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Rapport 2022 UEMOA : l’Union dans un état économique mi-figue mi-raisin

 

  •   touchée par les repercussions de l’instabilité géopolitique à l’international
  • Taux de croissance du PIB  réel (5,8%) en baisse
  • et une inflation à  7,5%

Dans quel état se trouve l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)? Le rapport annuel 2022 sur le fonctionnement et l’évolution de l’Union, présenté le 21 mars 2023 à Niamey, au Niger, lors de la 51ème session du Comité interparlementaire de l’UEMOA,  tente de répondre à la question, données chiffrées à l’appui. En effet,  ce rapport de 124 pages  fait la part belle à l’état d’avancement, par secteurs d’activité, des chantiers majeurs de la communauté économique, les acquis engrangés, les obstacles et défis qui se posent ainsi que les projets envisagés.

Après vingt-neuf ans d’existence, « l’UEMOA a le mérite de vanter ses progrès en matière de convergence macroéconomique, d’harmonisation des législations et des politiques dans les secteurs économiques et sociaux ».  Ce sont là les propos du président du Comité interparlementaire de l’Union, Adam Efangal, lors de la présentation du rapport. Un tour d’horizon des chantiers engagés par la Commission de l’UEMOA pour le renforcement des acquis de l’Union suffit pour lui donner raison.

Le rapport 2022 évoque, en effet, des réalisations, allant de l’exercice de la surveillance multilatérale au  suivi annuel de la mise en œuvre des réformes, politiques,  programmes et projets communautaires en passant par l’édification du marché commun, la modernisation de la gestion des finances publiques des États membres ; la fiscalité intérieure ; le développement des échanges commerciaux ; la régulation du marché des biens et services de l’Union ; la coopération transfrontalière ; la libre circulation des personnes, des biens, des services et droit d’établissement ; etc.

En matière d’ édification du marché commun, par exemple, la Commission de l’UEMOA se félicite d’avoir poursuivi la consolidation de l’Union douanière, à travers notamment les réflexions menées au sein du Comité Consultatif de l’Union Douanière et de la Libre Circulation sur la mise en place du régime de la libre pratique dans l’espace UEMOA, cela, à la suite de la réalisation et à la validation d’une étude y relative. S’agissant de la fiscalité intérieure, « la Commission a engagé un processus de révision du Règlement n°08/CM/UEMOA du 26 septembre 2008 portant adoption des règles visant à éviter la double imposition au sein de l’UEMOA et des règles d’assistance administrative en matière fiscale », lit-on dans le rapport. Quid du développement des échanges commerciaux, « la Commission a poursuivi les initiatives en cours en vue de contribuer à accroître et à diversifier l’offre de produits exportables. C’est à ce titre, par exemple, qu’il a été élaboré, en 2022, un plan d’actions de commercialisation de l’anacarde avec pour objectif d’améliorer les plus-values tirées de cette filière. Par ailleurs, il a été également lancé la phase opérationnelle du projet Talents Africains à l’International (TAI) qui permettra de renforcer le partenariat entre entreprises de l’Union et de promouvoir les échanges commerciaux.

Mais il faut le dire, le rapport sur la situation de l’Union est élaboré dans un contexte international particulier, marqué par des tensions géopolitiques avec notamment la guerre russo-ukrainienne. Les impacts économiques de ce conflit sont une réalité à l’échelle mondiale, avec le relèvement de l’inflation assorti d’un durcissement des conditions de financement. Et il va sans dire que l’espace UEMOA n’est pas épargné. Tandis que Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel de l’Union en 2022 s’affichent à 5,8% contre 6,1% en 202, « les effets combinés de la crise russo-ukrainienne, du déficit céréalier de la campagne 2021/2022 et de la persistance de la crise sécuritaire ont entraîné en 2022 un taux d’inflation de 7,5% contre 3,6% un an plus tôt », souligne le rapport.

Qu’en est-il de l’exécution des budgets des États membres de l’UEMOA en 2022 ? Elle se solderait par une augmentation du déficit budgétaire global qui représenterait 6,1% du PIB contre 5,5% en 2021. Le déficit budgétaire global hors dons serait de 7,8% du PIB contre 6,9% en 2021. Une aggravation qui s’explique, selon le rapport, par l’augmentation des dépenses publiques destinées particulièrement à la lutte contre la hausse des prix, au service de la dette publique et aux revalorisations salariales dans un contexte de faible mobilisation des ressources intérieures.

Un taux d’endettement de l’Union (56,9%) en hausse de 2,3 points ;  un solde global déficitaire des échanges extérieurs des États membres de l’UEMOA établi à 2 714,4 milliards de francs CFA contre un excédent de 475,7 milliards de francs CFA un an plus tôt ; des réserves de change qui couvrent 4,4 ;mois d’importations de biens et services contre 5,4 mois en 2021 ; un accroissement de 10,9% de la masse monétaire de l’Union sont d’autres chiffres de 2022. Pour favoriser le retour progressif de l’inflation dans la zone cible [1%-3%], le Comité de Politique Monétaire de l’UMOA a décidé de relever à deux reprises les taux directeurs de la BCEAO. Ainsi, le taux d’intérêt minimum de soumission aux appels d’offres d’injection de liquidité est passé, à compter du 16 septembre 2022 à 2,5% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,5%.

Béranger Kabré

Encadré : quelles perspectives pour l’Union

Avec des chiffres en demi-teinte des défis importants se posent à la Commission de l’UEMOA. En  perspective à moyen terme, il est question selon le rapport, de la transformation structurelle et la compétitivité des économies de l’espace économique. Ainsi, le retour à la consolidation budgétaire de l’ensemble des États membres est envisagé à partir de 2025, sous l’hypothèse notamment de la fin de la guerre en Ukraine et de l’amélioration de la situation sécuritaire, certains pays de l’Union, comme le Burkina et le Mali, étant confrontés au terrorisme. A court terme, en 2023, les interventions de l’Union, selon le rapport, devraient être orientées par la poursuite de la mise en œuvre de priorités contenues dans le Cadre d’actions prioritaires (CAP 2025).

 

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