24.392 réfugiés Maliens, 406 réfugiés non Maliens et 44 demandeurs d’asile. Ce sont les statistiques qui émanent du dernier rapport global de l’UNHCR, paru le 14 juillet 2018.
Ces chiffres démontrent, s’il le faut encore, que le Burkina Faso est non seulement un pays de transit, mais aussi d’accueil. En plus des réfugiés venant du Mali, le Burkina Faso accueille des Centrafricains (181), des Tchadiens (49), des Congolais du RDC (21), des Burundais (19), des Congolais du Congo-Brazza (18), des Rwandais (10), des Togolais (5),… La plupart de ces réfugiés et demandeurs d’asile arrivant au Burkina Faso ont fui ou fuient toujours la guerre, la violence et les persécutions dans leurs pays.
Ce qui explique des pays d’origine comme la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, etc. En conséquence, le flux de réfugiés et de demandeurs d’asile ne cesse d’augmenter. En 2017, ils étaient 398 réfugiés d’autres nationalités, notamment des Tchadiens, des Burundais, des Centrafricains, des Camerounais, des Congolais, des Ivoiriens, des Rwandais, des Pakistanais, des Syriens, des Togolais et des Turcs. Les violences communautaires de ces dernières semaines dans la région de Mopti au centre du Mali ont poussé près de 3.000 personnes à se réfugier au Burkina, depuis le mois de février 2018. A ces 3.000 réfugiés venus du Mali entre la mi-février et début d’avril 2018, s’ajoutent un peu plus de 20.000 autres qui, depuis le début de la crise malienne en 2012, s’étaient déjà installés au Burkina Faso. Une intensification des déplacements qui entrait une augmentation des besoins humanitaires. Parmi ces réfugiés Maliens, 14.000 sont des enfants ; dont 2.245 scolarisés, soit 17 au préscolaire, 1.976 au primaire, 207 au secondaire, 12 au secondaire et 33 à l’informel (chiffres HCR 2017).
Pour le cas des réfugiés et demandeurs d’asiles non Maliens, sur les 406 répertoriés au 31 juin par le HCR, 122 ont entre 0 et 17 ans. La crise en République démocratique du Congo (RDC) était particulièrement préoccupante, la recrudescence des troubles ayant déclenché des déplacements d’une ampleur extraordinaire. En République centrafricaine, comme au Soudan du Sud, les conflits sont entrés dans leur cinquième année ; alors que le Cameroun, le Mali et les régions frontalières du Niger et du Burkina Faso étaient en proie à des combats, contraignant encore plus de personnes à quitter leurs foyers. La situation au Burundi est restée instable, les exodes vers le Rwanda et la République-Unie de Tanzanie se sont donc poursuivis. La protection des réfugiés et des demandeurs d’asile au sein des mouvements mixtes et la recherche de solutions à leur situation figuraient au premier plan des priorités. Et pour cause : l’Afrique accueille toujours le plus grand nombre de personnes déplacées au monde. Selon le HCR, en 2017, près de 24,2 millions de personnes avaient été forcées de fuir non seulement en raison de conflits, de persécutions, d’autres atteintes aux droits de l’homme, mais aussi de l’insécurité alimentaire.
La situation dans quelques pays africains
En fin 2017, les statistiques du HCR font cas d’environ 38.000 déplacés internes au Mali et plus de 130.000 Maliens réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.
«La situation sécuritaire instable observée dans le Nord et dans le Centre du Mali, ainsi que l’insécurité qui troublait les régions frontalières ont incité les pays voisins à introduire des mesures de sécurité supplémentaires».
Plus de 60.000 réfugiés Maliens ont regagné leur pays en 2017. Le HCR a intensifié ses efforts pour assurer la pérennité de ces retours spontanés.
Pour le cas du Nigeria, 5 ans après le début de la crise dans le Nord-Est du pays, 218.000 Nigérians étaient réfugiés au Cameroun, au Niger et au Tchad. Le conflit a également entraîné le
déplacement interne de plus de 2,4 millions de personnes, principalement au Nigeria, mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad.
Le conflit intercommunautaire dans la région du Kasaï a déplacé des milliers de personnes en RDC et entraîné un afflux de réfugiés en Angola. Le HCR a, en conséquence, lancé un appel supplémentaire à la mobilisation de 102 millions de Dollars en juin 2017 pour intensifier sa réponse à ce phénomène pour l’année. Une forte dégradation de la situation dans les provinces du Kasaï, du Sud-Kivu et du Tanganyika a conduit le Comité permanent interorganisation à déclarer l’état d’urgence de niveau 3 à l’échelle du système, en octobre 2017. En fin 2017, il y avait environ 4,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, au nombre desquelles 1,9 million de personnes déplacées uniquement en 2017, et plus de 685.000 réfugiés Congolais — en majorité des femmes et des enfants — en quête de protection dans les pays voisins.
