• Pas de plan de délestage cette année
• Un pic estimé à 510 MW le jour et 495 la nuit
• Une capacité de production de 714,4 MW
La période de la pointe de charge est la période de l’année où il y a une forte consommation électrique sur le réseau Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel). Cette période va généralement de mars à mai, et en 2023, la demande est estimée à 510 mégawatts (MW) le jour et 495 MW la nuit. « La gestion de la pointe et sa prise en charge efficiente suscitent toujours quelques appréhensions quant à la capacité de la nationale de l’électricité à assurer sans accrocs la continuité du service public de l’électricité durant cette période délicate », a reconnu le Secrétaire général de la Sonabel, Ouokana Ganou. Celui-ci, accompagné des différents chefs de service, s’est retranché avec les hommes de médias à Koudougou, du 19 au 21 mars 2023, pour faire un état des lieux réel en cette période de forte consommation et durant laquelle les installations de la société sont mises à rude épreuve et le personnel sollicité et interpellé au plus haut point. Ce face-à-face avec les journalistes a servi de cadre pour échanger sur les difficultés liées à la production, au transport, à l’importation et à la distribution de l’énergie électrique.
Un besoin d’électricité estimé à 510 MW
Au Burkina Faso, toute la puissance installée est de 714,4 MW répartie comme suit : 397,6 MW de production thermique ; 32 MW de production hydroélectrique ; 64,8 MW de production solaire photovoltaïque et 220 MW pour les importations. Ces différentes productions ont représenté respectivement 34 %, 3 %, 3 % et 60 % dans la part de l’énergie produite en 2022. Les interconnexions permettent d’échanger de l’énergie électrique entre deux réseaux électriques de pays différents. Elle a pour avantages, entre autres, la stabilité du réseau ; la robustesse du système électrique ; le coût d’achat inférieur au coût de production thermique national; la réduction des temps de reconstitution ; une assistance mutuelle entre partenaires.
Le Burkina importe l’énergie électrique, d’une part, grâce aux lignes de Transport HTB d’interconnexion 225 kV, et d’autre part, grâce aux lignes de Distribution HTA pour l’alimentation des zones transfrontalières (Togo, Ghana). Pour 2023, les puissances attendues sont : 80 MW de l’interconnexion CI-BF et 165 MW de l’interconnexion GH-BF.
Le Burkina Faso a un besoin d’électricité estimé à 510 MW et dispose d’une capacité de production de 714,4 MW. Avec de tels chiffres, on peut donc dire que l’offre satisfait la demande. Forts de leurs capacités à pouvoir satisfaire la demande, les responsables de la SONABEL n’ont pas élaboré un plan de délestage, c’est-à-dire, un plan de rationnement de l’électricité en fonction des zones et des clients. « Depuis plusieurs années, la Sonabel ne connait pas de délestages », a même clamé Aristide Ouédraogo, Directeur du transport et des mouvements d’énergie. Mais une indisponibilité d’une installation pourrait entrainer l’arrêt de la fourniture d’électricité. Les contraintes liées à l’exploitation du réseau en période de pointes sont de trois ordres : le déficit de production, la surcharge des ouvrages et défauts sur le réseau ; et la dégradation des paramètres électriques. Cela pourrait entrainer un arrêt de la production ou du transport de l’énergie et les clients ne pourront pas être servis tant que la panne n’est pas réparée. Il s’agit là d’une « interruption de fourniture non programmée », causée par les pannes, la dégradation des paramètres du réseau, et le fonctionnement des protections, etc.
Moumouni SIMPORE
Encadré
Délestages : les centres de santé et les institutions de la République, prioritaires
Même si pour cette année, les Burkinabè ne connaitront pas de délestages, il ne faut pas voir du favoritisme quand viendra le moment de rationner l’électricité quartier par quartier, zone par zone. « Ce n’est pas une affaire de politique ou de riche mais de clients prioritaires et sensibles. C’est le cas des centres de santé et des institutions de la République. Tout client qui se retrouve sur la même ligne qu’eux a des chances de ne pas connaitre de délestages », a dit Ouokana Ganou, pour mettre fin à la rumeur selon laquelle les quartiers des hommes puissants ne connaissent pas de délestages. « La gestion de la pointe apparait souvent à tort ou à raison aux yeux de l’opinion publique nationale comme le principal indicateur de performance de la Sonabel. Conscient de cela, nous ne ménagerons aucun effort pour réussir ce défi pour le bonheur de notre clientèle », a-t-il rassuré.
L’énergie nucléaire peut satisfaire les besoins sur le long terme, mais son option n’est pas encore à l’ordre du jour pour le moment. De l’avis des professionnels, produire de l’électricité nucléaire n’est pas encore rentable pour le Burkina seul. Une tranche du nucléaire donne 1200 MW, alors que tout le pic du pays est à 510 MW. Une dynamique sous-régionale pourrait permettre de tendre vers ce type de production.o