des productions du marché, la branche non vie ou IARD contribue à hauteur de 55,15%. Le taux de pénétration est passé de 1,05% en 2020 à 1,14% en 2021, soit une hausse de 8,52%. Pour le ministre, ce ratio, bien qu’ayant connu une hausse, demeure faible et contraste avec la place qu’occupe le pays au sein de l’UEMOA. Il dit espérer qu’à l’issue de ces états généraux, il y ait des recommandations fortes qui vont permettre de transformer qualitativement le secteur des assurances et lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le développement économique et social du pays. « Je profite de l’occasion pour féliciter tous les acteurs. Notre pays occupe la quatrième place dans l’espace CIMA, cela montre qu’il y a un travail qui a été fait sur le terrain. C’est pourquoi, je voulais les encourager et leur dire que nous sommes à l’écoute des recommandations qui sortiront de ces états généraux, et nous ferons tout pour les mettre en œuvre », rassure-t-il.
Les difficultés majeures du secteur, selon le président de l’APSAB, sont le non-respect des obligations d’assurance qui sont au nombre de trois. L’obligation d’assurer les véhicules terrestres à moteur, l’obligation de l’assurance transport pour toute marchandise importée dont la valeur est plus de 500 000 FCFA, et enfin, l’assurance construction pour les constructions dont la valeur dépasse 100 millions FCFA. « Notre souhait ardent est que nos autorités puissent continuer à nous accompagner pour que toutes les obligations d’assurance soient respectées dans un premier temps ». La suspension des contrôles de documents par la police a contribué considérablement au non-respect des assurances obligatoires pour les véhicules à moteur. « L’impact a été très important. Il a été mesuré, après trois mois d’activité, et nous sommes à une perte de plus de 600 millions FCFA », a confié Monhamed Compaoré. Le Sénégalais, Cheikh Ba, Directeur général de Assur Conseils et président de la Fédération interafricaine des assureurs conseils, après avoir salué l’initiative, qui est une première au Burkina, a tenu à encourager ses confrères burkinabè, courtiers d’assurances, qui jouent, selon lui, un rôle extrêmement important dans la distribution des produits d’assurance. « L’assurance n’est pas un produit réel, c’est un produit assez complexe et il faut des professionnels pour les accompagner. Et je pense que l’Association des courtiers d’assurance du Burkina va essayer de jouer pleinement son rôle pour permettre au secteur d’accompagner le développement économique et social du Burkina. »
La première édition des états généraux de l’assurance au Burkina Faso devra dégager une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations et résolutions devant permettre de libérer le plein potentiel du secteur des assurances.
Etienne LANKOANDE
Encadré
L’Afrique du Sud : leader panafricain du marché des assurances
Sur l’échiquier panafricain, l’Afrique du Sud est le leader du marché des assurances, en s’octroyant plus de 60% des parts de ce marché en 2021. Un rapport du Swiss Re Institute a révélé que le chiffre d’affaires du secteur africain de l’assurance atteignait 74,19 milliards USD en 2021. Un montant en hausse de 19,89% par rapport à 2020, où il se situait à 61,881 milliards USD. Sur les 74,19 milliards de dollars, l’Afrique du Sud s’en tire avec 51,215 milliards USD, soit 69,03% de parts en 2021. Elle est suivie par le Maroc, l’Egypte et le Kenya qui représentent respectivement 7,2%, 3,79% et 3,26% du total des primes souscrites en Afrique, en 2021. Le secteur des assurances au Burkina, avec environ 0,22 milliard USD en 2021, se trouve à des années lumières de celui de l’Afrique du Sud. A travers les états généraux, les autorités montrent ainsi leur volonté de hisser le niveau de ce secteur qui reste un support incontournable au développement d’une économie.