L’une des grosses attentes vis-à-vis des opérateurs de télécoms porte sur la qualité de la connectivité à travers les réseaux, une fois la question des coûts éludée. Qualité au niveau des voix (appels), mais aussi en matière de connexion à internet. C’est surtout sur le segment de la connexion à l’internet que la situation est très inconfortable pour les usagers des services de télécoms.
Le Burkina a un sérieux problème de capacité à ce niveau. Ce que reconnaissent d’ailleurs les autorités en charge du secteur. «Pour tout le Burkina Faso, nous avons aujourd’hui une capacité maximale d’environ 18 gigabits», a indiqué Hadja Fatimata Ouattara/Sanon, la ministre du Développement, de l’Economie numérique et des Postes, aux hommes d’affaires à la 15e Rencontre gouvernement/secteur privé, lorsqu’elle avait été interpellée sur les difficultés de connexion à l’internet au Burkina.
Lesquelles difficultés portent préjudice aux affaires. En établissant la comparaison avec les pays voisins, la ministre a donné un aperçu de la situation au Ghana. Dans ce pays, l’administration, à elle seule, a une capacité d’environ 2.500 gigabits au moment où l’administration burkinabè ne présente qu’une capacité d’environ 150 mégas. C’est-à-dire 0,15 gigabit.
Le retard du Burkina est énorme
Selon la ministre, la capacité totale actuelle de 18 gigabits est apportée uniquement par les opérateurs privés de télécoms. Ce qui fait que la connectivité est encore très chère et l’offre de la connectivité extrêmement faible.
Parmi ces opérateurs privés, l’Onatel revendique aujourd’hui 13,1 gigabits, au niveau de sa bande passante internationale.
Les défis qui se présentent au Burkina au niveau de la connectivité aux réseaux et particulièrement à l’internet, c’est non seulement l’augmentation de la capacité, mais aussi l’élargissement de la couverture. C’est dans sens que des projets ont été initiés par le gouvernement, mais aussi par les opérateurs privés de télécoms qui se livrent aujourd’hui à une concurrence acharnée. L’amélioration de la couverture passe par la construction des réseaux de fibres optiques et par d’autres technologies basées sur le numérique.
Au niveau de l’Onatel, le projet de construction d’un réseau de fibres optiques est en cours depuis 2003. Il atteint à ce jour 1.500 km en interurbain et 150 km en urbain (Ouaga et Bobo). L’opérateur poursuit son ambition de réaliser de nouvelles liaisons 2.200 km en interurbain et 425 km en urbain sur l’ensemble du pays d’ici à 2019. Outre l’Onatel, l’opérateur Orange s’active aujourd’hui en matière de construction de réseau de fibres optiques. Le 16 mai dernier, Orange a inauguré ses premières liaisons en fibres pour la ville de Ouagadougou. D’une longueur de 139 km, le réseau, parti de la frontière du Ghana, fournit l’internet «haut débit» aux 12 arrondissements de la ville.
Dans la foulée, Orange a lancé les travaux de construction de la fibre optique de 580 km entre Ouagadougou et la frontière ivoirienne, en passant par Bobo-Dioulasso. Les projets de fibres optiques constituent un autre front où se jouent aujourd’hui la concurrence entre l’Onatel et Orange. Qui fera mieux pour donner satisfaction à la clientèle? Tel est l’enjeu. Au bout de leurs projets de fibres optiques, l’Onatel et Orange promettent une amélioration de la qualité et de la couverture internet. C’est un espoir pour le consommateur qui en exprime un réel besoin.
Karim GADIAGA
Le gouvernement s’implique également
La capacité d’internet offerte actuellement par le privé est faible et insuffisante. Pour tenter d’améliorer la situation, l’Etat s’est impliqué dans le service. La ministre chargée de l’Economie numérique a récemment donné des informations sur le projet de l’Etat. «Les câbles sous-marins qui apportent la connectivité arrivent au niveau des côtes. Des pays comme le Burkina, enclavés, doivent investir davantage pour arriver à faire la jonction à partir des côtes», a indiqué la ministre.
«Le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers sont en train d’investir dans un projet du point d’atterrissement virtuel qui va amener la connectivité virtuellement directement dans notre pays. Cela va améliorer nos capacités et permettre de baisser le coût de la connexion internet». «Avant la fin de l’année, le Burkina va passer d’environ 18 gigabits à plus de 30 gigabits», a-t-elle annoncé.