HISTOIRE des pays s’écrit à coups d’évènements extraor- dinaires, d’empreintes de grands hommes bons ou mauvais et fixée par des repères que sont les dates de commémoration. En principe, le 30 mars prochain, nombreux sont ceux qui se rappelleront les promesses de la célébration de la journée de pardon. A coups de millions, pour soigner les blessures du pouvoir Compaoré pris dans ses contradic- tions, l’on avait organisé ce grand show qui devait servir de catharsis nationale afin de laver toutes les exactions que des Burkinabè ont subies de 1960 à 2002. Un blanchi- ment des crimes de sang, surtout au nom de l’Etat. Ses initiateurs avaient royalement contourné les cases vérité et justice. A l’évidence, ce stratagème n’a pas servi. A tout le moins, elle a permis au pou- voir d’alors de gagner du temps, quelques années, de 2001 à 2014, le temps de 2 mandats présidentiels. L’insurrection de 2014 puis la Transition qui a suivi ont effacé cette commémoration des fêtes lé- gales du Burkina. Désormais, c’est la journée du 31 octobre de chaque année qui est consacrée journée d’hommage aux martyrs des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch du 16 septembre 2015.
Et depuis, la Justice a la lourde charge de faire la lumière sur les crimes emblématiques du régime Compaoré, notamment ceux du Président Sankara et de Norbert Zongo ainsi que de leurs compa- gnons. C’est le chemin que nous nous sommes choisi pour aller à la réconciliation nationale: la vérité par la justice. Mais qu’est-ce que ça prend du temps.
Abdoulaye TAO