L’Ouganda et la Zambie ont enregistré respectivement quelque 47.000 et 17.000 nouvelles arrivées en 2017. Le HCR a accru sa présence en RDC et dans les pays voisins, en se concentrant sur la protection et sur l’aide vitale.
Urgence en Centrafrique
En Centrafrique, en 2017, plus de 47.000 Centrafricains ont regagné volontairement leur pays, mais la situation sécuritaire désastreuse a aussi généré le nombre de déplacements le plus élevé observé depuis l’intensification de la crise en 2013. Les violents affrontements entre les groupes armés et les tensions intercommunautaires ont fortement augmenté à partir de mai 2017 ; le conflit se propageant aux régions jusqu’alors épargnées. Il y avait 546.000 réfugiés Centrafricains et plus de 688.000 déplacés internes en la fin d’année 2017. Parmi ceux-ci, quelque 180.000 personnes avaient été déplacées en 2017. Près d’une famille sur quatre avait été obligée de fuir son foyer.
Dans le Nord-Ouest du pays, une flambée de violences a déclenché un afflux par vagues de réfugiés au Cameroun, en RDC et au Tchad ; et des travailleurs humanitaires et les Casques bleus ont été pris pour cibles par des groupes armés. La situation d’urgence centrafricaine était l’une des plus sous-financées au monde en 2017, et le manque de ressources a limité la capacité du HCR à fournir une protection, des vivres et des abris aux personnes relevant de sa compétence.
Réfugiés: plus de 71 millions de personnes à travers le monde
En fin 2017, quelque 71,4 millions de personnes — demandeurs d’asile, réfugiés, rapatriés, déplacés internes et apatrides — relevaient de la compétence du HCR dans le monde. Des millions de personnes avaient été déplacées au cours de l’année, fuyant la guerre, la violence et les persécutions dans différents pays, dont la République centrafricaine, la République démocratique du Congo (RDC), l’Iraq, le Myanmar, le Soudan du Sud et la République arabe syrienne (Syrie). En conséquence, le HCR a été appelé à répondre à une série de crises de déplacements, nouvelles ou récurrentes, ou qui s’aggravaient, et qui pour certaines personnes prenaient de nouvelles et difficiles directions. Près des deux tiers de ces demandeurs d’asile, réfugiés, rapatriés, déplacés internes et apatrides sont restés déplacés à l’intérieur de leurs propres pays ; souvent sans la possibilité de se mettre en sécurité à l’étranger, parce que les frontières se fermaient et que les politiques restrictives d’admission étaient devenues la norme. Dans le même temps, les crises prolongées restaient profondément ancrées.
Le nombre de personnes fuyant leurs foyers a fortement augmenté, et leurs besoins étaient importants et généralisés. Mais, il y a cependant eu des moments d’espoir. Plusieurs pays africains tournés vers l’avenir ont adopté le Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF). Le plaidoyer du HCR a permis de faire progresser des réformes législatives essentielles pour résoudre les situations d’apatridie et pour faciliter l’inclusion des réfugiés au sein des plans et systèmes nationaux dans des domaines comme l’éducation, la santé et l’accès à l’emploi. Le HCR a facilité les rapatriements volontaires en Somalie depuis Djibouti, le Kenya et le Yémen, ainsi qu’en Côte d’Ivoire depuis le Liberia.
2,925 milliards de Dollars pour l’Afrique
C’est le budget final injecté par le HCR en Afrique. Selon le rapport publié en juillet 2018 sur la situation des réfugiés dans le monde, il s’agit du budget le plus élevé jamais établi pour l’Afrique. Notons que le budget révisé et approuvé par le comité exécutif s’élevait à 2,336 milliards de Dollars. Il y a eu donc une augmentation de 25% (589 millions de Dollars) du montant alloué au continent. Une hausse due, selon les responsables du HCR, à des afflux massifs et imprévus de Sud-Soudanais dans les pays voisins, en particulier en Ouganda, ainsi qu’à de nouveaux afflux de Congolais en Angola et en Zambie et à des besoins supplémentaires pour les Somaliens, les Nigérians et les Burundais.
NK