Yirgou. Centre-Nord du Burkina Faso. Plus d’une cinquantaine de morts. Un assassinat ciblé contre le chef de la localité par des présumés terroristes. Un groupe d’autodéfense prend les auteurs en chasse. La mission dégénère. Et voilà le pays de plonger dans l’une des plus graves crises communautaires de son histoire. Il faut vite recoller les morceaux afin d’éviter que se répande sur l’ensemble du territoire national, le venin du repli identitaire, du communautarisme ou de l’ostracisation de l’autre.
La colère légitime des parents des victimes et le choc que ce drame suscite encore au sein de l’opinion ne doivent pas donner lieu à ces débordements langagiers. C’est faire le jeu des terroristes qui ont intelligemment allumé le feu de la division en espérant qu’il embrase toutes les communautés. Lucides, nous devrons le rester face à cette épreuve. Courageux, pour trouver les solutions durables à ces menaces qui pèsent sur la cohésion nationale. Yirgou n’est peut-être qu’un germe, il a besoin d’être traité avec toute la rigueur nécessaire pour qu’au-delà de l’acte terroriste, les responsabilités soient clairement situées sur ce qui s’est passé et qu’ensemble, le pays en tire toutes les conséquences de droit. Les Burkinabè ont une belle occasion, en cette période difficile, de faire la preuve que la cohabitation pacifique entre les communautés ethniques depuis des centenaires n’est pas un leurre et que ces liens historiques, sociologiques et culturels ne vont pas se diluer face à cette nouvelle adversité qui menace jusqu’au fondement du Faso: le terrorisme. Il ne faut donc pas se tromper d’adversaire, même si celui-ci est insaisissable pour l’instant.
Abdoulaye TAO