Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Petit à petit également, le Faso Dan Fani fait son bonhomme de chemin dans les habitudes vestimentaires des Burkinabè. On le doit aux précurseurs de la révolution d’août 1983. Ce ne fut certes pas un succès en son temps. La faute à l’obligation qui était accolée au port de cette tenue traditionnelle. La contrainte avait fini par créer un sentiment de rejet. Et l’opération ne fit pas mouche.
Sous le régime Compaoré, il n’y a pas eu vraiment de mot d’ordre, mais les autorités s’affichaient volontiers en tenue traditionnelle. Cette méthode a été plus productive avec la naissance des premiers grands défilés de mode où les couturiers burkinabè ont vulgarisé le Faso Dan Fani. La transition et le pouvoir actuel, sur le terreau de leurs prédécesseurs, ont amplifié le port du Faso Dan fani qui est en train de devenir une mode avec des retombées économiques sous-jacentes.
Le Faso Dan Fani se répand plus rapidement, et business et patriotisme se côtoient allégrement à travers le slogan «Consommons burkinabè», au grand bonheur des producteurs de coton, des fileuses, des couturiers et bien entendu des consommateurs.
Cependant, il faut continuer l’œuvre de vulgarisation et de promotion du Faso Dan Fani. C’est pour cela qu’il faut saluer l’institutionnalisation de la journée de la tenue traditionnelle à l’école. Celle-ci est en train de faire place progressivement à un port hebdomadaire et, pourquoi pas, à un port permanent du tissu. C’est un défi à relever pas seulement par les ministères en charges des Enseignements, mais par tous les acteurs de notre économie. Des écoles comme Bélemtiissé ont montré que cela est du domaine du possible, et le salon international du textile africain qui se tient en novembre à Ouagadougou a décidé de consacrer le thème de son forum à cette problématique. L’horizon est donc dégagé.
Abdoulaye TAO