Le gouvernement a autorisé l’extension du Programme d’urgence pour le Sahel (PUS-BF) à 77 nouvelles Communes sur la période 2019-2021. Cette autorisation est intervenue le 19 juin 2019, au cours de l’hebdomadaire Conseil des ministres.
Au départ, le PUS avait un budget total de 455,34 milliards FCFA. Mis en œuvre sur la période 2017-2020 dans les régions du Nord et du Sahel, les premières à être touchées par le terrorisme, il devrait contribuer à la réalisation d’infrastructures socioéconomiques, à améliorer la gouvernance locale et administrative, à la sécurité et à la défense publique. Le PUS prévoyait un volet gestion du programme et appui institutionnel.
La stratégie d’extension décidée par le gouvernement le 19 juin 2019 rallonge non seulement sa durée de mise en œuvre de 2020 à 2021, mais aussi augmente le nombre de Communes bénéficiaires. Elles sont 77 nouvelles Communes, situées dans des régions autres que celles du Sahel et du Nord où le PUS sera mis en œuvre. Il s’agit des Communes des régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord, du Centre-Est et de l’Est. Ce qui porte le total des Communes concernées par le PUS à 106.
Cette extension a été proposée par plusieurs acteurs, dont les députés de l’Assemblée nationale. Le gouvernement a adhéré à ces propositions en prenant en compte les Communes des régions touchées par le terrorisme violent.
Mais on constate qu’au moment de l’annonce de cette extension du PUS aux Communes touchées par le terrorisme, des populations fuient ces Communes, notamment celles du Sahel, pour se réfugier dans les quartiers périphériques de Ouagadougou. Des familles entières sont venues des Communes comme Arbinda pour s’établir dans l’arrondissement 9 de Ouagadougou.
Pourtant, le bilan de la mise en œuvre de la première année, c’est-à-dire 2017, fait ressortir 202 marchés exécutés dans les domaines socioéconomiques et de la sécurité, pour un montant de 81,299 milliards FCFA.
Dans son discours sur la situation de la Nation devant l’Assemblée nationale le 16 mai 2019, le Premier ministre, Christophe Dabiré, a fait le bilan de la mise en œuvre du PUS en 2018 : «A travers le Programme d’urgence pour le Sahel, 154 projets d’investissement d’un montant de 111 milliards F CFA ont été exécutés pour la plupart entièrement en 2018».
Ainsi donc, malgré la mise en œuvre du PUS depuis 2017, le terrorisme prend de l’ampleur au Sahel et au Nord et empêche les populations de bénéficier de ses retombées.
Quel est donc l’impact réel du PUS depuis sa mise en œuvre et quel résultat attendu de cette extension ?
Au sortir du Conseil des ministres du 19 juin 2019, le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, a déclaré que le PUS avait pour objectif de poser les bases de la résilience des populations et des territoires, renforcer la présence de l’Etat, optimiser la gestion des urgences sociales et répondre aux défis sécuritaires.
Comme on le constate, le défi sécuritaire reste au cœur de cet ambitieux programme qui est soutenu par plusieurs partenaires du Burkina Faso.
En effet, à la faveur de la conférence internationale sur la mise en œuvre du Programme national de développement économique et social (PNDES) tenue les 9 et 10 juillet 2018 à Ouagadougou, des partenaires techniques et financiers ont manifesté leurs intentions et d’autres ont renouvelé leurs engagements pour le financement du PUS.
Le PNUD, la Belgique, la France, le Danemark, le Luxembourg, la Suède, la Suisse, la Banque mondiale, la CEDEAO, le FIDA, la BAD, la BOAD, l’Union européenne, l’Allemagne, l’Autriche, le Canada, les Etats-Unis d’Amérique se sont engagés à financer 46% du budget du PUS qui se chiffre à 455,34 milliards FCFA. A l’occasion, l’Etat burkinabè a annoncé le déblocage de la somme de 88 milliards FCFA en 2017, à travers des ressources propres.
Ses bénéficiaires réels sont les jeunes, les adolescents et les femmes des Communes impactées afin de les éloigner des groupes terroristes, les Forces de défense et de sécurité (FDS) pour qu’elles luttent mieux contre le phénomène, et les chefs de circonscriptions administratives locales pour qu’ils améliorent la gouvernance locale.
En plus du PUS, la région du Sahel est concernée par le Programme d’appui au développement local (PADEL). D’un coût de 396,12 milliards FCFA sur la période 2017-2020, cet autre programme est accompagné par de nombreux partenaires du Burkina. Actuellement, outre la région du Sahel, le PADEL tend à couvrir les autres régions du pays. Les bénéficiaires du PADEL sont les collectivités territoriales, les petites entreprises, les jeunes, les femmes. Cette pluie de milliards devait contribuer à résorber la recrudescence de l’insécurité dans les régions du Sahel et du Nord.
La mise en œuvre de ces programmes doit donc être revue pour que ces investissements qui s’inscrivent dans le cadre du PNDES servent aux bénéficiaires réels confrontés aux affres du terrorisme.
Elie KABORE