L’amère expérience des regroupements politiques
L’Alliance des démocrates révolutionnaires (ADR), mon parti, fit sa toute première expérience de collaboration politique avec l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) en 2010.Après avoir acté collégialement un accord politique, elle avait activement pris part à la création de la Coalition, dénommée « Coalition Burkindlim » qui avait soutenu la candidature du CFOP, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/PS, à la présidentielle de novembre 2010.
Comme bilan de cette première expérience, la collaboration entre l’ADR et l’UNIR/PS n’aura pas survécu, car de relations privilégiées, comme l’avaient martelé les membres dirigeants de l’UNIR/PS, il n’y en avait pas eu. A titre d’exemple, je noterai la participation individuelle aux élections couplées législatives et municipales de décembre 2012. Au sortir de cet échec de collaboration, en 2014, feu Norbert Michel Tiendrébéogo, l’ex-président du Front des forces sociales, avait tenté un projet d’unification des partis et formations politiques d’essence révolutionnaire, en général, et sankariste, en particulier, dans un Front progressiste. C’était ainsi que l’ADR avait été contactée à travers son deuxième membre, chargé de coordonner les activités du parti.
Ainsi donc, à l’issue d’une délibération de son Présidium suprême de la révolution (PSR), les camarades Seni Boucolou, Nabaloum Bruno et Ilboudo Gustave avaient été mandatés pour prendre part à la première rencontre convoquée par l’ex-président du FFS. A ladite rencontre, en plus des représentants de l’ADR, du Conseil national de la renaissance/Mouvement sankariste (CNR/MS) et du FFS, étaient présents également les camarades Sawadogo Yamba Malick et Kientega Meng-Néré Fidèle, démissionnaires de l’UNIR/PS. A la fin de la séance, les ex-membres de l’UNIR/PS avaient tenu à nous présenter leurs excuses pour la collaboration non réussie entre l’ADR et l’UNIR/PS. A la prochaine rencontre, alors que les ex-membres de l’UNIR/PS étaient absents, y participaient en plus des représentants de l’ADR, du CNR/MS et du FFS, les représentants de la Convergence de l’Espoir (L’ESPOIR), de l’UNIR/PS et de l’Union pour la renaissance démocratique/Mouvement sankariste (URD/MS).
Au terme d’un tour de table, l’ADR avait clairement signifié à l’assistance qu’il lui serait très difficile, voire impossible de poursuivre le projet au motif qu’il existait un passif à solder avec l’UNIR/PS de Me Bénéwendé Stanislas Sankara.
A la troisième rencontre, mon parti avait formalisé ses réserves sur sa participation au Front progressiste par écrit à l’attention de tous les participants (V/L n°2014-005/ADR/PSR du 29 mars 2014). Il y mentionnait que dans le souci de voir un Front uni et solide qui redonnerait espoir au peuple burkinabè au-delà des illusions de changement qui lui sont servies par de nouveaux anciens acteurs politiques au bilan plus négatif que positif nonobstant la transformation de dénomination et non d’esprit, il était souhaitable de chasser définitivement les démons de la division qui pouvaient s’installer parmi ceux qui cherchaient sincèrement à s’unir et pour certains cas, ceux qui voulaient se retrouver.
En outre, il était convaincu que seuls la vérité et l’engagement dans l’accord d’un nouveau contrat de solidarité dont le respect s’imposerait à tous constitueraient la garantie de la pérennité d’un Front de Gauche. Si l’objectivité l’emportait sur des susceptibilités personnelles, il était évident que les problèmes antérieurs se règleraient et n’auraient plus droit de cité dans l’union telle que l’ADR l’entendait. Au terme de l’examen desdites réserves, l’UNIR/PS avait adressé une correspondance (V/L n°021/2014/UNIR/PS/PRES en date du 1er avril 2014) à l’ADR l’invitant à une séance de pourparlers. Ces pourparlers s’étaient déroulés au siège de l’UNIR/PS. Il en était ressorti l’aveu des manquements de l’UNIR/PS par son premier responsable, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, si bien que l’ADR avait accepté son mea culpa au nom de l’idéal révolutionnaire.
