On peut tout dire du Burkina Faso, sauf qu’il s’ennuie ! Bien au contraire, c’est un pays plutôt pressé. Pressé d’en découdre avec ses problèmes de développement. Mais ses dirigeants et ses populations n’arrivent pas à s’accorder sur les stratégies à mettre en œuvre, surtout le tempo, pour y arriver. Et quand la politique politicienne s’en mêle, alors cela donne le cocktail de tensions sociales actuelles.
La polémique sur l’installation prochaine de l’usine du géant turc AykaTextile à Ouagadougou en est la parfaite illustration. Alors que le gouvernement se frottait les mains d’être en voie de finaliser l’installation d’une filature à Ouagadougou et s’attendait à tout le moins à des félicitations, tel n’a pas été le cas. Au contraire, le fait que l’investisseur ait choisi la capitale pour implanter son usine a soulevé une bronca dans la ville de Koudougou; la ville de Faso-Fani, siège de la première usine textile morte et enterrée après une longue crise entre la société et ses travailleurs. Cette levée de boucliers vise le président du Faso. La faute à une promesse de campagne tenue le 12 novembre 2015 à la place de la Nation de Koudougou. Ce jour-là, il avait pris l’engagement de faire redémarrer l’unité textile koudougoulaise, une fois à Kosyam (voir encadré). Deux années sont passées ; une troisième commence ; sans que cette promesse électorale ne connaisse un début de mise en œuvre. C’est dans ce contexte que l’annonce de l’implantation de la future usine dans la capitale a été faite. Pourquoi Ouagadougou et pas Koudougou, s’interroge-t-on du côté de la «Cité du cavalier rouge».
Pourquoi Ouagadougou et non Bobo-Dioulasso, bastion de la zone cotonnière de l’Ouest, conteste-t-on depuis l’Ouest.
L’enjeu pour ces deux régions est énorme. L’usine dont il est question nécessitera plus de 200 milliards de FCFA d’investissement et créera pas moins de 10.000 emplois. C’est un projet qui peut changer la physionomie de la région qui l’abritera. Jadis connues pour leurs grandes activités industrielles, ces deux régions «contestataires» se sont désindustrialisées ces trois dernières décennies; et rien ne semble pouvoir arrêter cette hémorragie. Pourtant, la transformation des produits locaux est l’un des piliers du programme présidentiel.
Le choix du lieu de l’implantation des usines est donc une question pertinente et appelle une réponse claire de l’autorité pour dissiper tous les amalgames naissants dans cette affaire.L’investisseur Ayka Textile; et c’est son droit; a décidé de s’installer à Ouaga, alors que ses prospections ont débuté du côté de Bobo-Dioulasso. Pourquoi a-t-il préféré la capitale à la ville de Sya? Lui seul peut répondre à cette question sur la base des études de faisabilité et des avantages comparatifs offerts par chaque site. Tout dépend également des garanties que l’investisseur a exigées et obtenues de l’exécutif. Le ministère du Commerce, dans un communiqué, a tenté de calmer la tension. Insuffisant ! La reponse est politique et doit venir de très haut, pour éclairer la lanterne de tous sur la stratégie du gouvernement en matière d’industrialisation ; et surtout de développement de l’industrie textile. Des investisseurs sont actuellement en prospection dans le segment du textile. Mais, leurs projets ne sont pas encore matures pour en parler, apprend-on. D’après nos informations, un investisseur s’est déjà positionné sur la ville de Koudougou. Il est donc possible que les choses bougent dans les semaines ou les mois à venir dans le sens attendu par les populations de Koudougou. D’autres filateurs sont toujours en lice. Il faudra donc être patient. En attendant, il faut que les autorités s’expliquent sur cette promesse électorale non encore tenue pour Koudougou, et sur l’agenda en cours. C’est juste une question d’information. Et pour Bobo- Dioulasso, le plan de maintien des industries existantes, à défaut de pouvoir en attirer de nouvelles, doit être connu et diligemment mis en œuvre.
FW
Les promesses à Koudougou
Pendant la campagne électorale, Roch Marc Christian Kaboré a animé un meeting le jeudi 12 novembre 2015 à la place de la Nation de Koudougou. Voici quelques engagements pris devant les électeurs de la ville lors de ce meeting.Roch Marc Christian Kaboré a promis un certain nombre de réalisations au profit de la province du Boulkiemdé :
L’amélioration de tous les plateaux techniques au niveau de la santé
La transformation du Centre hospitalier régional (CHR) de Koudougou en Centre hospitalier universitaire (CHU)
La dotation de toutes les communes d’ambulances et la réouverture effective de l’usine Faso-Fani
La mécanisation de l’agriculture et la baisse du coût des engrais.
Pour les jeunes diplômés sans emploi, il prévoit: le recrutement de tous les titulaires de la maîtrise et autres diplômes pour l’enseignement primaire et secondaire.
Source : Sidwaya/http://www.sidwaya.bf/m-8720-
roch-marc-christian-envisage-la-reouverture-de-l-usine-faso-fani