• « Les dépôts sont historiquement stables »
• Les liquidités abondantes
• Des perspectives négatives dues au risque de surendettement
Les turbulences qui ont débuté aux Etats-Unis, avec pour point de départ la Silicon Valley Bank (SVB), se sont diffusées en Europe. Ces évènements ont mis en lumière les risques que représentent pour les banques les retraits de dépôts des clients, en particulier, pour celles qui sont assises sur d’importantes pertes latentes dans leurs portefeuilles d’obligations à revenu fixe.
Face à ce vent de tensions sur les banques à l’international, l’agence de notation Moody’s se veut rassurante en ce qui concerne les banques africaines. « Nous pensons que ce risque est faible pour les banques africaines », affirme Moody’s dans une étude sur le secteur bancaire africain, en date du 16 mars 2023.
Pour justifier son point de vue, l’agence précise que les dépôts sont historiquement stables pour les grandes banques qui sont évaluées sur le continent, les capitaux et les liquidités sont plus élevés que dans d’autres régions, et les banques centrales jouent un rôle clé dans la fourniture de liquidités à leurs banques nationales. « En outre, les notations de crédit des banques africaines sont généralement faibles et reflètent déjà une grande partie des défis auxquels ces institutions seront confrontées en 2023, comme l’indiquent nos perspectives négatives pour le secteur. La plupart des banques africaines notées disposent de liquidités solides qui peuvent absorber d’importants retraits de dépôts. La part des liquidités dans le total des actifs des banques notées est de 43 % et nous estimons que 20 % des actifs sont sous forme de liquidités, de soldes auprès de la Banque centrale et d’autres expositions interbancaires, qui sont toutes très liquides. La majeure partie du reste se présente sous la forme d’obligations souveraines locales, qui peuvent être mises en pension à la Banque centrale », peut-on lire dans le document.
Liquidités abondantes
La plupart des banques africaines notées disposent de liquidités abondantes, avec un ratio global d’actifs liquides sur le total des actifs d’environ 43 %, avance l’agence de notation qui estime qu’environ 20 % des actifs sont très liquides, notamment, sous forme de liquidités, de soldes auprès de la Banque centrale et d’autres expositions interbancaires.
De plus, elles ne sont pas encore soumises aux exigences de Bâle III en matière de ratio de couverture des liquidités, à l’exception de régimes règlementaires plus développés comme l’Afrique du Sud et l’île Maurice. Mais la plupart des régulateurs ont leurs propres exigences en matière de liquidités et de réserves de trésorerie, à l’exemple de la BCEAO. L’importance des obligations d’État détenues par les banques africaines signifie que les notations de crédit de nombreuses banques sont étroitement liées à celles de leur gouvernement. Les banques africaines peuvent généralement mettre en pension d’importants stocks de titres de leur gouvernement pour avoir accès à des liquidités, ce qui représente une source de financement supplémentaire. En outre, les Banques centrales sont susceptibles d’intervenir pour fournir des liquidités en cas de tensions financières.
Pour finir de justifier son optimisme, Moody’s revient sur « des cas improbables où certaines des pertes sur titres devraient être réalisées ».
Elle explique que la plupart des banques africaines notées peuvent les absorber grâce à leurs ratios de capital élevés. « Nous comprenons également qu›une partie des titres d›État détenus par les banques africaines a une échéance courte, souvent inférieure à un an, et qu›ils couvrent le risque de taux d›intérêt pour une durée plus longue ». Compte tenu de la stabilité des dépôts, de l›importance des liquidités et des soldes interbancaires, et de la disponibilité des liquidités de la Banque centrale, nous pensons que la plupart des banques seront en mesure d’attendre l’échéance de leurs investissements sans subir de pertes significatives.
NK
Encadré
Risque élevé de surendettement
Cependant, tout n’est pas rose au niveau des banques africaines, et l’agence de notation le rappelle bien. Le risque le plus important auquel les banques du continent sont confrontées actuellement est l’augmentation du risque de crédit souverain. Les banques sont fortement exposées à la dette de leur État local, ce qui a motivé… Au vu de ces nombreux défis qui pèsent sur leur profil de crédit, Moody’s a dressé des perspectives négatives pour les banques en Afrique.
Selon le Fonds monétaire international, plus de la moitié des gouvernements africains sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement. Le Ghana et la Tunisie (Caa2 négatif) sont confrontés à d’importants déficits de financement externe, tandis que le Kenya et l’Égypte (B3 stable) doivent faire face à une dette peu abordable, et que le Nigeria et l’Ouganda (B2 négatif) sont confrontés à des défis croissants en matière de service de la dette.
Les perspectives sont toutefois plus favorables dans d’autres parties du continent. Les conditions de crédit s’améliorent dans des pays comme l’Angola (B3 positif), la RDC (B3 stable) et la Tanzanie (B2 positif), et les conditions se sont stabilisées au Maroc (Ba1 stable).
En outre, l’inflation élevée, les conditions de financement globales serrées, les pénuries de devises étrangères et les risques sociaux croissants font de 2023 une année difficile.
Les banques africaines restent confrontées à de nombreux défis qui pèsent sur leur profil de crédit. Le plus grand défi pour les banques de la région est l’augmentation du risque de crédit souverain. Les banques sont fortement exposées à la dette de leur État local, ce qui a motivé nos perspectives négatives sur les banques africaines au début de l’année. Selon le Fonds monétaire international, plus de la moitié des gouvernements africains sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement. Le Ghana et la Tunisie (Caa2 négatif) sont confrontés à d’importants déficits de financement externe, tandis que le Kenya et l’Égypte (B3 stable) doivent faire face à une dette peu abordable, et que le Nigeria et l’Ouganda (B2 négatif) sont confrontés à des défis croissants en matière de service de la dette. Les perspectives sont toutefois plus favorables dans d’autres parties du continent. Les conditions de crédit s’améliorent dans des pays comme l’Angola (B3 positif), la RDC (B3 stable) et la Tanzanie (B2 positif), et les conditions se sont stabilisées au Maroc (Ba1 stable) (voir tableau 6).o