Après avoir aplani leurs divergences, les rencontres se poursuivirent toujours au siège du FFS jusqu’ à la mise en place d’un Comité ad hoc composé d’un représentant de chaque parti, chargé de produire des projets de textes du futur regroupement. Toutefois, l’ADR, l’ESPOIR et l’URD/MS seront amenés plus tard à prendre leurs distances vis-à-vis des autres partis, car ayant remarqué que ces derniers ne faisaient pas montre de sincérité dans le travail. Dès lors, nous assisterons à la constitution de deux groupes ayant conduit à la création du Front sankariste (FS) regroupant le CNR/MS, le FFS et l’UNIR/PS d’un côté, et la naissance de l’Union des révolutionnaires pour le Faso (UREFA) comprenant l’ADR, l’ESPOIR et l’ l’URD/MS de l’autre côté. C’était dans ce contexte que chaque regroupement avait évolué jusqu’à la tentative de la convention pour l’union du Mouvement sankariste tenue du 16 au 17 mai 2015 au palais des Sports de Ouaga 2000.Les conclusions de cette convention aboutirent partiellement à la désignation de Me Bénéwendé Stanislas Sankara comme le candidat consensuel des sankaristes à la présidentielle du 11 octobre 2015, l’autre volet étant la constitution de listes communes pour les législatives couplées à la présidentielle. Malheureusement, la rupture naîtra de la gourmandise politique de l’UNIR/PS de Me Bénéwendé Stanislas Sankara quand ce parti avait voulu s’attribuer tous les postes de têtes de liste titulaires dans les provinces du Houet, du Kadiogo et au niveau national. En dépit de la mise en place d’un Comité de crise, l’UNIR/PS restera inflexible. Eu égard à la volonté affichée de l’UNIR/PS de matérialiser sa gourmandise politique, c’était à son corps défendant que l’UREFA avait dû tenir une conférence de presse pour porter officiellement à la connaissance de l’opinion publique son regret de retirer à Me Bénéwendé Stanislas Sankara son soutien lors de la convention pour l’union du Mouvement sankariste de mai 2015.Subséquemment,elle avait présenté avec la Convention pour la démocratie et le socialisme(CDS) des listes communes aux législatives de 2015.Voici, brièvement résumé l’amère expérience que mon parti avait vécue avec les partis dits sankaristes.
NABALOUM Bruno
Administrateur général des services scolaires et universitaires
Chevalier de l’Ordre national
Vice-président de l’ex- groupe parlementaire LDJ
Juge parlementaire titulaire de l’ex-CNT
Citoyen et patriote burkinabè
Encadré
Le travail colossal abattu par les députés du Conseil national de la Transition
C’est sans fausse modestie que je martèle que nous avons régulièrement bossé sans répit, si bien que l’assiduité était un de mes principes intangibles. Ma fidélité à ce principe intangible m’avait privé le droit de battre campagne aux législatives de 2015. Comme preuve matérielle, les archives de l’hémicycle par le biais des listes de présence en attesteront. Au total, nous avons pu réaliser les productions et actions suivantes :
L’animation de treize (13) conférences publiques dans les 13 régions sur le thème : « L’opportunité d’adopter une nouvelle Constitution afin de passer ou pas à la 5e République », du 30 mai au 27 juin 2015 ;
La participation à des séminaires de renforcement des capacités des acteurs de la Transition politique ;
La réalisation de missions terrain en lien avec le vécu des masses laborieuses ;
L’organisation d’une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs au carré des martyrs au cimetière municipal de Gounghin ;
L’organisation de journées parlementaires sur des thématiques en lien avec les préoccupations majeures des masses laborieuses ;
L’adoption de 106 lois ;
L’adoption de 05 propositions de lois ;
L’adoption de 33 résolutions ;
La formulation de 26 questions orales avec débat ;
La formulation de 15 questions orales sans débat ;
La formulation de 11 questions d’actualité ;
La formulation de 16 questions écrites.
