Qu’est-ce que la technologie «Autocuiseur métallique à double isolation thermique» ?
C’est une version améliorée du « bitatoré panier » qui, comme son nom l’indique en mooré, est un dispositif qui permet de cuire seul (c’est-à-dire sans aucune source d’énergie) un certain nombre de repas. Cela suppose que le repas ait été préalablement précuit avec n’importe quelle source d’énergie (bois, charbon de bois, gaz butane, etc.), puis transféré dans l’équipement pour la poursuite de la cuisson. Comme la cuisson (avec une source d’énergie) est seulement restreinte sur la phase de précuisson, il en résulte des économies d’énergie et un certain nombre d’avantages (gain en temps, réduction de la pénibilité du travail, amélioration de la santé des utilisateurs, etc.).
Qu’est-ce qui distingue cette technologie des autres existantes dans le domaine ?
Le modèle le plus connu du bitatoré au Burkina Fao est le modèle panier, qui est surtout destiné aux ménages. Il accepte des marmites de taille 5 et inférieures. Le modèle métallique a surtout été développé pour les restaurants. C’est pourquoi, il accepte des marmites de taille plus importante, notamment, les marmites de tailles n°10 ou inférieures. L’autre innovation apportée au modèle métallique est l’amélioration de l’isolation thermique qui est en bicouche composite, tandis que dans le modèle panier, l’isolation thermique est en monocouche. Cette innovation rend ce modèle plus performant par rapport au modèle panier, car c’est l’isolation qui est le cœur du système. Enfin, dans le modèle métallique, un système de mobilité a été rajouté pour faciliter le déplacement de l’équipement d’un point à un autre.
Quels types de mets l’équipement peut-il terminer la cuisson?
L’équipement a été testé avec succès sur 6 types de mets, à savoir les pâtes alimentaires, le riz gras, le riz blanc, le ragout de tubercules, le couscous et le niébé.
En utilisant un protocole de cuisson optimisé, l’énergie de cuisson sur l’ensemble de ces mets est de l’ordre de 40%.
En plus de la cuisson des repas, il faut noter que cette technologie peut également conserver le froid comme le chaud. Concernant le chaud, la durée de conservation est d’environ 60h, soit pratiquement 2 jours et demi. Pour le froid, le taux de conservation de la glace est d’environ 50% au bout de 4 jours.
Qui sont les potentiels utilisateurs de cet appareil et comment peuvent-ils se le procurer ?
Cette technologie cible essentiellement les restaurants, quel que soit leur standing (hôtels, bar-restaurants, gargotes, kiosques, restaurants de rue, etc.). Toutefois, il n’est pas exclu que les ménages puissent l’utiliser. Du reste, il y a déjà une forte demande dans ce sens. Nous sommes d’ailleurs en train de voir dans quelle mesure nous pouvons réaliser des modèles plus réduits adaptés aux ménages.
Qui sont les inventeurs de cet équipement?
Cette technique de cuisson n’est pas nouvelle. Elle est plus que millénaire : les Juifs l’utilisaient déjà à l’époque pour préparer le hamin avant le chabbat, accommodant ainsi l’interdiction de cuisiner et la consommation d’un repas chaud. Au Burkina Faso, c’est dans les années 80 que cette technique de cuisson a été introduite par le biais de la Coopération technique allemande, la GTZ. Les travaux de recherche menés à l’époque ont permis de développer plusieurs modèles. De ces modèles, seule la version panier a connu le plus de succès jusqu’à nos jours. Le travail que nous avons fait a consisté essentiellement à améliorer le modèle panier. Donc, je peux simplement dire que nous sommes des innovateurs plutôt que des inventeurs.
Quelles sont les retombées attendues ?
Les avantages et impacts occasionnés par l’utilisation de cette technologie sont multiples. Au niveau des utilisateurs (ménages, restaurants), majoritairement des femmes, elle entraine la baisse des dépenses liées au poste «énergie»; ce qui améliore le panier de la ménagère et accroît la rentabilité des restaurants ; la réduction de la charge de travail des femmes, car celles-ci disposent de plus de temps pour vaquer à d’autres occupations dès l’introduction de la marmite dans l’autocuiseur ; la conservation du froid, donc des produits alimentaires périssables ; l’amélioration de la santé des femmes, car celles-ci ne sont plus exposées aux fumées et aux fortes températures dès l’introduction de la marmite dans l’autocuiseur ; une meilleure flexibilité de travail, car avec l’autocuiseur, la cuisine peut commencer à n’importe quel moment de la journée : très utile pour les femmes qui travaillent, pour ceux qui jeûnent, etc.
Au niveau du pays, l’autocuiseur favorise une meilleure préservation des ressources forestières avec un impact positif sur la mitigation des changements climatiques et la vulnérabilité des populations au niveau local ; une maîtrise de la facture énergétique du pays avec des réductions nettes sur la consommation en gaz butane ; le développement du secteur de la restauration et des filières liées à celui-ci (fruits et légumes, bétail-viande, volaille locale, céréales, etc.), ce qui est favorable à l’économie nationale et occasionne la baisse de l’empreinte carbone du secteur de la restauration, également favorable à la baisse de la pollution, à travers les fumées de combustion du bois.
En termes de protection, l’appareil bénéficie-t-il d’un enregistrement à l’OAPI ?
L’autocuiseur métallique mobile à double isolation thermique est enregistré au niveau de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), sous le numéro N°19884 du 23/06/2021. Le processus a été entièrement géré par le CNRST à travers la Délégation générale adjointe chargée de la valorisation (DGA-V). Dans un premier temps, nous avons rédigé le mémoire descriptif de l’invention avec l’appui du CNPI, puis la demande de dépôt de brevet a été effectuée auprès de l’OAPI via le CNPI.
A quand peut-on s’attendre à une production à grande échelle de cet autocuiseur ?
Pour une production à grande échelle, il faut que des investisseurs s’impliquent et s’approprient cette technologie. En tant que chercheurs, notre travail s’arrête dès l’obtention du brevet. Nous sommes prêts à céder la licence d’exploitation à un tiers pour une production à grande échelle. Je vous demande d’être notre relais afin que cette cause soit entendue. Il est impératif que nous passions de l’étape de recherche à l’étape de valorisation.
Martin SAMA
La technologie est disponible à l’IRSAT, Zone
industrielle Kossodo, Tél : 25357029, 71258921,
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