Au titre des lois et résolutions emblématiques dont le caractère populaire avait d’ailleurs été salué par les constitutionnalistes de renom, je mentionnerai incontestablement, entre autres :
La loi n°003-2015/CNT du 23 janvier 2015 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Commission de réconciliation nationale et des réformes ;
La loi n°004-2015/CNT du 03 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso ;
La loi n°005-2015/CNT du 05 mai 2015 portant modification de la loi n°014-2001/AN du 03 juillet 2001 portant Code électoral ;
La loi n°016-2015/CNT du 21 mai 2015 portant modification de la loi n°055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code général des collectivités territoriales au Burkina Faso ;
La loi n°017-2015/CNT du 21 mai 2015 portant modification de la loi organique n°20/95/ADP du 16 mai 1995 portant composition et fonctionnement de la Haute Cour de justice et procédure applicable devant elle ;
La loi n° 019-2015/CNT du 05 juin 2015 portant statut général des personnels des Forces armées nationales ;
La loi n°021-2015/CNT du 11 juin 2015 portant création, organisation et fonctionnement de l’Académie nationale des Sciences, des Arts et des Lettres du Burkina Faso (ANSAL-BF) ;
La loi n°036-2015/CNT du 26 juin 2015 portant Code minier du Burkina Faso ;
La loi organique n°049-2015/CNT du 25 août 2015 portant organisation, composition, attributions et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature ;
La loi organique n°050-2015/CNT du 25 août 2015 portant statut de la magistrature ;
La loi n°051-2015/CNT du 30 août 2015 portant droit d’accès à l’information publique et aux documents administratifs ;
La loi n° 060-2015/CNT du 05 septembre 2015 portant régime d’assurance maladie universelle au Burkina Faso ;
La loi n° 061-2015/CNT du 06 septembre 2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes ;
La loi n°062-2015/CNT du 06 septembre 2015 portant pupille de la Nation ;
La loi n°064-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant liberté d’association ;
La loi n°071-2015/CNT du 05 juin 2015 portant modificatif à la Charte de la Transition du 16 novembre 2014 ;
La loi constitutionnelle n°072-2015/CNT du 05 novembre 2015 portant révision de la Constitution ;
La loi n°074-2015/CNT du 06 novembre 2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale ;
La loi n°081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la fonction publique d’Etat ;
La loi organique n°082-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption ;
La résolution n°019-2015/CNT du 30 juin 2015 portant création d’une Commission d’enquête parlementaire sur la fraude fiscale, l’impunité fiscale, les restes à recouvrer des régies de recettes ainsi que les chèques revenus impayés du Trésor sur les années 2012, 2013, et 2014 ;
Les résolutions n° 021, 022, 023, 024, 025, 026, 027,028-2015/CNT du 16 juillet 2015 portant mise en accusation devant la Haute Cour de justice des ex-ministres du gouvernement de Monsieur Tiao Beyon Luc Adolphe ;
La résolution n° 029-2015/CNT du 16 juillet 2015 portant mise en accusation devant la Haute Cour de Justice de Monsieur TIAO Beyon Luc Adolphe, ex-Premier ministre, et des ex-ministres de son gouvernement ;
La résolution n° 030-2015/CNT du 16 juillet 2015 portant mise en accusation devant la Haute Cour de justice de Monsieur Compaoré Blaise, ex-chef de l’Etat, ex-président du Faso ;
La résolution n°032-2015/CNT du 17 juillet 2015 portant mise en accusation devant la Haute Cour de justice de Monsieur Bembamba Noël Marie Lucien, ex-ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de Monsieur Tiao Beyon Luc Adolphe ;
La résolution n°033-2015 du 12 décembre 2015 portant mise en accusation devant la Haute Cour de justice de Monsieur Paré Sidi, ex-ministre délégué à la Sécurité du gouvernement de la Transition.o